Le président de l’Union des anciens de la Fesci, DR. Ahipeaud Martial par ailleurs tout 1er secrétaire général national de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (Fesci), dans cet entretien, fait un tour d’horizon de l’actualité politique ivoirienne. Sans oublier ses rapports avec ses anciens du syndicat estudiantin et scolaire.
Six mois après votre élection à la tête de l’Unafesci, quel bilan ?
Disons qu’avant même la formalisation de l’organisation, on a beaucoup travaillé dans le social, notamment les secours portés aux uns et aux autres lors des différentes situations de santé, de funérailles. Nous avons aussi contribué à dépassionner les rapports entre les différents leaders politiques au sein déjà de la Fesci, et entre la Fesci et les autres composantes de la société. Notamment avec nos anciens camarades du Meeci. Et nous avons également contribué à l’identification de notre base de données. À ce jour, on peut vous dire, d’un point de vue des secteurs d’activité, que les fescistes sont présents dans tous les secteurs d’activité tant publique que privé. Au niveau géographique, on a aussi vu et constaté la présence des fescistes sur toute l’étendue du territoire.
On a une très grosse diaspora qui est en train de se structurer. En un mot, on se rend compte que notre union devient potentiellement une des premières forces de la société civile lorsqu’elle atteindra son étape restructuration multiple.
Certains de vos anciens camarades de la Fesci pensent que vous avez créé l’Unafesci pour avoir un « tabouret » ou « manger ». Que répondez-vous à ces derniers ?
La mentalité du coupeur de tête ne peut pas être enlevée à chacun d’entre nous. C’est-à-dire quand on voit l’autre on se projette par rapport à soi-même. Comme nous ne sommes pas dans cette dynamique donc on ne peut pas se reconnaître dans ces propos. Ce qui est sûr, un des résultats concrets que nous avons eu il n’y a même pas dix jours, c’est que par notre travail de lobbying et d’explication méthodologique et académique, un de nos camarades malade, a bénéficié d’une prise en charge de la présidence de la République pour ses soins. Notre objectif fondamental, c’est de faire en sorte que là où on peut apporter du soutien on puisse le faire. Maintenant en ce qui concerne les commentaires, c’est libre. Chacun peut faire ses commentaires. Le résultat que nous recherchons, c’est qu’au terme de notre mandature, l’Unafesci soit une réalité sociale dans ce pays. C’est à dire que notre présence soit sentie et vécue. Que ce que nous n’avons pas pu faire dans le cas des camarades qui sont décédés dans des conditions difficiles, nous puissions dans la mesure du possible l’éviter. Et puis voir comment les fescistes peuvent compter en tant que force sociale, éthique et morale dans ce pays. Voilà les objectifs que nous poursuivons. Maintenant le commentaire des autres, franchement j’ai un travail à faire, j’ai un bilan à présenter au soir de novembre 2021. C’est ce qui est la priorité pour moi.
Unafesci, 2Afesci, Solidarité agissante… Pourquoi tous ces mouvements d’anciens de la Fesci ?
Dans l’Unafesci on a du tout. On a du politique, du non politique. Du culturel, du religieux, on a toutes les composantes. C’est en quelque sorte une faîtière. Je considère que ce qui est prioritaire c’est de faire en sorte que l’essentiel de toute notre base de données se retrouve dans notre organisation pour que s’il y a un débat, une décision elle soit collégiale, démocratique. On n’a pas de problème que des gens créent des structures de façon spécifiques. Mais le plus important c’est que même la plupart de ces camarades ont des membres dans notre direction. Nous nous sommes une faîtière. Nous sommes ce qu’on pourrait définir comme un espace, la Suisse des fescistes. Ici on parle uniquement de l’intérêt des fescistes. On s’en fout de quelle couleur et de quel bord politique tu es. On a même dans la direction les deux tendances du Fpi et ça ne pose aucun problème. Voilà ce qu’on veut donner comme image forte au pays. Pour dire que quelles que soient nos opinions et options, la seule chose qui compte c’est la Fesci. Si on extrapole, la seule chose qui compte pour nous c’est la Côte d’Ivoire. Donc faire en sorte que notre action, notre union renforce les liens entre nous. Et qu’au-delà, la Côte d’Ivoire soit préservée parce que c’est elle notre objet principal. Après qu’est-ce qu’on recherche ? Ça c’est un autre débat. Vous savez chez nous à la Fesci, c’est d’abord le débat. Il ‘n’y a pas de sujets tabous. Si d’aventure certains d’entre nous avaient des ambitions, ils saisiront bien sûr les camarades et le débat aura lieu. Mais je vous dis déjà qu’il y a tellement de chapelles politiques ici qu’il sera difficile d’envoyer ce genre de débat en notre sein,
Quels sont vos rapports avec Soro Guillaume, Blé Goudé, Doumbia Major et Faya ?
Il faut séparer les SG (SecrétaireS Généraux) de ceux qui n’ont pas été SG. On a ce qu’on a appelé le collège des SG. Donc tous les camarades qui ont été des secrétaires généraux de la Fesci sont partie prenante du collège des SG. Ce sont des rapports de camaraderie que nous avons au sein de notre collège. On essaie toujours de faire en sorte qu’il n’y ait pas une rupture de dialogue. Quand Charles Blé Goudé était en prison je suis allé là-bas au nom des camarades. Dans les prochaines semaines dès que j’ai une option j’irai le rencontrer en Europe. On fera le point de la situation et on analysera. Franchement on a des rapports de fraternité entre nous. Maintenant, en ce qui concerne l’autre jeune (Major) personnellement je ne connais pas son agenda. Mais je ne m’inscris pas du tout dans un agenda de guéguerre et de méchanceté des uns envers les autres. Je pense qu’on a suffisamment fait de conneries par le passé et qu’aujourd’hui ce que la Côte d’Ivoire attend de ses enfants et particulièrement des fescistes, c’est de montrer qu’on peut faire autre chose que des palabres. On peut se mettre à la disposition de la nation pour faire des propositions constructives qui nous avancent et non pas se tirer en arrière parce qu’on a déjà fait cela et on a vu le résultat.
Lors du congrès de la 2Afesci-Rhdp, Doumbia Major a indiqué que vous avez tué des étudiants et que sans avoir vidé le contentieux vous vous cachez derrière une carapace appelée Unafesci. Un commentaire ?
Je n’ai pas de commentaire à faire. Je n’ai jamais été appelé d’un nom relatif à la machette. Je sais qu’à un moment donné il y a eu trois guerres liées à la machette. Ce n’était pas notre génération qui était impliquée. On n’était pas acteurs non plus. Peut-être qu’à un certain moment donné on est venu pour régler ce problème. Ça n’a pas trouvé de solutions. Mais je ne crois pas que ce soit la méthode. La méthode aujourd’hui ce n’est pas de soulever les défauts des autres sans s’impliquer soi-même. Comme Lafontaine l’a dit, la charité bien ordonnée commence par soi-même. Et nous qui avons été éduqués à la critique de Gauche, il y a un principe qu’on appelle la critique et autocritique. Moi je préfère, et c’est ce que notre manifeste dit, faire d’abord nous-même notre cri- tique. Ce qu’on a fait de mauvais. Parce qu’on n’a pas fait que de positif. Et puis à partir de là voir si les autres aussi peuvent faire leur cri- tique. C’est ce qui peut faire avancer les blocs. Mais si on considère que c’est l’autre qui est le problème et que c’est l’autre qui a tout fait de mauvais en ce moment on n’est pas dans une disposition de discussion. Parce que la discussion commence par la reconnaissance de ce que soi-même on a fait. Pour nous cette méthode, cette partie de notre action viendra après. C’est inscrit dans notre chronogramme. Dans un premier temps l’idéal se veut l’identification et la structuration. Dans un second temps, il y aura la période d’inquisition de notre propre action. Et la révélation de ce que cela va donner comme résultat. Et enfin qu’est ce qu’il faut faire pour que tout ce qu’il y a eu comme problème soit résolu. Nous sommes dans une démarche méthodologique et académique. Et nous ne pensons pas du tout à l’Unafesci qu’il soit bien de jeter la pierre à l’autre sans faire sa propre autocritique.
Quelle analyse faites-vous aujourd’hui de la situation politique de la Côte d’Ivoire ?
Je suis dans une posture qui ne me permet pas de répondre à cette question. A l’Unafesci, il y a toutes les tendances. Toutes ces tendances s’expriment et gèrent leurs contradictions au sein de leurs propres organisations. Ici nous ne parlons pas de leurs activités en tant que telle. Si vous me posez la question en tant que analyste politique je dirai que oui c’est normal. A l’approche des élections présidentielles tous les groupes ou groupements politiques qui considèrent qu’à un moment ou un autre ils peuvent se mettre ensemble pour pouvoir atteindre leurs objectifs puissent s’organiser dans ce sens. C’est ce qui relève carrément de la démocratie. C’est le jeu démocratique qui est en train de se faire. Ce que nous souhaiterions c’est que les gens clarifient d’une manière ou d’une autre les règles du jeu. Et que celui qui aura le suffrage populaire il puisse l’emporter et que surtout il n’y ait pas de crise post-électorale. Ce que nous entendons de toutes nos rencontres avec nos camarades qui ont été les acteurs principaux de cette crise, c’est qu’ils n’en veulent plus. Donc que les acteurs politiques soient suffisamment responsables de leurs propos, suffisamment conscients des dégâts que cela peut causer.
Qu’est ce que vous pensez du processus de réconciliation nationale engagé par les autorités ivoiriennes ? Et selon vous que faut-il faire pour réconcilier les Ivoiriens ?
Vous voyez ce qui s’est passé à Béoumi nous montre l’étendue de la tâche. Une contradiction entre des acteurs économiques se déporte sur le terrain communautariste et donne des élans de confrontations à base pluriethniques. C’est une alerte précoce à l’endroit des responsables politiques pour leur dire attention la situation n’est pas encore dans le fond réglée. Et il faut prendre toutes les précautions pour éviter de mettre de l’huile sur le feu. Pour qu’éventuellement le pays ne bascule encore dans une autre violence qui se- rait encore dangereuse que la précédente parce que le contexte est différent. Il y a les rancœurs, il y a les armes qui peut être ne sont pas entièrement reprises par les autorités. Pour nous, la réconciliation doit se faire en désarmant nous-même nos rancœurs et allant vers l’autre en posant les problèmes afin de trouver des solutions idoines. Non pas en cherchant à les régler par la force.
Le congrès de la Fesci se tient les 31 mai, 1er et 2 juin. Un mot à vos cadets ?
Ce congrès a lieu après la naissance de l’Unafesci. Et c’est à juste titre ayant sol- licité le ministre de l’Enseignement supérieur Mabri Toikeusse, ce dernier a impliqué l’Unafesci dans l’organisation de ce Congrès en mettant en place un comité de suivi. Depuis quelques semaines, nous travaillons avec Nakata et AFA, le SG sortant, pour faire en sorte qu’en amont les procédures et les manuels de références soient respectés. Pour que le jour du congrès la démocratie triomphe. Puisque la Fesci se vante d’être fille de la démocratie. Donc ce que nous souhaitons c’est que ce congrès soit historique dans le sens où ce sera un premier congrès sans incidents, sans violence. Et je pense que les camarades sont dans cette dynamique pour faire de ce congrès une grande fête.
Un dernier mot
J’ai juste un message à l’endroit de l’ensemble des fescistes. Nous à l’Unafesci on dit simplement que ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous a divisés. Ce que nous devons voir c’est l’intérêt du fesciste et non les intérêts personnels. Nous sommes dans une dynamique générationnelle collective. Nous voulons réapprendre à vivre ensemble, réapprendre à s’appeler comme on l’a été dans le passé. Et puis voir comment à partir de notre action la Côte d’Ivoire sera impactée parce que ce que nous ne voulons plus c’est que le fesciste soit perçue comme l’instrument, le catalyseur de toutes sortes de confrontations sociale. Et que cette image soit transformée par une autre qui verrait le fesciste dans le rôle de quelqu’un qui est la disposition de la République, du peuple de Côte d’Ivoire pour lui faire des propositions qui pourraient bénéficier à l’en- semble du peuple de Côte d’Ivoire. Voilà ce qu’à quoi nous nous attelons au niveau de l’Unafesci. Nous souhaitons que tous les camarades qui ont des appréhensions et qui pensent que nous sommes dans des procédures se rendent compte que nous ne sommes pas dans ça. Nous voulons construire quelque chose parce qu’on est dans la deuxième partie de notre vie et voulons qu’au moment où nous partirons de cette terre, on aura contribué d’une manière ou d’une autre à la transformation positive et qualitative de notre pays. Ce pourquoi la Fesci a été créé depuis 1990. Voilà le message que j’aimerais faire passer à tous nos camarades.
Propos recueillis par Maken Quaney et Silsit
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