Par Connectionivoirienne
Un parti fort engendre forcément des frustrations et cause des problèmes aux autres
Présente à la conférence de presse d’Assoa Adou, connectionivoirienne a interrogé la députée d’Akoupé, membre du groupe parlementaire Vox Populi, sur le sujet de la réconciliation prônée par le Fpi tendance Gbagbo. Elle en donne son point de vue sans faux-fuyant.
Mme le député, vous êtes membre du groupe Vox Populi, un groupe indépendant à l’Assemblée nationale. Comment expliquer votre présence à la conférence de presse du Fpi alors que vous êtes une élue indépendante d’Akoupé et non du Fpi ?
Mais vous l’avez entendu tout à l’heure, le but de la conférence était d’inviter toutes les forces vives de la nation à participer au débat autour de la réconciliation de la nation. Nous sommes des élus même si nous ne sommes pas affichés dans des partis politiques, nous appartenons quand même à la classe politique. C’est tout à fait normal qu’ils nous convient et je les en remercie et cela démontre leur volonté réelle à aller à la réconciliation en intégrant tout le monde sans exclusion.
Est-ce que pour vous cette question est aujourd’hui une urgence ou une priorité du gouvernement quand on sait que depuis 2011, c’était l’un des vastes chantiers du gouvernement et en 2019, à quelques mois de la prochaine présidentielle l’opposition en soit encore à parler de réconciliation ?
Vous savez la réconciliation est un vaste chantier. Notre pays a connu des problèmes très graves que nous n’avons pas pu juguler. A un moment donné on est même rentré dans le déni en disant qu’il n’y avait pas de problème. La suite des événements nous a tous donné tort. Parce que nous avons des problèmes, des problèmes interethniques, des problèmes intercommunautaires, des problèmes économiques. Et il est bon que si nous voulons sauver notre nation que nous acceptions que nous avons des problèmes. Que nous puissions détecter le mal qui nous ronge afin de lui trouver un remède approprié. Je pense qu’on parlait de réconciliation mais on n’était pas dans la peau de gens qui étaient vraiment conscients de ce qu’ils avaient besoin de se réconcilier. Les Ivoiriens en général, la classe politique, en particulier, ont utilisé ce mot réconciliation comme un élément politique. Aujourd’hui, ils se rendent bien compte qu’il faut en faire bien plus qu’un élément politique, un élément moteur pour le vrai départ de la Côte d’Ivoire.
Que peut-on espérer si en face, on véhicule l’image d’une Côte d’Ivoire réconciliée, d’une Côte d’Ivoire qui se construit, d’une Côte d’Ivoire qui avance, d’une belle Côte d’Ivoire ?
En face ?
Oui en face, au Rhdp. Comment y réagissez-vous ?
Je vais vous dire une chose que je dis souvent à mes amis du Rhdp car des amis, j’en ai pas mal là-bas. Vous ne pouvez pas parlé d’économie émergente tant que vous n’avez pas réglé la question de la réconciliation et de la paix. Parce que tout ce que vous allez faire, tout ce que vous allez construire, vous allez le faire pendant cinq ans ou dix ans mais tant que vous n’avez pas rassemblé les fils de cette nation-là, tout ce que vous avez construit sera détruit dans dix ou quinze ans.
Mais ils vous répondent que nous avons fait revenir des exilés, nous avons libéré des prisonniers dont l’icône Simone Gbagbo qui était réclamée par la Cpi. Que voulez-vous qu’on fasse de plus ? Vous répondez quoi à ce discours ?
Ils ont effectivement posé des actes salutaires que j’ai appréciés à leur juste valeur mais ça ne suffit pas ! Ce n’est pas de cela qu’il s’agit. Vous avez pu entendre le secrétaire général Assoa Adou exposer les détails de tout ce que le Rhdp a pu faire à la classe politique. Diviser des partis politiques pour régner en maître absolu n’est pas la solution. Bien au contraire vous créez un véritable problème social. Je prends l’exemple de la France qui est aujourd’hui désordonnée politiquement. Je ne vais pas en dire plus mais vous voyez que le Front national transformé en Rassemblement national arrive en tête des élections européennes devant ‘’La République en marche’’ (le parti d’Emmanuel Macron, ndlr). Mais tous les deux partis réunis ne font que 45 % de l’électorat français qui est par la suite éclaté en 2%, 5% entre les autres partis politiques. Vous ressentez là, la fracture sociale à travers cette façon de faire à travers le paysage médiocre que présente la classe politique française. Il est bon qu’en Côte d’Ivoire les gens pensent au vrai problème et qu’ils arrêtent de faire de la politique politicienne. Le fait d’avoir un parti fort ne détermine pas forcément la construction de la paix durable. Un parti fort engendre forcément des frustrations, un parti fort cause des problèmes aux autres, un parti fort gère en mauvais père de famille.
2020 est-elle tenable au regard de l’environnement que vous décrivez ? Quel est votre pronostic ?
2020 est tenable ! Tout est une question de volonté. Il n’y a rien d’impossible à celui qui veut vraiment. 2020 est tenable.
C’est dans quelques mois seulement !?
Oui c’est dans un an et quelques mois. Tout peut se faire en un jour comme tout peut prendre 10 ans, 15 ans. Tout dépend de la volonté des Ivoiriens à construire durablement leur pays dans la paix et la cohésion. Mais surtout en émettant en permanence des messages d’apaisement et des messages constructifs.
Par SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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