Hamsatou ANABO
L’opposant Jichi Sam Mohamed, plus connu sous le pseudonyme de Sam l’Africain, a affirmé dimanche que le président du Front populaire ivoirien (FPI, opposition) Laurent Gbagbo « ne fera jamais alliance avec Henri Konan Bédié », président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-allié du pouvoir), dans une interview accordée à ALERTE INFO.
Dans une récente publication sur les réseaux sociaux, vous avez dit que « si Gbagbo et Bédié se mettent ensemble », vous allez « virer au RHDP pour combattre Gbagbo », qu’est ce que vous reprochez à cette alliance ?
Si Gbagbo fait alliance avec la plateforme de Bédié et de Soro, moi je le quitte pour aller au RHDP et le combattre. Il n’y aura pas de plateforme ou Gbagbo et Bédié seront dedans, c’est ce que je voulais dire.
Donc vous confirmez que Gbagbo ne peut pas faire d’alliance avec Bédié ?
Bédié sera à la tête de la plateforme qu’il est en train de créer et vu le statut de Gbagbo, il ne peut plus suivre quelqu’un. Son retour est le plus important pour nous, quand il va arriver lui-même, il va créer et guider l’opposition et les gens le suivront. Aujourd’hui, il ne peut pas suivre quelqu’un, s’il fait alliance avec Bédié, moi, je vais au RHDP parce que j’estime qu’il ne fera jamais alliance.
Au cas où il fait alliance avec le PDCI, quelle sera votre décision ?
Moi, je ne le suis pas, parce que je sais ce qui s’est passé dans ce pays, je connais tout ce qu’ils ont monté, toutes ces fausses pièces pour créer cette crise, bombarder Gbagbo et l’amener à la CPI. C’est vrai qu’on dit qu’il n’y a pas d’ennemis éternels en politique, mais aller faire alliance avec eu, les suivre… Jamais! Peut-être eux vont nous suivre, mais nous, on ne les suivra pas.
Quel commentaire faites-vous de la visite de Guikahué à Gbagbo ?
C’est une bonne chose, cela prouve que les ennemis de Gbagbo regrettent tout ce qu’ils lui ont fait. Ils se sont rendus compte que tout ce qu’ils ont fait n’est pas bon. Donc ils vont vers lui pour lui demander pardon, ils préfèrent que Gbagbo rentre au pays pour aller à la réconciliation.
Mais avant cette visite de Guikahué, il y a eu la rencontre avortée entre Affi N’ Guessan et Laurent Gbagbo…
C’est désolant, mais je crois que Affi n’était pas sincère en allant rencontrer Gbagbo, car quelles que soient les conditions, c’est son patron, il devrait se dire « je ne quitterai pas l’Europe tant que Gbagbo ne m’a pas reçu ». Ou alors, il revenait, mais il ne parlait pas. Il écoutait pour voir ce qui allait se passer après.
La sortie d’Affi a été maladroite de sa part parce qu’on est dans une crise, du jour au lendemain Gbagbo peut revenir au pays, son comportement prouve qu’il n’est pas heureux, il n’est pas content que Gbagbo soit libéré.
Quelle analyse faites-vous de ce rendez-vous manqué ?
Depuis 2002, Affi a trahi Gbagbo, il a été récupéré par la France pour le renverser et tourner sa page. Ça ne date pas d’aujourd’hui.
Pour le moment, on négocie avec le ministre Amani N’Guessan qui a demandé pardon à Gbagbo de recevoir Affi sans conditions, l’ex-président n’a pas trouvé de problème à cela, mais il a dit, avec tout ce qu’Affi dit de lui, est ce qu’il peut venir le regarder? S’il accepte de venir, il va le recevoir. On a fait la commission à Affi pour lui dire que Gbagbo est prêt à te recevoir et c’est maintenant qu’il donne les conditions pour savoir s’il sera désigné comme candidat etc.
Il devait nous répondre depuis la semaine passée (5 au 12 mai 2019), mais il n’y a pas eu de suite, donc on attend.
Quelles sont vos relations avec Affi présentement ?
On peut dire que les relations politiques sont un peu tendues, depuis la sortie de Affi (après son rendez-vous manqué avec Gbagbo), cela ne m’a pas fait plaisir et je lui ai démontré que je ne suis pas content de son attitude. Il n’avait pas le droit de le faire, il devait quand même garder sa sagesse.
La crise au sein de leur parti s’est accentuée depuis lors…
Tout parti politique peut traverser des hauts et des bas, il y a des sacrifices qu’on peut faire, c’est difficile, mais il faut le faire pour sauver la nation. Chacun d’eux doit mettre de l’eau dans son vin pour que leur parti se retrouve, soit réunifié pour qu’on ait un vrai parti de l’opposition.
La coalition au pouvoir, le RHDP connait aussi une crise interne, notamment avec le divorce entre Ouattara et Soro
Quand vous épousez une femme que vous n’aimez pas, vous profitez d’elle et après vous divorcez avec elle.
Donc vous insinuez que Soro a profité du RHDP ?
On peut analyser cela dans les deux sens. Soro s’est servi d’Alassane Ouattara et ce dernier s’est servi de Soro, Bédié s’est servi d’Alassane et de Soro et en fin de compte, ils n’ont pas atteint leurs objectifs. Il n’y avait pas d’amour, c’étaient des intérêts personnels.
Vous serez candidat en 2020 ?
Si Gbagbo est candidat, non. Mais s’il n’est pas candidat je serai candidat parce que je veux ramener la paix et la réconciliation entre les Ivoiriens et développer le pays.
Si Gbagbo n’est pas candidat en 2020, vous le serez, il va donc vous apporter son soutien ?
Je ne suis pas un charlatan pour le savoir, mais bon, je pense et c’est mon souhait que Gbagbo et Blé Goudé me soutiennent puisque Blé Goudé ne sera pas candidat, car il se prépare pour 2025.
A quand une rencontre entre Gbagbo et vous ?
Pour le moment, les témoins ne doivent pas rencontrer les accusés, donc j’ai fais un appel auprès de la CPI, j’attends parce que j’ai fini de témoigner et avant que je ne sois un témoin, j’étais un ami à lui, on cherche à aller à une réconciliation. Le bureau du procureur a mis une barrière à cela, nous aurons la décision dans un mois.
Comment préparez-vous le retour de Gbagbo en Côte d’Ivoire ?
Nous sommes en train de travailler dessus, j’ai travaillé avec les autorités du pays, ils sont favorables, tout le monde est favorable, les Ivoiriens sont favorables pour aller à la paix et la réconciliation, ils savent qu’il faut le retour de Gbagbo, ils doivent tous s’asseoir autour d’une table pour discuter de l’avenir du pays. Je pense que pour le moment le gouvernement n’a aucun souci à cela. On a mis une équipe en place qui rencontre le gouvernement.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
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