Génocide versus Heptacide
Réagissant à la pose ô combien significative de la première pierre du Mémorial commémorant la tragédie wé à Duékoué et au discours d’Hubert Oulaye, comptabilisant les morts wê depuis 2002, notre aimable Anne Désirée Ouloto, alias bulldozer, s’est exprimée publiquement. Je reprends ici ses propos qui ont été relayés par la station de radio Radio PDCI-RDA.
(…) récemment, j’ai été choquée d’entendre d’éminents hommes politiques qui ont fait des activités politiques dans le pays Wê. (…) “J’ai été choquée d’entendre parler de génocide Wê. Il n’y a pas eu de morts ici à Tiassalé, de peuple Wê. Des Wê ont-ils été exterminés ici à Tiassalé ? A Abidjan, des Wê ont-ils été tués en masse ? Des Wê ont-ils été tués à Bouaké, à Abengourou ? Des Wê ont-ils été tués à Korhogo ? Arrêtez d’utiliser le peuple Wê comme fonds de commerce. Nous sommes un peuple digne” (…) “Si un peuple Wê avait été victime de génocide, je ne serais pas en vie, moi qui vous parle parce que je suis Wê. Faisons la politique de la paix, du rassemblement et du développement. Faisons la politique de la cohésion et du vivre ensemble. Si chacun veut chercher des poux dans les cheveux de l’autre, il trouvera des poux . Il y a un temps pour tout. Il y a un temps pour la guerre mais il y a aussi un temps pour la paix. Le temps de la paix a sonné pour la Côte d’Ivoire”. (…) “Parlons paix, parlons fraternité, parlons vivre ensemble, parlons cohésion sociale. Je suis venue à N’Douci et je vois mes parents heureux et fiers d’être à N’Douci. Personne n’a été tué ici. Il n’ y a pas de génocide Wê”
C’est là que s’applique la parabole pleine de bon sens du fou et du sage qui ont bâti, l’un sur le sable, l’autre sur le roc. Une réconciliation et un vivre ensemble bâtis sur une négation du génocide wê, -sous le prétexte qu’on est en vie, alors qu’on était juste du bon côté de la barrière-, c’est une construction fragile et qui a peu de chances de perdurer. C’est comme soigner une plaie en surface sans avoir nettoyé la blessure qui s’est infectée.
De deux choses l’une, où le blessé gangrené va se faire connaitre et exiger qu’on le soigne à hauteur de sa blessure, ou les tortionnaires laissent la gangrène proliférer et c’est la mort assurée. Mais dans les deux cas, le malade va-t-il se laisser avoir une fois encore?
Cette ministre inamovible, en s’exprimant ainsi demeure la honte des wê ; égale à elle-même, c’est elle déja qui avait proposé à Mr Phlippe Dakoury Tabley, alors directeur de la BCEAO un bonbon pour toute réponse à son exposition humiliante le 11 avril 2011, où il avait été déshabillé, frappé, déshumanisé.
Il semblerait que l’anatomie de notre institutrice devenue porte-parole de la rébellion, puis ministre ait évolué inversement à la logique, laissant apparaitre une cervelle de plus en plus atrophiée. Avec son bon sens dévoyé, il ne peut pas y avoir eu de génocide des tutsi au Rwanda, ni des juifs, ni des arméniens, puisqu’il y en a encore…
Mais il semble qu’elle accrédite d’avantage l’hypothèse du génocide des sept femmes d’Abobo, un génocide qui n’a laissé aucune trace ; contrairement à Duékoué où il y a des fosses-, car on n’a trouvé aucune sépulture, aucune famille des martyres du RDR, juste quelques rush de photomontages, quelques traces d’ADN masculin et un tee-shirt neuf imbibé de sang de bœuf. Les seuls éléments concrets, dont dispose la Cour Pénale Internationale pour retrouver les criminels d’Abobo, c’est cette commémoration annuelle, sans familles, sans témoins, sans sépultures. Merci Anne Oulotto. Comme dame Simone Gbagbo à Duékoué, nous vous invitons à poser la première pierre du futur mémorial du génocide, pardon de l’Hepta-cide féminin d’Abobo.
Shlomit Abel, 6 mai 2019
(hepta=sept en grec, génos (grec) et cid de caedere, (latin) désignant la liquidation criminelle d’un peuple, d’une ethnie)
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