Crise postélectorale: Human Rights Watch en veut toujours au gouvernement de Ouattara

Edwige FIENDE

L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) a reproché lundi au gouvernement ivoirien de n’avoir « pas rendu justice aux victimes » de la crise postélectorale de 2010, à la veille de l’examen du bilan de la Côte d’Ivoire en matière de droits humains aux Nations Unies.

Dans un rapport publié lundi, HRW a invité l’Organisation des Nations unies (ONU) « à demander pourquoi le gouvernement n’a pas rendu justice aux victimes de la crise postélectorale » et « ignoré » leurs « appels à la justice ».

Pour l’ONG de défense des droits de l’Homme, « le fait de ne pas rendre justice aux milliers de victimes d’un des pires épisodes de violence politique en Côte d’Ivoire entache le bilan du gouvernement en matière de droits humains et menace la paix et la stabilité à venir dans le pays « .

Le 06 août 2018, le chef de l’Etat Alassane Ouattara a amnistié « 800 personnes » dont l’ex-première dame Simone Gbagbo.

Ces bénéficiaires de l’ordonnance étaient condamnés pour des infractions en lien de la crise postélectorale de 2010 à 2011, qui a fait officiellement au moins 3.000 morts.

« Même si cette amnistie n’est applicable qu’à certains crimes, dans les faits, elle a gelé les procédures judiciaires qui étaient en cours en Côte d’Ivoire contre des dirigeants militaires et politiques impliqués dans des crimes de guerre, crimes contre l’humanité et d’autres graves atteintes aux droits humains », a dénoncé HRW.

L’ONG a invité les Etats prenant part à l’examen de la Côte d’Ivoire à l’ONU à « presser le gouvernement afin d’adopter une législation complémentaire établissant clairement que » cette « amnistie ne s’applique à aucune personne soupçonnée de crimes de guerre ou contre l’humanité ».

Elle a aussi recommandé à ces pays de « demander de quelle façon » le gouvernement fera « traduire en justice les officiers et dirigeants politiques inculpés pour crimes de guerre », car « aucun officier supérieur de l’armée ou commandant de milices, pro-Gbagbo ou pro-Ouattara, n’a été jugé pour les crimes graves internationaux ».

Le 06 mars, « au moins trois officiers de l’armée inculpés » par la Cellule spéciale d’enquête, chargée des procédures judiciaires relatives à la crise postélectorale « ont été nommés à de nouveaux postes de l’armée ivoirienne », a rappelé l’ONG.

En avril, trois organisations de défense des droits de l’homme dont deux ivoiriennes ont porté « plainte à la Cour suprême » contre M. Ouattara pour n’avoir pas réagi à leur interpellation à « revenir sur sa décision » d’amnistier ces 800 personnes.

En novembre 2018, ces ONG notamment la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme (LIDHO), la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH), le Mouvement ivoirien des droits humains (MIDH) avaient déposé un recours auprès de M. Ouattara pour « qu’il revienne sur sa décision ».

Partie civile pour 250 victimes, elles avaient souhaité « le jugement des auteurs des crimes contre l’humanité pour que les victimes puissent avoir une réparation ».

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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