Le ministre soudanais de la défense a annoncé la révocation du « régime » et l’arrestation de ses dirigeants, dont Omar Al-Bachir. Un conseil militaire va administrer le pays pendant une période transitoire de deux ans, a-t-il précisé.
Le Président du Soudan et ses proches ont été arrêtés, selon une source de Sputnik au sein du service de sécurité. Le ministre soudanais de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, a confirmé sa détention au cours d’une allocution télévisée.
Le Président soudanais Omar el-Béchir, au pouvoir depuis trois décennies, a été destitué et arrêté ce jeudi 11 avril. Ces informations, initialement révélées à Sputnik par une source au sein du service de sécurité local, ont été confirmées par le ministre de la Défense, Ahmed Awad Ibn Auf, au cours de son allocution télévisée.
«J’annonce, en tant que ministre de la Défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef», a-t-il précisé.
Le ministre a également confirmé la dissolution du gouvernement et a annoncé la mise en place d’un conseil militaire voué à diriger le pays pendant deux ans. La destitution du Président Omar el-Béchir a également été confirmée.
Selon ces annonces, la période de transition sera suivie par des «élections libres et équitables».
Plus tôt, la chaîne Al-Hadath avait annoncé que, lors d’une réunion d’urgence, l’armée soudanaise avait décidé ce jeudi matin de destituer le Président du pays. Ces informations ont été confirmées par Adel Mahjoub Hussein, ministre de la Production et des Ressources économiques du Darfour du Nord ainsi que par deux responsables soudanais haut placés cités par Associated Press.
Réaction des manifestants
L’Association de professionnels soudanais (APS), principal organisatrice des manifestations contre le Président el-Béchir, a dénoncé la création du conseil de transition en appelant à poursuivre le sit-in lancé le samedi 6 avril devant le ministère de la Défense.
Tout au long de la matinée, des milliers de Soudanais se sont rassemblés dans le centre de la capitale, anticipant l’annonce de la destitution du Président.
«Le régime est tombé, le régime est tombé!», scandaient des manifestants réunis devant le quartier général des forces militaires.
Depuis plusieurs mois, le pays est secoué par les manifestations. Déclenchées le 19 décembre par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain, elles se sont rapidement transformées en un mouvement de contestation contre M. Béchir, à la tête du pays depuis 1989.
Dès le samedi 6 avril, des milliers de Soudanais ont commencé à se réunir devant le quartier général de l’armée afin de défier le pouvoir d’Omar el-Béchir. Les manifestants ont fait face à plusieurs reprises à des assauts du service de renseignement NISS, qui a tenté en vain de les disperser à l’aide de gaz lacrymogènes, selon les organisateurs des manifestations cités par l’AFP.
L’agence de presse Suna a rapporté que 11 personnes, dont six membres des forces de l’ordre, sont décédées le 9 avril dans des incidents similaires.
Comprendre le déroulé des quatre mois de contestation depuis décembre 2018 au Soudan
Si les manifestations ont pris plus d’ampleur ces derniers jours, le début de la contestation a commencé il y a près de quatre mois. Initialement dirigées contre une hausse du prix du pain, elle se sont transformées en contestation du régime d’Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 30 ans.
Décembre : début de la contestation, avec la hausse du prix du pain
Le 19 décembre 2018, des centaines de Soudanais manifestent dans plusieurs villes après la décision gouvernementale de tripler le prix du pain, objet d’une pénurie depuis trois semaines. Ces manifestations coïncident avec le retour après un an d’exil, du leader de l’opposition Sadek al-Mahdi, ancien premier ministre chassé du pouvoir en 1989 par le coup d’Etat d’Omar el-Béchir.
Tout le mois, les manifestations continuent. Le 24, Omar el-Béchir s’exprime pour la première fois, promettant « de vraies réformes ». Dès le lendemain, la communauté internationale sort de son silence. Le Royaume-Uni, les Etats-Unis, la Norvège et le Canada appellent Khartoum à « éviter les tirs à balles réelles sur les manifestants, les détentions arbitraires et la censure ».
Le président dénonce « des traîtres, des agents, des mercenaires » qui « sabotent » les institutions de l’Etat.
Janvier : les violences s’intensifient
Le 1er janvier 2019, une vingtaine de formations politiques réclament un changement de régime. Quelques jours plus tard, les forces anti-émeutes tirent à balles réelles dans un hôpital à Omdourman, où étaient soignés des manifestants blessés, selon Amnesty International. Mi-janvier, Béchir assure de nouveau que la contestation n’aboutira pas à un changement du pouvoir.
Février : Etat d’urgence
Le 22 février, le chef de l’Etat décrète l’état d’urgence et limoge le gouvernement. Le 24, le nouveau premier ministre Mohamed Taher Ela prête serment alors que les manifestants réclament toujours le départ du président.
Mars : arrestations et baisse de la contestation
Le 1er mars, M. Béchir remet les rênes du Parti du Congrès National (PCN) à Ahmed Haroun. La contestation, en baisse en raison de l’état d’urgence et des nombreuses arrestations, se poursuit à Khartoum et Omdourman.
Avril : regain de mobilisation, la démission de Béchir attendue
Le 6 avril, la mobilisation connaît un net regain avec des manifestants massivement rassemblés pour la première fois devant le quartier général de l’armée à Khartoum. Le 8, ils demandent l’ouverture de négociations avec l’armée pour former un « gouvernement de transition ». Les autorités annoncent l’arrestation de 2 496 protestataires le 6 avril. Le ministre de la défense déclare que l’armée ne laissera pas le pays « sombrer dans le chaos ».
Le 9, les forces de sécurité tente de disperser les milliers de protestataires rassemblés pour la quatrième journée consécutive près du QG de l’armée. Le même jour, la police ordonne à ses forces de ne pas « intervenir » contre la foule et appelle à un « transfert pacifique du pouvoir ».
Le 11 au matin, alors que se poursuit le rassemblement devant le QG de l’armée, sans aucune tentative de dispersion par les forces de l’ordre, l’armée promet « une déclaration importante bientôt », déclenchant des scènes de liesse dans la population.
Lemonde.fr
– Faisons jouir les MOR (Mouton Ou Rien) :
Comme Gbagbo, Bachar tombe un 11 Avril. Cette date semble bien partie pour acter les changements de locataires dans les palais d’Afrique
– Faisons jour les GOR (Gbagbo Ou Rien) :
Autant Macron est sur une pente glissante avec les gilets jaunes, autant Bouteflika a chuté suite au diktat de la rue, autant les manifestants ont eu la peau de Bachar, autant la rue rue a chassé Compaoré, etc. En Côte d’Ivoire, les excès du régime restent sans réaction d’une population rendue amorphe (ou traumatisée ?) au point de constater un doublement du coût de l’électricité, une chape de plomb démocratique, la fin des libertés syndicales et d’association, les crimes impunis, l’insécurité galopante, etc. Le pouvoir appartient au peuple, en dépit des rodomontades sur le caractère indéboulonnable de certains ou l’affirmation selon laquelle les élections de 2020 sont déjà gérées et pliées. Le pouvoir appartient au peuple veut dire que point n’est besoin d’armes pour faire plier un régime.