« L’armée du maréchal Haftar, l’homme fort de l’Est libyen, engagée dans une offensive vers Tripoli depuis jeudi, a affirmé avoir mené dimanche son premier raid aérien en banlieue même de la capitale. Dans le camp adverse, le GNA, par la voix de son porte-parole, le colonel Mohamad Gnounou, a annoncé le début d’une « contre-offensive » généralisée – nommée « volcan de la colère » –, pour « purger toutes les villes libyennes » des « forces illégitimes », en référence au camp Haftar. » (Le Monde)
Tension en Libye : La communauté internationale craint le pire
Mourad Sellami
Les troupes de Khalifa Haftar poursuivent leur déploiement autour de Tripoli, créant un climat de tension extrême dans l’Ouest libyen. Le Conseil de sécurité et les puissances régionales essaient de faire pression pour calmer les esprits.
La tension bat son plein en Libye depuis que Khalifa Haftar a lancé l’ordre, jeudi à l’aube, à ses troupes de marcher sur Tripoli. Des incidents épars sont survenus entre les groupes armés locaux et l’armée qui avance vers la capitale sur les axes de Azizia, Al Khoms et Ezzaouia. Mais les régiments loyaux au gouvernement d’Al Sarraj n’ont pas été impliqués, pour le moment.
La communauté internationale craint toutefois une escalade militaire et cherche à calmer les ardeurs des belligérants libyens pour permettre la tenue du congrès réunificateur de Ghadamès auquel l’envoyé de l’ONU, Ghassan Salamé, tient encore.
Le Conseil de sécurité a tenu, avant-hier, une réunion fermée à la demande de la Grande-Bretagne, où Ghassan Salamé a présenté, à partir de Tripoli, un rapport sur l’évolution de la situation sur le terrain. Suite à la réunion, le président du Conseil, l’Allemand Christoph Heusgen, a fait une déclaration, mettant l’accent sur l’inquiétude des membres du Conseil quant au risque d’une escalade militaire autour de Tripoli.
Selon l’AFP, Heusgen a déclaré qu’il y a unanimité pour demander à l’armée nationale libyenne d’arrêter son attaque. Toutefois, le ministre russe des Affaires étrangères, Serguei Lavrov, a indiqué, dans une conférence de presse tenue hier au Caire, que «la Russie est inquiète de l’appel de certains groupes armés d’utiliser l’aviation contre l’armée nationale et les incite à la retenue».
Il est clair que la Russie reconnaît les forces de Haftar comme étant l’Armée nationale libyenne, qui «combat les milices armées», et considère tous les autres, y compris les forces de Misrata, comme des groupes armés.
La montée des tensions n’a pas empêché l’envoyé spécial de l’ONU, Ghassan Salamé, de poursuivre ses démarches pour la tenue du congrès de réunification libyenne à Ghadamès, prévu du 14 au 16 avril. Ce qu’a confirmé Salamé lors d’une conférence de presse tenue hier à Tripoli : «Nous tenons à la tenue de ce congrès dans ses dates prévues, sauf en cas de force majeure.»
La veille, lors de la rencontre entre le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, et le maréchal Khalifa Haftar, ce dernier n’aurait pas répondu favorablement à la demande du secrétaire général de l’ONU d’arrêter les opérations militaires de l’armée à l’Ouest, ce qui avait provoqué le ton, plutôt inquiet, des déclarations de Guterres à son départ de Libye. Le Conseil de sécurité va se réunir de nouveau concernant la Libye pour essayer de trouver une solution à l’escalade militaire.
Round d’observation
Sur le terrain, des opérations militaires à l’intérieur de Tripoli n’ont pas eu lieu. L’armée de Haftar s’est emparée de Azizia, à une trentaine de kilomètres de Tripoli, de Souk Khamis et du Campement 27, à la même distance de la capitale libyenne, sur des axes routiers de Ghariane, Khoms et Zaouia.
Les confrontations ont opposé l’armée à des groupes armés locaux, mais pas aux contingents de l’armée loyale à Al Sarraj. «Il s’agit plutôt d’un positionnement que d’un affrontement. La vie poursuit son cours normal à Tripoli», selon un journaliste joint sur place.
Sur un autre niveau, le commandement de l’armée de l’air de l’Armée nationale libyenne a interdit le survol des avions militaires dans la région ouest de Libye, suite au bombardement des positions des troupes de Haftar à Mazda et Ghariane par un avion dépendant de la faculté de pilotage de Misrata. Le général Manfour a averti que «tout survol d’un avion militaire dans la Tripolitaine sera considéré comme un acte hostile et l’armée ripostera».
Entre-temps, les groupes militaires armés sont divisés selon leur obédience idéologique. Ainsi, les Saraya révolutionnaires ont déclaré leur opposition à l’entrée de Haftar à Tripoli et appelé au «djihad», tout comme le mufti Ghariani, basé en Turquie, et proche de Daech.
Par contre, les groupes salafistes semblent plutôt s’orienter vers l’alignement sur la position de Haftar, comme leurs compères à l’Est. Tout dépendra aussi des rapports de force sur le terrain.
El Watan
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