Au commencement, le Siège Royal avec lequel la Princesse Ashanti, Abla Pokou, est arrivée en Côte d’Ivoire est un siège de femme.
A la mort de la Reine Abla Pokou, n’ayant plus d’héritier à cause du sacrifice de son seul fils pour sauver son peuple, Akoua Boni sa nièce a été installée comme Reine des Baoulés. A la fin de sa vie, compte tenu des difficultés rencontrées par les Reines pour satisfaire aux rituels traditionnels d’adoration réservés aux hommes, la Reine Akoua Boni a instruit la Cour Royale afin que plus jamais au Royaume Baoulé, des Reines soient mises sur le Trône.
Le Royaume Baoulé a ainsi connu deux Reines à savoir :
La Reine Abla Pokou (1730-1760)
La Reine Akoua Bony (1760-1790)
Après ces deux (2) Reines, un Trône Masculin a été coulé en or massif et les Rois suivants se sont succédés jusqu’au dernier Roi qui était le frère de la reine N’ga-Tanou :
Le Roi Kouakou Djê 1er (1790-1820)
Nanan Toto Kouame Diby (1870-1880)
Le Roi Anougblé Diêkê (1880-1890)
Le Roi Kouamé Tchêkê 1er (1890-1902)
Le Roi Kouadio Ndri (1902-1925)
Nanan Anougblé II (1925-1958)
Nanan Kouakou Djié (1959-1978)
Nanan Kouakou Anougblé III (1995-2016)
Aux obsèques du dernier Roi Nanan Kouakou Anouglé III, juste après l’avoir enseveli, un chef de canton s’est arrogé le droit au mépris des us et coutumes Ashanti et Akan, de désigner la reine N’ga-Tanou successeur du Roi, alors même qu’en quatre cents (400) ans du Royaume, c’est toujours un Djefoue qui a traditionnellement disposé de ce droit.
Selon les sachants, cette désignation viole nos us et coutumes à trois (3) niveaux :
Tout d’abord, selon les rituels traditionnels, dans aucun Royaume à l’origine Ashanti ou Akan on ne procède à la désignation du successeur du Roi pendant les obsèques du défunt ;
Ensuite, on ne peut installer une reine sur un trône de Roi ;
Enfin, chez les Akans, on hérite de sa mère et non pas de son frère.
La légitime du trône
Les observateurs avertis ont été choqués lorsque qu’en pleine cérémonie funéraire, un chef canton sans légitimité traditionnelle, a désigné maladroitement une reine, au mépris de nos us et coutumes.
Cet acte d’une gravité sans précédent ne pouvait donc rester sans réponse coutumière appropriée de la part de sept (7) villages Djéfoué, composant la Cour Suprême des Baoulés depuis des siècles, lesquels d’une part, ne peuvent se laisser supplanter par quelques chefs de canton au demeurant sans légitimité, alors et surtout que d’autre part, ils sont garants de la protection du Trône. En effet, selon les us et coutumes Akans, bien que le trône appartienne à la femme, ce qui lui vaut la place de Reine Mère, le règne est assuré par l’homme.
En clair, le pays Baoulé est dans l’attente d’un Roi ; Autrement, nous transgressons les us et coutumes Akans. C’est d’ailleurs ce que reconnaît la loi à travers l’article 3 de la loi n°2014-428 du 14 juillet 2014 portant statut des rois et chefs traditionnels qui dispose que « les Rois, les Chefs de province, les Chefs de canton, les Chefs de tribu et les Chefs de village sont désignés suivant les us et coutumes dont ils relèvent ».
Aussi, la reconnaissance d’une reine par l’administration pourrait être légale, mais en aucun cas légitime si elle n’est pas conforme aux us et coutumes des Baoulés. Dès lors, aucune intrusion quelconque ne saurait être tolérée dans le choix du Roi du Royaume du Walèbo. C’est pourquoi, la présente vise à prendre à témoin toutes les autres cours Akans depuis la cour des Ashanti au Ghana, en passant par le Bron, le N’Zima, l’Indenié et le Sanwi, pour interpeller nos parents sur la légitimité d’un Roi et non d’une reine.
Fait à Abidjan, le 1er avril 2019
Honorable Kouassi Kouamé Patrice, Député de la Nation
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