Source: Lesjusticiersdunet.com
Lorsque le président Alassane Ouattara a été élu à la tête de la Côte d’Ivoire, il a demandé à tous les Ivoiriens de la diaspora de revenir dans leur pays pour y investir et, ainsi contribuer à son développement. C’est suite à cet appel que le sieur Lanciné Sangaré, homme d’affaires canadien d’origine ivoirienne, militant actif du Rassemblement Des Républicains (RDR) a décidé de rentrer en Côte d’Ivoire. C’est alors qu’il a croisé le chemin de Rokyatou Ouattara, la sœur cadette d’Alassane Ouattara.
C’est en 2016 que Lanciné Sangaré a décidé de rentrer en Côte d’Ivoire, nourrissant le rêve de s’y installer et d’y investir en créant sa propre entreprise Green Transit. Dans une des lettres qu’il a adressées au président Ouattara depuis la Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan (MACA), nous apprenons que L. Sangaré est le « secrétaire général du RDR en Alberta au Canada, ex-membre de la Jeunesse du RDR, ayant représenté le délégué général du RDR du Canada, lors du 3ème congrès au Parc des Sports de Treichville ». Lanciné Sangaré est donc connu en tant que membre actif du parti au pouvoir à cette époque, du Palais présidentiel et de Rokyatou Ouattara, sœur cadette d’Alassane Ouattara. Raison pour laquelle, lorsque cette dernière le persuade de s’associer à elle dans une autre entreprise, Rama Transit, L. Sangaré n’hésite pas un seul instant ; laissant tomber par la même occasion son projet personnel de création de Green Transit. Mais malheureusement pour lui, et comme l’a confirmé L’Éléphant déchainé dans sa parution du 27 novembre 2018, son rêve s’est peu à peu transformé en cauchemar.
Rappel des faits
Rama Transit est une SARL au capital de 25 millions de FCFA, propriété de Rokyatou Ouattara dont les associés sont :
Rokyatou Ouattara (1 500 parts);
Oumou Ouattara (250 parts);
Diawara Mahamadou (375 parts);
Magassa Kaka (375 parts).
Pour appâter L. Lanciné et en faire un nouvel associé, Rokyatou Ouattara lui a offert 500 parts de Rama Transit, composées d’une partie des siennes et de la totalité de celles d’Oumou Ouattara.
Toutefois, l’ambitieuse Rokyatou Ouattara souhaite que son SARL (Société À Responsabilité Limitée), soit transformée en une SA (Société Anonyme) avec 50 millions de FCFA de capital. Cela est confirmé par l’ensemble des associés de Rama Transit, lors de leur Assemblée générale qui s’est tenue le 27 mars 2017 et surtout, grâce à l’aide financière de Bocar Yattassaye, un homme d’affaires malien et ami de Rokyatou Ouattara.
La nouvelle configuration de Rama Transit International est :
Bocar Yattassaye (2 500 actions). C’est le nouvel actionnaire majoritaire avec un investissement de 25 millions de FCFA en parts de capital;
Rokyatou Ouattara (1 250 actions);
Lanciné Sangaré (1 000 actions) est désigné comme le gérant de l’entreprise;
Amara Touré, fils de Rokyatou Ouattara (250 actions).
C’est fort de son expertise que L. Sangaré, nouveau DGA de Rama Transit International, entreprend toutes les démarches administratives et arrive à obtenir le 13 octobre 2016, l’agrément de Commissionnaire en douane de l’entreprise. Jusque-là, tout allait bien. Les activités de l’entreprise prenaient de l’expansion et étaient de plus en plus florissantes. Mais, le 29 janvier 2018, tout a basculé. Lanciné Sangaré est arrêté et incarcéré à la MACA d’où il ne cessera, jusqu’à ce jour, de clamer son innocence.
Que s’est-il réellement passé ?
Dans une lettre adressée au Président de la République et datée du 13 septembre 2018, L. Sangaré accuse la sœur cadette de ce dernier de vouloir « s’approprier l’entièreté de Rama Transit ». C’est pour cela qu’elle « n’a trouvé de solution que de me faire incarcérer à la MACA ».
En effet, c’est bien son associée Rokyatou Ouattara qui a porté plainte contre lui pour malversation, faux et usage de faux, complicité, abus de biens sociaux et blanchiment de capitaux. Il s’en est suivie une enquête préliminaire menée par la Police économique. Puis, c’est sur réquisition du procureur de la République que Lanciné Sangaré fut inculpé et placé sous mandat de dépôt par le juge d’instruction du 5ème cabinet d’instruction du Tribunal de Première instance d’Abidjan.
D’ailleurs, depuis l’emprisonnement de L. Sangaré, c’est Amara Touré, fils de Rokyatou Ouattara qui avait repris la gestion de Rama Transit International. Malheureusement, l’entreprise a fait faillite quelque temps après.
Nous pouvons aussi lire que bien qu’« après les enquêtes, il s’avère qu’aucun document n’a été falsifié, qu’aucun franc CFA n’a été détourné » et que « l’incarcération pour faux et usage de faux ne pouvant pas excéder six (06) mois, à mon cinquième mois de détention, elle a tenté sans succès, de me faire accuser de blanchiment d’argent. À ce jour, elle n’a pas pu apporter la preuve de tout ce dont elle m’accuse. Mais, elle signe et persiste et dit à qui veut l’entendre que tant qu’elle sera là, je vais pourrir en prison. Lorsque votre sœur a su que j’étais admis au Bâtiment assimilé cadre, elle a exigé qu’on m’envoie au Bâtiment C pour séjourner avec les bandits de grands chemins. Sa volonté a été faite (…) ».
Peut-on parler d’une justice aux ordres et d’abus de pouvoir lorsqu’il rajoute que « ministre, procureur, juge, tous ont peur de dire le droit, parce qu’il s’agit de votre sœur. Elle leur a même avoué que je n’avais rien détourné, mais qu’elle voulait me maintenir en prison pour me donner une correction parce que je me serais foutu d’elle. (…) Au moins trois fois, elle a été convoquée par la justice en vue d’une confrontation avec moi, mais elle a défié juge et procureur, en refusant de répondre à leur appel » ?
Plus loin, nous pouvons lire que son avocat Me Diallo a subi un trafic d’influence de la part de messieurs Faman Touré, Président de la Chambre de commerce et d’industrie et d’Ali Touré de la Cour constitutionnelle. Il a même été intimidé et menacé par Rokyatou Ouattara à sa résidence de Cocody Cité-des-Cadres. Depuis lors, son avocat devenu craintif se fait rare et semble avoir abandonné sa cause.
De plus, en tant que citoyen canadien, toutes les demandes faites par la représentation canadienne sur ce cas, ont accusé une fin de non-retour. Voilà pourquoi, les proches de L. Sangaré ont déposé une plainte au Canada contre Rokyatou Ouattara pour enlèvement et séquestration d’un citoyen canadien. Les organisations de défense des droits de l’homme telles qu’Amnesty International et la Commission Nationale des Droits de l’Homme de Côte d’Ivoire(CNDHCI) ont été saisies pour agir dans ce dossier après que plusieurs demandes de liberté provisoire de l’accusé, aient été rejetées par le juge d’instruction du 5ème cabinet d’instruction du Tribunal de Première instance d’Abidjan.
D’ailleurs, ces rejets vont à l’encontre des articles 137 et 138 du Code de procédure pénale. Lanciné Sangaré est donc brimé dans ses droits constitutionnels inaliénables à la liberté et à la présomption d’innocence, comme le soulignent ses avocats Me Diallo et Me Gueu Loa dans chacune de leur demande de liberté provisoire.
Notons que ni Rokyatou Ouattara ni son avocat Me Samassi n’ont accepté de se prononcer sur cette affaire. Seul Amara Touré, accusé par le détenu de lui avoir volé son entreprise de lavage autos en zone portuaire, s’est adressé à L’Éléphant déchainé en ces termes : « je ne savais pas qu’il avait une société de lavage autos. C’est lui (Lanciné Sangaré) qui fait de l’acharnement. Après Facebook, il s’étale dans la presse, qu’il le fasse. L’affaire est en Justice. Nous avons toutes les preuves, tous les documents. On n’a pas à se défendre. »
Aujourd’hui, cela fait 14 mois que Lanciné est incarcéré à la MACA et son sort est toujours entre les mains de la justice et apparemment, entre celles de Rokyatou Ouattara qui, jusqu’à ce jour, n’a jamais daigné répondre aux convocations de la justice.
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