Opinion
Pourquoi les gens ont si soif du pouvoir, comme ça ? Pourquoi les gens, une fois qu’ils ont pris le pouvoir d’Etat, ils ne veulent plus le lâcher ? Quand on écoute même des citoyens du peuple en parler, ils demandent : « Mais, pouvoir-là, ya quoi dedans même ? Ya quoi dedans, au juste, et puis les gens s’accrochent à ça, fort, fort, se font la guerre et se tuent ? »
Quand ils cherchent le pouvoir d’Etat et qu’ils vont parler, matin-midi-soir, au peuple, ils parlent bien, ils parlent « mlin-mlin », en disant que c’est pour la démocratie, que c’est la démocratie qu’ils cherchent. Leur bouche est sucrée, mielleuse. Ils disent des choses qu’eux-mêmes ne sont pas. Ils promettent des choses qu’eux-mêmes ne vont jamais faire. Quand on les écoute, on dirait que c’est Jésus même qui prêche. Mais quand ils arrivent au pouvoir, tout à coup, ils changent d’esprit et de comportement. On ne les reconnaît plus. Ils deviennent des caméléons aux couleurs changeantes. Démocratie-là, ils oublient ça, vite. La démocratie qu’ils criaient partout-là, kplè-kplè-kplè là, comme ça, sur tous les toits-là, ils oublient ça et ils redeviennent eux-mêmes, c’est-à-dire des fanfarons. Leurs masques-là, qui les maquillaient si bien, tombent et on voit leur vrai visage affreux.
Celui qui gouverne actuellement la Côte d’Ivoire-là, on l’a tous écouté dans ce pays. Il a dit des choses fantastiques (sa promesse de faire pleuvoir des pluies de milliards, ses promesses de mille et une solutions), il a promit la vie rose en Côte d’Ivoire. Au moment où il cherchait le pouvoir-là, il faisait même pitié, parce qu’on peut dire qu’il mendiait presque le suffrage du peuple. Il disait : donnez-moi seulement un mandat, je vous dis un seul mandat, et vous verrez ce que je suis capable de faire pour vous ! Avec un mandat seulement, un seul mandat, vous verrez comment je vais changer la Côte d’Ivoire pour vous !
Un mandat lui a été finalement donné en 2010. Il a pris ça, il s’est assis sur le pays. Les Ivoiriens n’ont rien vu de bon, les concernant. Puis, il en a voulu un deuxième, on le lui a donné en 2015. Il a gardé le pouvoir et il s’est boulonné sur le fauteuil présientiel. Mais toujours rien de bon, pour le peuple : seulement la vie est devenue plus dure, c’est devenu plus sec. Et il veut maintenant un troisième mandat en 2020. Alors, on lui dit : écoute, ça suffit, il faut laisser pouvoir-là !
Tout le problème et les palabres bizarres-là, dans le pays, viennent de là.
Le peuple ivoirien dit : fauteuil de président-là, c’est pas pour toi seul, pardon, il faut te lever de là, il faut quitter dedans, il faut laisser ça, on va donner à quelqu’un d’autre en 2020, pour voir ce qu’il va faire aussi ! Ce n’est pas toi seul qui est né pour gouverner !
Quand le peuple dit ça-là, est-ce que c’est mauvais ? Quand le peuple qui a voté en 2010 et en 2015 pour donner deux mandats successifs, dit qu’il est fatigué de donner le pouvoir à un même type et qu’il veut changer de président de la République en 2020, est-ce que ça-là, c’est mal parler ? C’est pas ça, la démocratie ? Ou bien, la démocratie-là, ça a changé de visage, aujourd’hui ?
Mais voilà que les gens qui sont avec le chef d’Etat ne veulent plus que les choses se passent comme ça. Ils ne veulent pas que le peuple ivoirien change de président en 2020. Ils ne veulent plus que ce soit le peuple qui choisisse lui-même le président de la République. Ils veulent se substituer au peuple pour choisir eux-mêmes le président qui va gouverner le pays en 2020. Souvent, je me pose la question de savoir s’ils sont allés à l’école et où ils ont appris leur affaire de démocratie-là. Parce qu’ils savent bien que le peuple n’acceptera jamais ce qu’ils font, ils savent que le peuple ivoirien n’acceptera pas qu’on lui impose ces façons trop maladroites de faire la politique, et que trop, c’est trop. Mais ils sont droits dans leurs bottes et dans leur logique : imposer un 3ème mandat au chef d’Etat. C’est pas palabre, qu’ils veulent ? C’est pas la guerre, qu’ils cherchent à créer encore pour rester toujours là ?
Ce n’est pas bon de faire ça. Sincèrement, là où ils veulent conduire le pays-là, n’est pas du tout bon, c’est pas une bonne destination. Alors, qu’ils laissent tomber. Ils sont en train de blaguer le chef d’Etat, avec cette affaire de 3ème mandat. C’est un fantasme, c’est illusoire et c’est dangereux, qu’ils laissent tomber ! Ils lui on fait dire, le 26 janvier dernier au stade Félix Houphouët-Boigny, que son parti unifié-là est le plus fort et restera au pouvoir pour 50 ans encore. C’est pas croyable, ce que les gens sont capables de faire pour le pouvoir politique. Pour le pouvoir, les gens sont prêts à tout, y compris se renier soi-même, renier des valeurs morales de société, vendre leur âme, dire que ce qui est devant-là, où ils disent allons seulement-là, est blanc comme la paix, bleu comme le ciel, rose comme le bonheur, alors que c’est noir, obscur, ténébreux, lugubre. La légende nous dit que Faust a vendu son âme au Diable pour avoir le pouvoir de la fortune. Pour le pouvoir, l’histoire nous apprend aussi que le grand Jules César, empereur de Rome, a été tué sous complot par Brutus, son fils adoptif. Ceci est un acte de parricide, avant d’être un régicide. Nous, on ne veut pas voir ça en Côte d’Ivoire. Un grand constitutionnaliste français (Maurice Duverger, si je ne me trompe) a dit que le pouvoir rend fou et que le pouvoir absolu rend absolument fou. Monseigneur Siméon Ahouanan a récemment dit, à Yamoussoukro, que les gens sont rassasiés mais ils veulent toujours manger. C’est vrai ou c’est faux ? C’est ça, le vrai problème de ceux qui détiennent actuellement le pouvoir d’Etat : manger, manger et continuer à manger sans contrôle ni limite ni respect pour les autres. Donc, que les gens se réveillent de l’enivrement et de l’ivresse du pouvoir d’Etat qu’ils possèdent ! Un pouvoir politique, ce n’est pas éternel. Tu le détiens pour un temps, et tu laisses ça à d’autres. L’alternance politique n’a pas d’autre définition que ça. Qu’ils regardent le cas du désistement d’Abdelaziz Bouteflika, le président essoufflé et sortant de l’Algérie, à qui le peuple et l’Armée ont barré le passage pour le fantasme d’un 5ème mandat, après 20 ans de pouvoir !
Chez nous ici, le régime Ouattara s’est définitivement donné le peuple ivoirien pour adversaire. Aujourd’hui, en Côte d’Ivoire, si on impose tout au peuple, à la tête même d’une institution comme l’Assemblée nationale, deuxième pilier dans une démocratie, c’est que ceux qui sont au pouvoir et qui rêvent d’y être boulonnés, n’en ont plus vraiment pour longtemps, là où ils sont. Ils se sont mis à dos le peuple ivoirien. Il n’y a pas pire erreur pour un chef d’Etat et son régime, de se donner le peuple pour adversaire. Tchoko-tchoko, ils quitteront le pouvoir, car le peuple veut qu’ils quittent le pouvoir. Car ce sont les urnes qui triompheront en 2020, car les urnes qui donnent et arrachent le pouvoir-là, le peuple ivoirien les tient déjà lui-même dans ses mains. Cette réalité politique apparaîtra brusquement et étonnera les rêveurs de la longévité. Bientôt, il fera jour, car la nuit noire où nous sommes, passera. Peuple ivoirien, tiens bon, tiens bon, tiens bon ! Ton heure sonne déjà. C’est toi, et toi seul, qui choisiras le futur président de la République, que tu veux en 2020 !
Sylvain Takoué,
Président du
Rassemblement des Fiers Ivoiriens (R.F.I.)
Pour rejoindre le Rassemblement des Fiers Ivoiriens,
Infoline : (225) 58 30 40 00.
Commentaires Facebook