Quand le Bureau Politique (BP) du Parti s’est réuni pour dire non au parti unifié, j’avais dit qu’il ne saurait y avoir d’alternative. Toute velléité d’équilibrisme, de centrisme ou de neutralité serait de la pure farce pour endormir la direction du Parti, vue la méthode et la tactique de plan commun de l’adversaire. Le temps a fini par me donner raison. Un fameux concitoyen que j’admire finira par dire un de ces jours : « (…) la politique ne doit pas se revêtir du laid voile de l’opportunisme, de l’équilibrisme ou de tout autres nauséeux « isme ». » Deux groupes se distinguent parmi ces équilibristes ou neutres : celui de ceux qui ne partagent pas les idéaux voire les méthodes de l’adversaire, qui refusent pourtant de s’affirmer et de se montrer au grand jour pour des raisons surement égocentriques et ceux qui dans leur logique de dissimulation n’interviennent que quand l’adversaire est menacé par la réaction de notre part. Ils voient très bien les manœuvres de déstabilisation de l’adversaire. Cependant ils ne réagissent jamais pour l’interpeller. C’est quand notre camp réagit qu’ils viennent se jouer aux pompiers. Parmi ceux-ci, je nomme une des très grosses pointures de l’écriture et du journalisme en Côte d’Ivoire : VENANCE KONAN !
Sous le règne de Laurent GBAGBO, le binôme TIRBUCE KOFFI-VENACE KONAN a fait les heures de gloire du journalisme ivoirien. La beauté de leur plume pour dénoncer le régime de la refondation avec ses dérives était sans pareil. Je me rappelle encore de l’éditorial d’un qui avait expliqué le pourquoi du surnom SEPLOU du Woody de Mama. Ah ! C’était la belle époque de Fraternité Matin avec Honorat de Gnédagne, Jean-Baptiste Akrou etc. Le récipiendaire du prestigieux prix Ebony est brillant, très brillant et donne le goût de la lecture. Dans la crise politique actuelle que connaît la Côte d’Ivoire, le brillant journaliste est en train d’éveiller les consciences et attirer l’attention des uns et des autres sur le danger que cours la nation.
Je me réfère à ses trois édito: « Temps difficiles à venir », « Vœux et allégeance », « Côte d’Ivoire : Balle à terre ». Dans cette crise profonde et déchirante de la séparation entre le PDCI-RDA et le RDR son ex allié d’hier, Venance plane au-dessus de la mêlée. Dans ses éditos, il prend le soin de bien analyser le factuel avant de proposer des solutions ou même de donner son avis. C’est cela le vrai journalisme. La langue de Molière étant très complexe, il faut parfois assez de vigilance pour comprendre un texte. Les analystes savent autant que moi qu’un seul mot ou une seule phrase peut changer la substance de tout un texte. C’est la subtilité du maniement de la langue. Il faut reconnaître l’excellence du directeur général actuel du quotidien « Fraternité Matin ».
Dans « temps difficiles à venir », le Directeur général expose de façon tellement éloquente les circonstances du décès d’Abou Drahamane Sangaré du FPI et aussi l’arrivée des avocats français venus aider le PDCI-RDA dans le contentieux électoral face au parti au pouvoir lors des dernières élections locales. Brillamment présenté, il finit son édito en disant : « mais en attendant (…) il serait bien que leur patron (ndrl Henri Konan Bédié président du PDCI) nous explique ce qui n’a pas marché dans cette histoire de Rhdp qu’il avait appelé lui-même de tous ses vœux et dans laquelle plusieurs de ses militants avaient sincèrement cru. Est-ce vraiment parce qu’il veut revenir au pouvoir et que ceux qui y sont actuellement ne veulent pas lui faire la passe qu’il est fâché ? Nous avons vraiment besoin de savoir ». A première vue, le dernier paragraphe de l’édito peut sembler une question objective voire banale sur la crise entre les deux partis politiques locomotives de l’ex groupement politique Rhdp. Mais à y voir de près, c’est une tournure en dérision du président Henri Konan Bédié dans cette crise qui l’oppose à l’homme fort du palais du Plateau.
Dans « Vœux et allégeance », le journaliste explique comment Bédié l’aurait lui-même contacté par sms pour qu’il soit présent à la présentation des vœux du président du Parti à la presse. Par la suite, il présente les liens presque filiaux qui le lient au sphinx de Daoukro. Enfin, il donne son avis sur la position actuelle de Bédié dans l’arène politique ivoirienne : « Je persiste à croire et à dire que c’est une erreur de la part de M. Bédié, et que cela risque d’être le combat de trop. Et sur ce chemin-là, je ne le suivrai jamais. Que les choses soient bien claires. J’estime qu’avec le parcours qui est le sien, sa place n’est plus dans l’arène, mais au-dessus de la mêlée. J’aurais voulu qu’il fût celui qui réconcilie Alassane Ouattara et Guillaume Soro, Affi N’Guessan et Simone Gbagbo, Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, plutôt que celui qui prend position pour l’un contre l’autre. J’aurais voulu qu’il fût celui qui rassemble tous les fils du Pdci-Rda, même les plus turbulents, plutôt que celui qui exclut. J’aurais voulu qu’il fût l’homme des discours apaisants, et non celui aux violentes diatribes. J’aurais voulu qu’il s’entourât de colombes plutôt que de faucons. » De là, il exprime sa pensée de la place du PDCI vis-à-vis du RHDP : « Au fait, avec qui le Pdci-Rda compte-t-il reprendre le pouvoir lorsqu’il chasse tous ses cadres ? Je pense que la place du Pdci-Rda est dans le Rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qu’il soit unifié ou pas. L’houphouétisme, c’est l’union, pas la division. Je voudrais rappeler que c’est le président Bédié qui a, le premier, parlé de la nécessité de créer un parti unifié dans son « appel de Daoukro. » Il donne un conseil hallucinant à Bédié : « Je pense aussi que dans la vie, il arrive toujours un moment où il faut passer la main. Lorsque l’on est déjà entré dans l’histoire, il faut savoir y rester. Le Chef de l’État a invité le Président Bédié à deux reprises à passer le relais à une autre génération, en citant les exemples de plusieurs dirigeants occidentaux qui sont à peine quadragénaires. La Côte d’Ivoire a changé. Les Ivoiriens aussi. Dans leur grande majorité, ils ont moins de trente ans. Notre pays a une histoire particulière que nous avons tous contribué à écrire, et qui nous a amenés à nous battre il n’y a pas très longtemps. Nous devons impérativement tourner cette page en passant le relais à une autre génération. Faisons attention à ne pas réveiller de vieux démons comme nous le faisons actuellement. Que tout le monde, dans tous les camps, garde en mémoire que nous avons un pays encore fragile, que des mots, de simples mots peuvent faire beaucoup de mal »
Sacré Vénance Konan, le conseiller spécial de Bédié, qui aime Bédié plus que lui-même, qui sait mieux que le sphinx de Daoukro ce qui est bon pour la Côte d’Ivoire et pour Bédié lui-même. J’applaudis des deux mains cet appel tragique et grave du sieur Konan qui entrevoit la chute certaine de son Homonyme de Daoukro et le risque certain que ce dernier est en train de courir et faire courir à la Côte d’Ivoire. Sacré Venance Konan dont la vue n’est fixée que sur le Bédié périmé dont la place est aux oubliettes afin que Ouattara soit célébré dans toute sa gloire et sa splendeur comme le Seigneur Tout-Puissant de la Côte d’ Ivoire. Sacré Venance Konan dont les prophéties sur le médiocre Laurent Gbagbo se réalisèrent en un coup de baguette grâce au Seigneur Tout-Puissant Ouattara de la Côte d’Ivoire. Ces deux éditoriaux m’ont fait rire aux éclats quand je vois comment notre pays et notre continent est rempli de pseudo-intellectuels pathétiques qui ne font que voir ce qui les arrange. Ils ont l’art d’utiliser leur analyse critique pour biaiser le débat en faveur de leur mentor ou d’eux-mêmes. Venance Konan a-t-il écouté le discours de l’appel de Daoukro ? L’a-t-il lu ? Ou bien c’est parce que son mentor est mis à nu devant toute la nation ivoirienne pour sa mauvaise foi ontologique qu’il est devenu soudainement amnésique ? Je souffre pour l’Afrique pas pour Ouattara et Bédié, mais pour la génération de la trempe de Venance Konan dont l’éveil intellectuel s’accentue ou s’atténue en fonction de ce qu’il a envie de voir. Quand Bédié cède aux caprices de Ouattara, il devient la référence, le sage et l’homme de la paix. Mais quand il lui oppose une fin de non-recevoir, il devient tout à coup vieux, périmé, ivrogne bon à mettre au placard. Et c’est des gens comme Venance qui encouragent cela et se disent intellectuels.
Cette façon de faire est ce que j’appelle la sorcellerie des temps modernes. Être sorcier ce n’est pas seulement se transformer en animal ou en un quelconque objet pour aller nuire à son prochain au cœur de la nuit. Le sorcier, est l’hypocrite palpable qui voit et qui sait mais fait semblant de rien. Comme annoncé plus haut, ils ne disent jamais rien lors de l’assaut de l’adversaire. C’est quand l’autre partie réagit qu’il vient se jouer les équilibristes. La preuve, après les injures grossières de leur manchin détraquée de Tengrela contre la présidente de l’UFPDCI urbaine, l’éditorialiste n’a fait qu’appeler à la balle à terre pour éviter de tomber dans la violence en pressant de fermer au plus vite la boîte de Pandore. Ceci dans l’édito « Côte d’Ivoire : Balle à terre ». Venance Konan n’est pas le seul, plusieurs autres de son espèce rampent les artères des couloirs de la vie politique ivoirienne pour juste se trouver de quoi nourrir leur ventre. Entre autre, le sieur Sidiki Konaté, actuel ministre du gouvernement Gon Coulibaly II. A la réponse à ce dernier édito, de son congénère Venance, il affirme :
« » Il ne s’agit pas de savoir qui a commencé, mais de ne plus répondre ». Exact ! Mais si nous regardons profondément au-delà des émotions et de certains dérapages contre-productifs, nous constatons avec amertume ceci:
• l’histoire retient que celui qui a engagé le pays dans cette tragique mésaventure de 1999 a un nom et un schéma politique. Et il est triste de constater que c’est le même personnage qui nous réouvre la boite de Pandore et crée ce climat de haine et de tension sur fond toujours de l’ivoirité. Injures mépris et volonté de redéfinir la nationalité de l’adversaire au gré des débats… On pourrait aussi dire que le même personnage produit toujours les mêmes effets, malgré les vicissitudes de l’histoire.
• Or si l’histoire doit être une répétition alors l’amour triomphera encore de la haine. Comme hier en 1999…et même après. En conclusion il ne s’agit pas de ne pas répondre, il s’agit plutôt de savoir répondre autrement en tirant vers le haut. Là où d’autres parlent de ‘match retour’, il nous appartient de parler du ‘match de la paix et du développement’. Et les arguments ne manquent point. »
Pour cet autre partisan du moindre effort, le seul coupable, c’est Bédié car sa seule et unique faute est d’avoir fait échouer le projet de plan commun de liquidation du PDCI-RDA. Ce qui me fait de la peine dans cette situation c’est que tous ces fantassins du régime Ouattara croient que le peuple est dupe. Toute cette basse-cour du régime d’Abidjan sait qu’une amitié conçue que pour être au service d’une seule personne finit toujours dans le mur. L’amitié à sens unique n’est que feu de ronce. TIKEN DJAH FAKOLI et ALPHA BLONDY qui avaient tant d’inspiration satirique sous les régimes passés d’Abidjan ont subitement perdu leurs talents. Ils ne voient plus, ne sentent plus, ne parlent plus. Quant à Venance, il sait bien le fond de son problème. Il a encore en mémoire sa fameuse idylle avec Diakité Cotty Souleymane alors ministre de la communication qui a failli lui coûter son poste. Brou Aka Pascal en avait fait les frais à l’époque. En pareille situation Venance n’a qu’un seul choix : glisser tout doucement vers le mauvais côté de l’histoire et de la vérité malgré ses observations et suggestions objectives. La clé de voûte de Venance Konan est toute simple : il a versé une petite larme à Yamoussoukro en 2010, quand Bédié a appelé ses partisans à voter pour Alassane Ouattara. Tous ces personnages ont un point en commun : ils fument beaucoup. Vénance Konan, Sidiki Konaté, Tiken Djah Fakoly et Alpha blondy sont des gros fumeurs. A la seule différence que parmi tout ce beau monde, un seul fait preuve de sa lucidité légendaire. Si Konan Bédié malgré son âge, a dû se lever pour se mettre dans ses bottes d’opposant, c’est parce que la génération des gens comme Venance Konan sans exception a failli et échoué face à l’histoire de notre jeune nation ivoire.
Nanan Kôtôkô Yiyné
Citoyen ivoirien
Nous ferons de notre pays ce que nous souhaitons tous. Vivre ensemble en bonne intelligence ou périr ensemble comme des idiots.