Certaines diaspora ouest-africaines se donnent une visibilité notoire
PM Kokora
En décembre 2013, une équipe composée d’un membre de la direction générale du Trésor français (Martin Fortes), de l’Agence française de développement (Daniel Kamelgarn) et de l’Inspection générale des finances en France (Emmanuel Saliot avec l’aide de Paul Sarton du Jonchay et de Tristan Le Guen) a rédigé et remis au ministre français de l’économie et des finances un rapport intitulé Afrique France un partenariat pour l’avenir.
Dans ce rapport, les auteurs font le constat que l’Afrique subsaharienne (l’ensemble des pays africains à l’exception de l’Afrique du Nord, c’est-à-dire l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Lybie, et l’Égypte, soit 49 des 54 pays africains, « dispose en effet aujourd’hui d’une conjoncture et d’un potentiel économiques exceptionnels qui devraient faire d’elle un pôle majeur de l’économie mondiale : elle est jeune et sa démographie dynamique ; elle affiche des taux de croissance élevés ; elle est une terre d’afflux de capitaux ; son agriculture, ses ressources naturelles et ses richesses minières constituent des atouts considérables pour assurer au continent croissance et développement ; les avancées sociales sont réelles et significatives ; elle est, enfin, un carrefour stratégique qui concentre les grands défis mondiaux : sécurité, économie, enjeux liés aux matières premières, à l’environnement, à l’énergie et à la gouvernance mondiale ».
C’est dans le contexte de cette Afrique subsaharienne qui « dispose aujourd’hui d’une conjoncture et d’un potentiel économiques exceptionnels » que certaines diasporas ouest-africaines ont délibérément fait le choix de s’octroyer une visibilité notoire dans leur pays d’origine. C’est le cas de la diaspora nigériane (https://www.agenceecofin.com/economie/1202-63914-la-diaspora-nigeriane-prevoit-dinvestir-3-milliards-dans-leconomie-du-pays) qui prévoit d’investir 3 milliards de dollars américains dans le processus de diversification de l’économie du pays. Cette initiative à venir fait suite à une initiative antérieure, engagée en 2017 et qui était une émission obligataire (diaspora-bonds) d’environ 300 millions de dollars américains.
Une autre initiative ciblant une autre diaspora ouest-africaine est celle du Sénégal (https://www.ouest-france.fr/monde/senegal/senegal-15-nouveaux-sieges-de-deputes-pour-la-diaspora-au-parlement-4716928). Ce pays a décidé de capitaliser la contribution de sa diaspora qui est forte de 2 à 3 millions d’âmes. En 2017 en effet, les Sénégalais de l’étranger ont financé le tiers du budget national, soit 900 milliards de francs CFA. C’est sans doute pour cette raison que le pays a pris la décision d’octroyer une visibilité notoire à sa diaspora en créant 15 nouveaux sièges de députés au Parlement sénégalais.
Les deux exemples susmentionnés peuvent-ils servir d’adjuvant à notre diaspora ivoirienne qui, singulièrement disparate sur tous les plans et particulièrement affectée par les clivages politiques de notre pays d’origine, a trop tendance à vivre en communautés ethniques profondément attachées à reproduire à l’étranger les us et coutumes du pays que nous avons quitté il y a plus de 15, voire 20 ou 30 ans. C’est pour aider à pallier ces difficultés-là que le FPI a eu le nez creux, depuis son Congrès de Mama du 30 avril 2015, en créant, au sein de son instance de direction, un espace dénommé 3ème vice-présidence-FPI en charge
d’organiser la réflexion et la conception de l’action du Parti en matière de mobilisation de la Diaspora ivoirienne, en vue d’un plus grand impact du FPI au sein de celle-ci et de son appui solidaire aux objectifs prioritaires du développement [de la Côte d’Ivoire].
Cette mission d’organisation de la réflexion et de la conception de l’action de ce parti politique ivoirien pour impacter sa diaspora, dans sa multiplicité et sa diversité, ne saurait être assimilée à une machine de propagande et de recrutement de politique partisane. Vous conviendrez avec moi qu’il importe plutôt de saluer cette heureuse initiative. C’est pourquoi, dans une correspondance à venir, il vous sera proposé, dans le cadre de cet espace d’organisation de la réflexion suivie d’actions concrètes et pertinentes, deux programmes de visée économique pour l’un et de visée de justice sociale pour l’autre. Par le truchement de ces deux programmes, la 3ème vice-présidence-FPI entend encourager notre diaspora ivoirienne à se donner une visibilité notoire, en tant qu’entité ivoirienne expatriée et non pas comme des démembrements éparses des partis politiques ivoiriens. Il devient urgent que notre diaspora ivoirienne se comporte en émule des diasporas nigériane et sénégalaise susnommées. Notre diaspora ivoirienne doit arrêter de colporter dans ses pays d’accueil les rivalités des politiques partisanes ivoiriennes qui nous empêchent de nous asseoir autour d’une table d’échanges et de discussions franches aux fins de mettre à plat les questions d’intérêt hautement national qu’il ne convient point d’occulter quitte à en laisser la résolution à la seule gouverne du parti politique au pouvoir.
Dans le cadre de cette 3ème vice-présidence-FPI, il est globalement envisagé une douzaine de questions d’intérêt national qui méritent une organisation méthodique d’un débat national sans fioriture ni petits calculs partisans. Ces questions doivent susciter un débat national authentique, en dehors de toute idéologie politique partisane. Dans la correspondance à venir, mention vous sera faite de la liste de ces questions, essentielles à mon sens. En attendant, je vous souhaite une bonne réception du courriel de ce jour, vendredi 15 mars 2019 et je demeure dans l’attente de votre retour, à votre plus proche convenance.
Commentaires Facebook