L’Esprit « vous fera accéder à la vérité tout entière » (Jn 16,13). L’Esprit saint continue de faire des révélations et aucun réseau humain ne pourra l’arrêter. Depuis quelques jours nous sommes submergés par une autre affaire qui cette fois touche l’homme chez qui beaucoup de bergers catholiques vont apprendre leur exorcisme, leur système d’évangélisation pour créer du désordre dans les Églises d’Afrique au nom d’une certaine évangélisation et d’un œcuménisme teinté de fétichisme. Nous nous intéressons à cette affaire parce qu’il y a quelques semaines un ‘‘berger’’ ivoirien de la communauté mère du divin amour s’est prosterné devant ce pasteur AlPh Lukau. Pour sauver quelques catholiques, je propose cette réflexion théologique.
Qu’est-ce que le miracle ?
Le terme miracle vient d’un vocabulaire latin, Mirari, qui signifie s’étonner. Il est question d’un fait qui dépasse la nature normale des choses, qui dépasse l’entendement humain et crée la stupéfaction chez l’homme. A partir de cette définition, nous pouvons comprendre que le miracle dans la Bible découle de Dieu, c’est une manifestation de sa divinité, de sa puissance. C’est pourquoi l’histoire biblique est constituée de miracles parce qu’elle est une histoire de Dieu.
Quelle est la finalité d’un miracle ?
Le miracle dans Bible est un signe, un prodige qui n’est qu’une réalité qui nous ramène à Dieu. Dans le miracle on dépasse le signe pour contempler et adorer celui qui est à l’origine du miracle, Dieu. C’est pourquoi dans la Bible, après chaque miracle, c’est Dieu qui est loué. Lorsque Jésus impose le silence messianique, même les esprits mauvais l’adorent. Le miracle n’est donc pas opéré pour la gloire d’un humain, pour l’élévation d’un individu mais pour mettre en évidence Dieu et Dieu seul.
La doctrine et les miracles
Selon Blaise Pascal, « les miracles discernent la doctrine et la doctrine discerne les miracles ». Il y a donc un lien entre le miracle et l’enseignement de l’Église. Un des critères pour reconnaître un miracle est son lien avec ce que dit l’Église qui est fondé sur la Bible. Déjà dans le livre du Deutéronome c’est ce critère qui est précisé pour détecter les faux prophètes (Dt 13,2-5 ; 18,21-22). Dans ces versets il est question de discerner les signes des prophètes à partir de la parole de Dieu. Dans le nouveau testament, Jésus nous met en garde contre les signes et les prodiges des faux prophètes (Mc 13,22). Paul nous parle du déguisement de satan pour la perte des âmes (2 Co 11,14 ; Ga 1,5-9). Le discernement est important pour tester les prophéties nouvelles et les miracles aujourd’hui.
Le fruit spirituel des miracles
« C’est au fruit qu’on reconnait un arbre » (Mt 12,22). Voici un deuxième critère pour discerner un miracle. Quel est le message nouveau que nous apporte le miracle qui est opéré ? Dans la Bible, nous avons plusieurs miracles qui nourrissent notre foi. Donc le miracle nouveau doit nous apporter un plus dans notre vie spirituelle. En quoi la résurrection d’un mort en Afrique du sud ajoute quelque chose à notre foi ? La résurrection de Lazare n’est-elle pas importante et suffisante ? N’est-ce pas la résurrection du Christ qui est au fondement de notre foi ? La résurrection en Afrique du sud ne met-elle pas en valeur une personne puisque Jésus a déjà opéré des miracles ? Il y a plusieurs miracles qui ont permis à l’Église de proclamer une doctrine. C’est le cas de l’immaculée conception de Marie avec l’apparition de la Vierge à la petite Bernadette à Lourdes. Donc un miracle qui n’ajoute pas un plus à la foi, à l’enseignement de l’Église mais qui a pour but de diviniser quelqu’un, d’attirer par une grande publicité des clients dans les entreprises chrétiennes d’aujourd’hui appelées ministère, apostolat, sacerdoce est un fait à la gloire de lucifer.
La reconnaissance d’un miracle par l’Église catholique
Dans l’Église catholique c’est le Magistère, c’est-à-dire le pape et les évêques qui reconnaissent une intervention divine après une procédure qui inclut des théologiens, des canonistes, des médecins, des anthropologues, des psychologues, des sociologues etc. Par exemple à Lourdes nous avons un bureau médical qui examine les dossiers, authentifie les cas, mène les enquêtes et fait un travail et une étude pendant cinq ans pour attester de la guérison miraculeuse. Ensuite, le bureau fait un suivi pendant les quinze années après le miracle ou la guérison selon le docteur Patrick Theillier, ancien responsable du bureau médical de Lourdes. Car après un fait miraculeux lors d’une prière il faut un bon temps d’observation pour affirmer qu’il y a eu vraiment un miracle. Après les enquêtes des experts, les dossiers sont transmis aux autorités ecclésiastiques qui peuvent déclarer le miracle ou pas (Cf La Croix du 9 juin 2015). Donc dans l’Église catholique un individu ne déclare pas qu’il y a eu un miracle. Il y a une procédure à suivre. L’Église observe une grande prudence car elle ne doit pas mentir puisque Dieu est dans le vrai. Du fait de l’importance de la foi des fidèles, l’Église utilise donc tous les moyens spirituels et scientifiques avant de déclarer publiquement un miracle. Elle donne même la parole à des scientifiques non catholiques pour l’expertise.
Que retenir ?
L’Église catholique invite les chrétiens à la prudence face aux faits merveilleux dans les séances de prières parce que satan lui-même qui est lucifer, l’ange de lumière déchu, peut par la ruse agir de manière miraculeuse pour tromper les enfants de Dieu. Dans la Bible, Pharaon face à Moïse a opéré des signes et prodiges (Ex 8,12-15). L’Église nous invite à fonder notre foi sur le Christ et non sur des étoiles filantes, du mystérieux et du merveilleux. Devenir chrétien c’est accepter une Personne, le Christ. Aujourd’hui du fait de la souffrance et de la misère qui ne sont pas l’œuvre de Dieu, nous façonnons une Église qui doit répondre à nos attentes passagères. Nous réduisons le salut au mariage, à l’enfantement, à la richesse facile, à la prospérité malhonnête, à la guérison.
Suivre Dieu n’est pas une absence d’épreuve. Celui qui pratique les fruits de l’Esprit sait affronter les épreuves et être victorieux. La course au merveilleux nous conduit très souvent à satan le merveilleux par excellence. Aujourd’hui, l’Afrique est l’espace dans lequel satan est à l’aise parce qu’il nous amène à ne plus espérer. Même en Europe, les faux bergers et les faux pasteurs avec leurs communautés sont concentrés dans les quartiers où se trouvent les africains parce que c’est ce peuple qui aime se construire dans les rêves et visions. Chrétiens catholiques africains, ce qui s’est passé en Afrique du sud ne doit pas vous attirer et alimenter vos causeries parce que c’est un fait qui ne se produit pas dans votre Église et qui ne peut rien ajouter à votre foi. Dans cet évènement, c’est Dieu qui ouvre vos yeux et vous invite à fonder votre foi dans le plus grand miracle : le Christ ressuscité et réellement présent dans l’Eucharistie.
Les gesticulations des papas, daddy, des mamans, des prophètes et tous ces bergers d’un luxe insolent et insultant qui se disent catholiques mais qui agissent dans un mélange ‘‘évangélico-féticho-maçonnique’’ sont des signes lucifériens. Le christianisme est une religion simple parce que Dieu est dans la simplicité. Quand vous voyez un christianisme de rendez-vous de miracles, un christianisme où on sélectionne les versets merveilleux de la Bible, un christianisme de vente d’huile et de parfum, un christianisme où l’on conditionne le miracle par la valeur de vos dons, c’est du satanisme déguisé et non l’Église catholique romaine.
Père Marius Hervé N’guessan Djadji
Prêtre du diocèse de Yopougon (Côte d’Ivoire)
Docteur en théologie dogmatique
Commentaires Facebook