Interview: Evariste Méambly (Député de Facobly) : « Voici pourquoi j’ai opté pour le RHDP » « L’Ouest a vraiment besoin de Ouattara »
Député de Facobly et ancien président du Conseil régional du Guemon, Evariste Méambly a depuis quelques mois déposé ses valises au RHDP. Dans cet entretien, il revient sur les raisons de son choix, évoque la question de la démission de Guillaume Soro à la tête de l’Assemblée nationale. Non sans inviter ses parents à adhérer massivement au RHDP.
Le Patriote : Qu’est-ce qui vous a motivé à adhérer au RHDP ?
Evariste Méambly : Il y a trois éléments. Le premier élément essentiel, c’est le volet parlementaire. Très tôt avec mes collègues députés, au nom du groupe parlementaire « Agir pour le peuple » , nous avons introduit auprès du président Soro Guillaume, le 29 mars 2017, notre politique générale, c’est-à-dire nos futures actions politiques. Il s’agit de faire la promotion de la cohésion sociale, de la réconciliation, la promotion des droits humains, promouvoir le dialogue inclusif, des propositions de lois d’amnistie des détenus de la crise postélectorale pour aboutir à la libération de ceux-ci. Nous avons ajouté à cette loi l’indemnisation des victimes de guerre. Aujourd’hui, après avoir parcouru toutes les chancelleries de Côte d’Ivoire, nous avons eu leur soutien et ils nous ont demandé d’être courageux. Nous sommes allés six fois à la CPI pour rencontrer Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé pour en discuter. A cet effet, le président Laurent Gbagbo nous a mis en mission vers toute la classe politique et la société civile afin d’obtenir leur adhésion à la loi d’amnistie. Et voilà que le président a pris la sage décision d’amnistier les détenus de la crise. Qu’elle soit par ordonnance ou par une loi pourvue que cette amnistie soit la main tendue du président Ouattara envers ses frères. Et c’est ce qu’il a fait. Nous sommes heureux que cela advienne. Il va falloir que l’indemnisation des victimes soit aussi une réalité. En allant au RHDP, au plan législatif, le RHDP a 162 députés, donc la majorité écrasante. Il fallait donc aller vers cette force politique pour faire adopté la loi d’amnistie. Nous voyons et nous savons que le président Ouattara a fait les preuves de sa bonne foi en créant la CDVR avec un fonds de 17 milliards. Ensuite, la CONARIV avec Mgr Ahouanan. Il y a eu la commission nationale d’enquête. Enfin, il a confié cette mission à notre sœur Koné Mariatou pour achever le processus. Mieux, il a donné 10 milliards de FCFA pour l’indemnisation. Il fallait accompagner le chef de l’Etat. La deuxième raison, en ma qualité d’homme de droit et du PDCI-RDA, qui mieux que moi pouvait accepter la main du président à aller au RHDP ? Je ne pouvais pas donner dos à l’Houphouëtisme en mémoire de mon grand-père qui était membre fondateur du PDCI-RDA. Ma place, c’est dans le RHDP et non ailleurs. La troisième raison, le président Ouattara est quand même l’un des grands bâtisseurs héritier du père fondateur et qui a un bilan inattaquable soutenu par une croissance de 8% avec un fort taux classé parmi les meilleurs du monde. La Côte d’Ivoire enregistre une performance quasi-inexistante en Afrique et dans le reste du monde. On ne parle pas des infrastructures routières qui poussent comme des champignons et la sécurité qui est au rendez-vous grâce au leadership du président Alassane Ouattara. Alors, on ne peut pas donner dos au développement et suivre des politiciens qui vont nous conduire dans l’abîme et des vendeurs d’illusion. La Côte d’Ivoire a besoin de stabilité et de paix.
LP : Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes venu au RHDP par opportunisme, que vous avez trahi le FPI et le PDCI ?
EM : Je leur ramène la question, qu’ils me disent quand je fais 25 ans avec le président Bédié, quand je paye la caution de 8 millions de la caution du président Bédié au Bureau Politique du PDCI-RDA, quand je donne deux mandats législatifs et un mandant du conseil régional au PDCI et au président Bédié ; s’agissait-il d’opportunisme ou de passion ? Je l’ai fait avec mes moyens et j’ai gagné toutes les élections en indépendant. Je n’ai pas eu un petit vélo au président Bédié et du PDCI-RDA. Même pas un poste de balayeur. Mais je l’ai fait, parce que je suis un petit-fils d’un membre fondateur du PDCI. Qu’on ne me dise pas que j’ai trahi le PDCI-RDA. Je suis prêt à tous les débats sur la question. J’ai créé un comité de soutien à la force de réunification en 2010 qui m’a coûté près de 800 millions de F CFA. Mes efforts de paix dans la période de crise ont été connus de tous. Hier, j’étais avec le président Gbagbo dans le cadre des actions de la paix et de la réconciliation. J’ai donc fait des efforts de paix pour le PDCI, le FPI et LMP. C’est pour cela qu’aujourd’hui, je ne suis pas prêt à tourner dos au développement et m’engager dans l’incertitude. Gbagbo, c’est mon aîné, Bédié, c’est mon père. Mais pour l’heure, j’assume mon appartenance au RHDP. Le jour où je constaterai un problème, je le dirai au président Ouattara comme je l’ai fait hier avec Gbagbo et Bédié. Être opportuniste, c’est être en phase avec la réalité. Je défends mes positions et je vais l’assumer. L’intérêt de la Côte d’Ivoire est avec le RHDP et le président Alassane Ouattara.
LP : Comment interprétez-vous la démission de Guillaume Soro de la présidence de l’hémicycle ?
EM : Le président Soro sait que dans toutes les démocraties au monde, le perchoir de l’Assemblée nationale appartient à la majorité à part les régimes parlementaires. Il n’y a donc pas de débat. Maintenant, tout ce qui entoure cela comme sortie de sa part, c’est du vuvuzela. Le plus important, il a pris ses responsabilités, il a démissionné, il mène sa nouvelle carrière politique et suit son destin. Je n’ai pas de commentaire à faire sur sa démission. En ce qui nous concerne au RHDP, nous allons élire notre président au perchoir du parlement. Si tu vis avec une femme et qu’elle dit qu’elle veut divorcer, est-ce qu’on a besoin de crier sur tous les toits ? Une fois que le divorce est prononcé par la justice, est-ce que vous avez à crier encore que le divorce est mal fait ? C’est un divorce arrangé et voulu. Le débat est clos. Il faut qu’on avance sur les réels problèmes de la Côte d’ Ivoire. J’attends de Soro son programme de société pour les Ivoiriens et la Côte d’Ivoire. Il faut qu’il prouve qu’il peut faire mieux que le bilan inattaquable du président Ouattara. Quittons ce débat de démission de bas étage.
LP : Vous avez dit à vos parents que si Soro a laissé le président Ouattara, vous vous le prenez. Quel est le sens de votre pensée ?
EM : Vous savez, l’Ouest a souffert des affres de la guerre. Mais aujourd’hui, ce triste tableau est derrière nous. On a besoin de tranquillité. L’Ouest ne veut plus vivre ce qu’on a vécu. Chez nous, Soro nous a été présenté comme le fils du président Ouattara. Si aujourd’hui, il n’est plus avec lui, on suppose que c’est un fils du Nord qui laisse son père. Mais nous à l’Ouest, nous sommes orphelins. Nous avions soutenu Gbagbo hier. Mais il est en prison. Nous cherchons un père. Si Soro ne veut plus de Ouattara comme père, parce qu’il a un nouveau père, il est peut-être rassasié. Or à l’Ouest, on a faim, c’est-à-dire que les jeunes ont besoin de travail, les cadres veulent le développement, le Guémon veut le bitume. Donc l’Ouest ne peut pas donner dos au président Ouattara, parce que Ouattara, c’est le développement total. L’Ouest rêve d’avoir ce qu’Abidjan et Daoukro ont. Tu laisses, nous on prend avec le tabouret que tu as laissé. L’Ouest a vraiment besoin de Ouattara. Elle a essayé avec Bédié et Gbagbo. La région de l’Ouest veut essayer aussi Ouattara. Pour terminer, je voudrais lancer un message de paix. Je suis un homme de paix et je l’ai prouvé dans ce pays. Je souhaite qu’on ne fasse plus de la politique politicienne. Il ne faut pas laisser pas la proie pour l’ombre. Si aujourd’hui, tout le monde se rue vers le RHDP et le président Alassane Ouattara, c’est parce que la Côte d’Ivoire se porte mieux. C’est un monsieur sans reproche. Il a réussi le miracle après Félix Houphouët-Boigny.
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