Depuis 2012, les producteurs de l’hévéa en Côte d’Ivoire broient du noir à cause de la baisse continuelle des prix du kg bord champ. D’environ 1000 FCFA le kilo peu avant 2011, le même kilogramme d’hévéa oscille aujourd’hui entre 175 F et 225 F. Des milliers de planteurs sont ainsi démotivés et découragés.
Le jeudi 21 février 2019, au lancement du Salon de l’agriculture et des ressources animales (Sara 2019), le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Mamadou Coulibaly Sangafowa s’est expliqué sur la mévente de l’hévéa aux côtés de son collègue des Eaux et forêts Alain Donwahi, lui-même grand planteur d’hévéa.
Pourquoi l’hévéa est mal acheté et pourquoi le gouvernement ne revient-il pas sur sa réforme qui fait plutôt du mal à la filière ? À cette question lors de la conférence de presse qui a suivi la cérémonie de lancement, le ministre a répondu en ces termes : « La réforme n’est même pas encore mise en œuvre. Donc la source (des mauvais prix) ne peut pas être la réforme. Quel est l’usage de l’hévéa dans le monde ? C’est la pneumatique. Ce qui se passe est que, quand il y a moins de demande de pneus, il y a un impact sur le prix. Notre production est de 4% par rapport à la production mondiale. Nous ne pouvons pas influencer le marché international contrairement au cacao et à l’anacarde. (…) Les réformes de l’hévéa n’ont pas pour but d’agir sur les prix. Mais ce que nous faisons, c’est que 60 % du prix sur le marché international soient payés au producteur. Les structures n’ont pas fini d’être installées, dans le cadre de la réforme. On est bien conscients mais la Côte d’Ivoire n’a pas de marge de manœuvres. C’est la conjoncture internationale qui va changer les choses ».
Sur le même sujet, son collègue Alain Donwahi ne dira pas autre chose. « Ce n’est pas la première fois que les prix (de l’hévéa) sont bas. C’est cyclique. Il y a sept ou huit ans les prix étaient bas. C’est donc maintenant qu’il faut faire de l’hévéa pour pouvoir en bénéficier quand les cours remonteront », a-t-il ajouté.
Faut-il s’en tenir aux dires des deux membres du gouvernement ? Il est bon de rappeler qu’en 2012, le gouvernement ivoirien a initié une annexe fiscale qui a drastiquement modifié la structure des prix de l’hévéa. Une taxe de 5 % sur le bénéfice des industriels avait amené ceux-ci à revoir le prix d’achat aux producteurs à la baisse, toute chose étant égale par ailleurs. En plus de cette taxe, les plantations industrielles ont également été taxées à l’hectare. Le gouvernement ne s’est pas arrêté là. Il a encouragé une sorte de libéralisation de la filière avec l’entrée d’opérateurs non industriels qui exportent désormais des produits bruts. Or par le passé, la production d’hévéa subissait au moins une première transformation au plan local avant toute exportation. Résultat des courses, la filière s’est enrhumée. Les navires peu adaptés à l’exportation brute ont connu des problèmes et les propriétaires ont dû arrêter à un moment donné tout chargement d’hévéa pour éviter la dégradation de leurs engins. Les stocks se sont alors accumulés dans les plantations et dans les entrepôts faisant chuter davantage les prix.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
il est vraiment limité ce ministre Sangafowa(comme bon Dioula) qui ne voit que les roues d’un camion. L’hévéa ne sert pas uniquement á fabriquer des pneus de tes camions de transport. la majorité des ivoiriens comme leur ministre Sangofowa, ne savent pas aussi ce que l’ont fabrique avec l’anacarde.