2,2 millions de tonnes de cacao: La Côte-d’Ivoire s’éloigne encore plus de ses objectifs de transformation de 50% de sa production

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Le ministre Sangafowa Coulibaly remet une cabosse de cacao au Président Alassane Ouattara (Archives)

La production de cacao en Côte-d’Ivoire pourrait atteindre 2,2 millions de tonnes durant la campagne 2018/19, contre 2 millions de tonnes la campagne précédente.

Cette augmentation de la production serait la conséquence de nouvelles plantations entrées en production ces dernières années, mais aussi le resultat de la politique de certification (Fair Trade, UTZ, Rainbow alliance) lancée depuis peu par les gros transformateurs et chocolatiers. Cette politique de certification a en effet permis un meilleur suivi des producteurs.

Infrastructures de transformation précaires

La hausse de la production qui apparait comme positive à première vue, pourrait selon des experts, mettre à nue les errements de l’État par rapport à sa volonté affichée de transformer au moins 50% de sa production nationale avant la vente à l’export.

Depuis 2015 le gouvernement de Côte-d’Ivoire a fait de la transformation de 50% de sa production, basée initialement sur une récolte de 1,7 millions de tonnes, un de ses objectifs principaux.

Les experts rappellent que plusieurs études ont été récemment lancées en Côte-d’Ivoire pour la construction d’unités de stockage et de transformation. C’est suite à ces études que le Conseil café-cacao a créé la compagnie Transcao qui a racheté Chocoivoire (filiale de Saf cacao) pour la transformation initiale de 20 mille tonnes de cacao. Cette usine doit en théorie augmenter sa capacité maximale de transformation à 50 mille tonnes par an. Le CCC a aussi réservé 16 ha de terrain au PK24 pour la construction d’une unité de transformation annuelle de 50 mille tonnes.

«Un pays qui est incapable d’atteindre son objectif de transformation de 50% sur 1,7 millions de tonnes est-il à mesure de le faire pour 2,2 millions de tonnes ? », s’interroge un expert. «Nous savons que la Banque mondiale n’est pas prête à financier des unités de transformation entre les mains de l’État. L’argent de la Banque mondiale est plutôt disponible pour la production agricole et pour l’amélioration des infrastructures. Le manque de financement demeure flagrant et contredit le discours officiel», poursuit notre expert.

Dans les milieux du cacao en Côte-d’Ivoire, l’on mentionne aussi le non fonctionnement de plusieurs unités de transformations telles que Susco, ICC, Foragri, Ivcao et Condicaf.

«Même la construction par CI-AGRI d’une usine de transformation à Bonoua est bloquée. En conclusion, constatant que depuis 2015 la construction des unités de transformation bat de l’aile, l’on peut raisonnablement se demander quelles sont les effets réels de la politique de transformation locale annoncée à grand coup de matraquage médiatique», conclut notre expert.

Les problèmes de transformation ne concernent pas que le secteur cacao selon nos interlocuteurs. Ils touchent aussi la filière anacarde dont seulement 44 mille tonnes sur une production annuelle de 700 mille tonnes sont transformés localement. Loin des objectifs de l’État visant à transformer 50% de la production à l’horizon 2020.

Par Sylvie Kouamé

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