Très tôt ce mardi 13 février 2019, la cour d’appel du Tribunal d’Abidjan, sous les ordres exprès du Ministère Public, siégeait autour de l’Affaire du Député Lobognon, embastillé pour avoir publié un Tweet en début Janvier 2019, dans lequel il défendait un de ses collègues menacé d’arrestation sur ordre du Clan Ouattara. Au terme du procès du jour, le député Lobognon est condamné à 6 mois de prison avec sursis, avec libération immédiate. Une piteuse reculade d’un pouvoir qui se croyait tout permis avant que le front républicain et diplomatique international ne se dresse complètement contre Ouattara!
L’ubuesque de l’affaire a défrayé la chronique. Depuis près d’un mois, Alain Michel Agnima Lobognon croupissait donc en cellule, au mépris total de son immunité parlementaire. Courageux et déterminé, appuyé par une armada d’avocats pugnaces, dont Maître Affoussiata Bamba-Lamine, Alain Lobognon a sonné du fond de sa cellule les tympans bouchés du régime Ouattara par des lettres brûlantes de vérités crues et d’audace visionnaire. Ce soir du 13 février 2019, c’est donc un député Alain Lobognon encore plus fort, grandi par son acte de résistance citoyenne qui retrouvera sa famille ce soir et reprendra, sans coup férir, le chemin de la lutte pour la reconquête des libertés fondamentales du peuple ivoirien.
Comment comprendre la reculade du dictateur ivoirien?
C’est le Président de l’Assemblée Nationale d’alors, Guillaume Kigbafori Soro, quelque temps avant sa démission, qui a sonné et coordonné la mobilisation. Le Bureau du Parlement ivoirien, sous son inspiration, a voté la libération immédiate du Député et l’arrêt des poursuites judiciaires. Des députés de tous bords, dans cette même veine, ont requis la fin des violations des droits du législatif. La Compagnie citoyenne du Leader Générationnel ivoirien s’est mobilisée comme un seul homme, tout comme l’ensemble des partis politiques de l’opposition et des organisations des droits humains dans le pays. Un front commun citoyen s’est de facto levé dans le pays contre le énième abus du monarque présidentiel. Ouattara a ainsi rapidement perdu le masque qui constituait son ancienne façade modernité, puis les boucliers de la pertinence et de la communication. Le dictateur des lagunes a rapidement été habillé pour tout l’hiver, des pieds à la tête par une pluie d’éditoriaux cinglants, à travers la Côte d’Ivoire, l’Afrique et le monde.
Les magistrats et les avocats ivoiriens se sont levés comme un seul homme contre les dérives de Ouattara, dans la foulée. Puis, ce fut le tour de l’APF, de l’UIP, d’Amnesty International, de se relayer en vagues de protestations argumentées et documentées contre l’hubris du président de la minorité RHDP, née de l’implosion de l’ancienne majorité présidentielle. Malgré cette houle de protestations nationales et internationales, et pendant qu’il se faisait écraser sur les réseaux sociaux, le régime RHDP multipliait des gestes d’arrogance et de véhémence contre ses contempteurs pourtant très déterminés.
La démission spectaculaire et historique du Président de l’Assemblée Nationale Guillaume Soro le 8 février 2019, semble être venue définitivement renverser la vapeur en défaveur du régime. Tout d’un coup, l’évidence s’est imposée: Ouattara est bel et bien à la tête d’un RHDP qui n’est plus que l’ombre de lui-même, un Clan solitaire aux sommets escarpés du pouvoir.
Mais, c’est lorsque le Secrétaire d’Etat Américain David Hale a sommé le président Alassane Dramane Ouattara de renoncer au projet de viol constitutionnel pour un prétendu 3ème mandat en 2020, et lorsque le Président français Emmanuel Macron l’a convoqué dans la foulée pour une audience le 15 février prochain à 18 à l’Elysée, que le dictateur Ouattara a commencé comme on le dit ordinairement à Abidjan, à » prendre drap » (paniquer). En effet, et en profondeur, les parlementaires français, choqués par l’attitude de Ouattara et mobilisés par le Leader Guillaume Soro dans le cadre de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) dont il est le Vice-Président mondial, mais aussi les parlementaires du monde entier membres de l’Union Inter Parlementaire (UIP), ont obtenu du Chef de l’Etat français qu’il recadre son homologue ivoirien. L’audience du 15 février 2019 à l’Elysée était entièrement conditionnée par la libération du député ivoirien par Ouattara. Ce dernier, de guerre lasse, s’est donc soumis sans broncher au préalable du Chef de l’Etat Français Emmanuel Macron, qu’il n’osera jamais traiter publiquement de « jeune homme », alors que l’ancien Président du Parlement Guillaume Soro, avec lequel il s’est permis ces polissonneries anti-républicaines en Côte d’Ivoire, est de six ans plus âgé que le Président Français.
Toute honte bue, c’est un Alassane Dramane Ouattara, le profil bien bas, qu’on verra ce 15 février 2019 dès 18 heures au Palais de l’Elysée en France. L’Histoire retiendra qu’à peine rendu dans l’opposition, Guillaume Kigbafori Soro a fait mordre à la dictature du Clan d’ Alassane Ouattara son premier carré de poussière, un certain 13 février 2019, en obtenant la libération du député innocent Alain Michel Lobognon. Et ce n’est pas la honteuse et scandaleuse peine de sursis de 6 mois de prison – au mépris de l’article 94 de la Constitution ivoirienne- qui cachera la cinglante déconvenue du très isolé Président du RHDP unifié. La marche résolue vers la fondation de l’Etat de droit ivoirien reprend clairement de plus belle.
Une chronique du Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun
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