Guillaume Soro n’est plus le président de l’Assemblée nationale de côte d’ivoire. Ce qui était à l’état de supputation et de rumeurs est devenu une réalité. Il a rendu le tablier, las de subir une pression assidue du chef de l’exécutif, Alassane Ouattara.
On retiendra surtout de lui ces petites phrases qui résument son état d’esprit en accomplissant l’acte inédit du 8 février 2019 : »je rends le tabouret pour aller chercher le fauteuil pour m’asseoir dedans. Ça sera plus confortable d’être assis dans le fauteuil ». C’est clair, c’est net, Soro caresse désormais une ambition présidentielle. Quoi de plus normal après avoir occupé par des concours de circonstances les postes de ministre, de premier ministre et de président de l’Assemblée nationale. Il a même été dauphin constitutionnel à un moment donné. Si l’entourage de Ouattara et le président lui-même le traitaient de minable rebelle peu instruit, Soro peut se targuer aujourd’hui d’être un diplômé d’une université européenne. Comme Ouattara, il a étudié les finances et c’est désormais un homme aguerri sans complexe aucun qui se présente aux ivoiriens. Il est vrai que cette position acquise ne peut l’absoudre de son passé de rebelle mais le député de Ferké peut affirmer qu’il a depuis longtemps tourné cette page sombre de son histoire personnelle.
Voici Soro libéré de toute contrainte, affranchi de son maître à penser Alassane Ouattara qu’il peut maintenant critiquer, dénoncer, rivaliser. Il aura ses arguments, sa stratégie, c’est sûr. Les moyens financiers également. Cela fait deux ans qu’il rêvait de ce rendez vous avec l’histoire. Toutefois, le temps est compté pour l’ancien dirigeant du puissant syndicat estudiantin, la Fesci. A moins de 22 mois de l’élection présidentielle de 2020, Soro devra organiser son clan constitué de plusieurs microstructures aux ambitions parfois antagonistes.
Mais s’il n’arrive à l’homme que ce que Dieu permet, son adage préféré, les choses se passeront-elles comme il les envisage ?
Dans ce mano à mano qu’il commence avec le chef de l’État, c’est sûr et certain qu’aucun cadeau ne lui sera fait. Tout y passera. Intimidation, coups bas, anéantissement ou affaiblissement. Déjà des rumeurs de couloir font valoir que Soro pourrait subir le même sort que son compagnon de lutte, le député Alain Lobognon, emprisonné pour un tweet. Des cadavres dans le placard, il en possède car son long parcours n’a pas été celui d’un enfant de chœur.
Alassane Ouattara n’est pas homme à se laisser marcher dessus de même qu’il tolère très peu la contradiction. »Est-ce que Soro me connaît même ? » confie-t-il souvent à des proches. Il est donc clair qu’aucune chance ne sera laissée à Soro. Tout dépendra alors de sa capacité à pouvoir esquiver et à tenir devant la machine Rhdp qui se dressera contre lui. Et l’homme de mission devenu homme de démission et sur qui plane l’épouvantail CPI aura fort à faire d’ici à 2020 pour se défaire de son ex mentor qu’il a contribué à faire asseoir dans le fauteuil.
SD à Abidjan
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