La France rappelle son ambassadeur en Italie à la suite d’« attaques sans précédent »
Le ministère des affaires étrangères déplore des « accusations répétées » et des « déclarations outrancières » de la part de Rome.
La France rappelle son ambassadeur en Italie pour consultations face à « une situation grave » qui « n’a pas de précédent depuis la fin de la guerre », a annoncé jeudi 7 février la porte-parole du ministère des affaires étrangères, Agnès von der Mühll, déplorant des « accusations répétées », des « attaques sans fondement » et des « déclarations outrancières ». « Les dernières ingérences constituent une provocation supplémentaire et inacceptable. Elles violent le respect dû au choix démocratique, fait par un peuple ami et allié. Elles violent le respect que se doivent entre eux les gouvernements démocratiquement et librement élus », souligne Mme von der Mühll, dans un communiqué.
Peu après cette annonce, les deux chefs politiques du gouvernement populiste italien, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, se sont déclarés « disponibles » pour dialoguer avec le gouvernement français. « Nous sommes tout à fait disposés à rencontrer le président Macron et le gouvernement français », a écrit M. Salvini, patron de la Ligue (extrême droite) dans un communiqué, assurant qu’il ne voulait pas de conflit avec Paris.
Le gouvernement italien ulcère Paris avec ses provocations
Ne pas réagir, ne pas accroître la colère, tout faire pour éviter d’alimenter les discours extrémistes… Depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement Conte, formé de l’alliance de la Ligue (extrême droite) et du Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), la ligne officielle de la diplomatie française était répétée comme un mantra, à chaque nouvelle attaque contre la France d’un officiel italien. Du côté des diplomates, on mettait également en avant qu’entre deux pays si proches il n’est nul besoin de démarches formelles pour faire passer les messages. En effet, tant de canaux de communication existent entre Rome et Paris pour faire part de ses agacements que les protestations officielles ont pu sembler à la diplomatie française, ces derniers mois, superflues, voire contre-productives.
Mais en déclarant, dans la soirée de dimanche 20 janvier, que la France « appauvrit l’Afrique » et accroît la crise migratoire, avant de s’en prendre au franc CFA, qualifié de « franc des colonies », le vice-premier ministre et chef politique du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, a eu raison de ces préventions. Lundi en fin d’après-midi, l’ambassadrice d’Italie à Paris, Teresa Castaldo, a été convoquée par le directeur de cabinet de la ministre des affaires européennes, Nathalie Loiseau, pour se voir signifier les protestations officielles de la France contre ces propos « inacceptables et sans objet ».
Le franc CFA « finance la dette publique française »
La rencontre, comme le veut l’usage en ce genre de circonstances, s’est tenue immédiatement au quai d’Orsay et n’a duré que quelques minutes. Après les deux convocations de l’ambassadeur de France à Rome par les autorités italiennes, en mars et en juin 2018, cette nouvelle crise met en lumière l’ampleur du fossé qui s’est creusé, ces derniers mois, entre la France et l’Italie. Certes, dans les dernières années, la relation franco-italienne a parfois été traversée de moments de tension et d’incompréhension. Mais alors, l’orage ne durait pas : après de spectaculaires poussées, la tension retombait aussitôt.
Macron, un « très mauvais président »
Le Quai d’Orsay avait déjà dénoncé mercredi une « provocation inacceptable » après une rencontre la veille entre le vice-président du conseil italien et chef politique du Mouvement 5 étoiles (antisystème), Luigi Di Maio, et des représentants des « gilets jaunes » en France. Mardi, c’est M. Di Maio lui-même qui a annoncé cette réunion sur les réseaux sociaux, en ajoutant : « Le vent du changement a franchi les Alpes. Je répète : le vent du changement a franchi les Alpes. »
Les degrés d’escalade dans un différend entre deux pays
Entre Paris et Rome, les relations n’ont cessé de se tendre depuis juin dernier, aboutissant au rappel, jeudi, de l’ambassadeur de France en Italie. Ci-dessous, les différents échelons classés par degré de gravité dans une crise diplomatique, prévus par la convention de Vienne de 1964.
• Convocation de l’ambassadeur au ministère des Affaires étrangères pour lui signifier les protestations du pays accréditaire.
• Le rappel des ambassadeurs est une procédure couramment utilisée par l’État accréditant pour signifier à l’État accréditaire son désaccord avec l’une ou l’autre de ses politiques.
• L’État accréditaire peut à tout moment expulser les membres du personnel d’une ambassade jugés personae non gratae. L’État accréditant doit alors rappeler les personnes visées par cet ordre sous peine de voir l’État accréditaire cesser de reconnaître leur statut diplomatique. Généralement, l’État accréditant s’exécute tout en adoptant des mesures d’expulsion équivalentes à l’encontre des diplomates de l’État accréditaire.
• En cas de conflit très grave, l’État accréditant peut fermer son ambassade.
• Lorsque des États rompent bilatéralement leurs relations diplomatiques, c’est le symptôme d’un incident grave. Cette rupture n’est utilisée qu’en dernier recours, lorsqu’aucune solution n’a été trouvée sur un désaccord et après que le chef de mission ou des agents diplomatiques ont rejoint leur État d’origine.
Lemonde.fr et Lefigaro.fr
La vérité ne fait que rougir les yeux, heureusement. Merci aux Italiens, encore un effet collatéral l’EFFET GBAGBO. Cela ne fait que commencer, la France ne l’emportera pas au paradis.