Soro et la dialectique du caïman sorti du pipi…en Côte-d’Ivoire

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Une chronique de Saint-Claver Oula, journaliste

En 2004-2005, pendant que la rébellion traversait une crise de leadership entre Soro et IB, enregistrant l’assassinat des chefs de guerre proches du dernier cité, Koné Zakaria a cru bon d’intervenir lors d’un meeting à Séguéla pour faire une mise au point. « Si nous avons pris les armes pour entrer en rébellion, ce n’est pas pour que IB ni quelqu’un d’autre soit président, c’est pour que Alassane Ouattara soit président (…) »

En 2007, lorsque les négociations ivoiro-ivoiriennes semblaient redonner tous les pouvoirs d’opposant militaro-politiques à Guillaume Soro à Ouagadougou, une délégation du RHDP conduite par Alphonse Djédjé Mady débarque dans la capitale Burkinabè pour faire entendre sa voix. « Nous, on ne peut pas pisser et puis caïman va sortir de notre pipi pour nous dévorer », a rappelé Soumahoro Amadou, alors secrétaire du RDR. Ce faisant, les opposants politiques au président Laurent Gbagbo, dont certains militants prêtaient main forte à la rébellion, ont réussi à se replacer au cœur des discussions.

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En 2011, après avoir réussi à pénétrer sur le territoire abidjanais déchiré par les sifflements des balles, Ibrahim Coulibaly dit IB, a animé une séance d’explication publique dans laquelle il a tenté d’expliquer comment Guillaume Soro s’est retrouvé à ses côtés dans la rébellion. En sa qualité de militaire, donc de combattant de terrain, a-t-il déclaré, il ne pouvait pas être régulièrement disponible pour répondre aux sollicitations des journalistes. C’est donc pour pallier à cette défaillance qu’il a accepté de répondre favorablement à la demande de Guillaume Soro qui aurait manifesté le désir de rejoindre les ex-déserteurs de l’armée ivoirienne. Il deviendra par la suite porte-parole de la rébellion et Secrétaire général lorsque IB n’a pas eu le courage d’assumer ses responsabilités en sortant officiellement la tête de l’eau oxygénée par Blaise Compaoré.

Après sa prise de pouvoir (avec son corollaire de mort – 3000 officiellement), Alassane Ouattara, instruit par les péripéties au sein de la rébellion, décide de mettre de l’ordre. Sait-on jamais. L’appétit, en mangeant du caviar, grandit inexorablement. Et l’ascendance de Guillaume Soro de 2002 à 2011 puis les velléités de succession affichée de 2015 à 2018 sont évocatrices.

Guillaume Soro est donc décapité de l’intérieur. Ses tentacules dans l’armée, au gouvernement, dans les entreprises publiques et para-publiques et dans l’administration publique sont coupées net. Bogota passe de dauphin constitutionnel à un rang ordinaire de président d’institution qu’on pourrait qualifier d’inféodée au pouvoir exécutif.

Cependant autour de lui, il bénéficie de sympathie d’associations et mouvements de soutien prêts à en découdre et qui le présentent comme leur Joker contre Alassane Ouattara. Mais le député de Ferkessedougou qui affiche à nouveau son désir d’ajouter un sésame de Harvard à son CV sera-t-il courageux de sortir définitivement du pipi du RDR-RHDP ou de quiconque, pour se « braquer » sur le terrain politique, y compris contre ses alliés d’hier, qu’il qualifie de gringalets, et à qui il remettra ses attributs en février prochain ? Serait-il capable d’affronter d’éventuelles poursuites judiciaires brandies contre les personnalités devenues anti-Ouattara et lui manifestant une opposition ouverte ? Ses diplômes qu’il acquiert maintenant présagent-ils d’un retrait du marigot politique (afin de ne pas gêner les ambitions de Ouattara) pour embrasser momentanément le monde des affaires, le temps de se refaire une carapace et affronter les dauphins de Ouattara ?

Demain n’est pas loin.

A bientôt !!

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