Le pouvoir, l’argent et le sexe sont souvent des révélateurs de la violence que peut cacher en soi un homme. Cela est connu de fort longue date, comme le rappellent si bien les mythes grecs de l’Anneau magique de Gygès ou d’Ulysse ligoté à sa propre demande par les siens sur le mât de son navire pour résister à l’Appel dévastateur des démoniaques Sirènes.
En effet, le lundi 28 janvier 2019, Alassane Ouattara, l’actuel Président de la République de Côte d’Ivoire, s’est fendu d’une réponse à la presse qui ne saurait échapper à l’œil de l’observateur politique averti. Dans un échange pratiquement convenu, Alassane Ouattara, sans attendre que le journaliste qui l’interrogeait finisse de formuler la question, a répondu d’une manière manifestement brutale à ce qui lui était présenté, à la manière d’une tête coupée sur un Plateau d’argent, comme « le Cas-Soro » par l’interviewer de circonstances. Avant de commenter la réponse d’Alassane Ouattara, dans le fond et la forme, j’aimerais partager l’objectivité de ce constat de brutalité avec la presse nationale et internationale analysant l’événement. On comprendra aussi que ce style lapidaire, qui s’est démultiplié ces derniers mois, révèle une personnalité profondément archaïque que ne peut plus dissimuler les anciens dehors très policés du très suspect technocrate et autocrate qui angoisse actuellement le Peuple de Côte d’Ivoire.
Une brutalité de Ouattara attestée par tous comme style lapidaire
Dans le Figaro du 28 janvier 2019, un analyste observe :
« Soro Guillaume démissionnera en février. C’est entendu. c’est réglé », a affirmé de manière lapidaire Alassane Ouattara, en répondant à une question d’un journaliste au palais présidentiel. »[1]
Pour RFI, dans sa Une du 28 janvier 2019, la logique de la Pierre jetée qui domine Alassane Ouattara ne fait pas non plus l’ombre d’un doute :
« En Côte d’Ivoire, depuis des semaines, des rumeurs de démission du président de l’Assemblée nationale courent. Ce lundi 28 janvier au matin, dans une déclaration lapidaire à l’occasion des vœux à la presse, le président Alassane Ouattara a clarifié les choses. »[2]
Dans la presse ivoirienne, l’unanimité autour de la brutalité du style Ouattara est tout aussi forte :
« Alassane Ouattara prend ainsi de court son désormais ex-ancien filleul et sans doute futur adversaire. »[3] estime Elvire Ahonon sur le site ivoiresoir.net
Pour la chaîne de télévision çadjafoule TV « le Président ivoirien Alassane Ouattara a fait une annonce qui risque de chambouler la vie politique ivoirienne » [4]
« Soro Guillaume démissionnera en février. C’est entendu, c’est acté » a lancé le président ivoirien. »[5]
De toutes les formulations ci-dessus, il ressort clairement qu’Alassane Ouattara s’est exprimé avec mépris et véhémence, parlant du Président en exercice de l’Assemblée Nationale. Mais pourquoi donc ?
Le fond et la forme d’une annonce incongrue et anticonstitutionnelle
Pour ce qui est du fond, la Constitution Ivoirienne est violée par trois actes de Ouattara : le chantage imposé au Président de l’Assemblée Nationale afin qu’il adhère de force à un Parti Politique sous la bannière duquel il n’a pas été élu en 2012 et 2017 ; la pression exercée sur tous les parlementaires afin qu’ils adhèrent au nouveau parti unifié ou perdent tous leurs privilèges régaliens ; et enfin l’initiative prise par le Chef de l’Exécutif, au mépris du principe de séparation des pouvoirs, d’annoncer la démission du Chef du Parlement en lieu et place de celui-ci et des élus de l’Hémicycle ivoirien. Alassane Ouattara, nous l’avons largement montré ailleurs, est en triple faute éthique, juridique et politique. IL s’isole définitivement des alliés précieux qui l’ont aidé décisivement à prendre le pouvoir en 2010-2011 et en 2015.
C’est donc désormais un Clan isolé et en plein soliloque qui gouverne – que dis-je, administre désormais – la Côte d’Ivoire.
Pour ce qui est de la forme, notons qu’elle est résolument campée dans le style lapidaire du 28 janvier depuis plusieurs mois.
Hamed Bakayoko, le grand dilettante qui gère la Défense ivoirienne en même temps qu’il bafouille à la tête de la Mairie énorme d’Abobo, avait inauguré ce mois de janvier 2019 par des salves lapidaires du genre « 2020, c’est géré, c’est fixé, c’est bouclé ». Le langage militaire envahit clairement la sphère politique, tout comme les exercices d’intimidation auxquels l’Etat-Major ivoirien des armées se livre, comme de juste, dès ce mardi 29 janvier 2019 à Bouaké, l’un des épicentres des crises militaires en Côte d’Ivoire. Ouattara utilise les mots comme des pierres jetées, comme des balles tirées sur ses victimes. IL lapide à mots ouverts, il lance sa foudre sur ceux qui résistent à sa démesure. C’est un lapidateur politique.
Lors donc que le Président Alassane Ouattara, dont la volonté de violer la Constitution en se présentant pour un 3ème mandat en 2020 n’est plus un secret pour personne, affirme que « Soro Guillaume démissionnera en février. C’est entendu. c’est réglé », il aligne coup sur coup trois fautes graves.
Premièrement, il méprise la fonction de Président de l’Assemblée Nationale en nommant son détenteur actuel sans protocole aucun, dans une cérémonie pourtant protocolaire. C’est toute la 3ème République qui est ainsi bafouée, banalisée et abolie sur le plan de l’Esprit de la Nation. Ouattara agresse et viole ainsi l’Egrégore du Peuple de Côte d’Ivoire.
Deuxièmement, Ouattara traverse la sphère de l’Exécutif pour se faire porte-parole du pouvoir Législatif, au mépris de la norme de séparation des pouvoirs. Ce n’est pas la première fois, me direz-vous. Mais pour contester, il faut bien compter les coups portés.
Troisièmement, Ouattara croit pouvoir se donner un poids psychologique sur Guillaume Soro, en lui indiquant comme de force, son mois, voire sa date de démission.
Ces trois fautes institutionnelle, morale et esthétique prouvent qu’Alassane Ouattara n’a en réalité aucun respect des formes de la civilité démocratique contemporaine. C’est un dirigeant profondément archaïque dont le Peuple de Côte d’Ivoire a absolument intérêt à se séparer à tout jamais. IL n’a ni le sens de l’Etat, ni le sens de la Civilisation digne. Le dictateur confirmé Alassane Ouattara est un narcissique que Jupiter, c’est très clair, a rendu fou parce qu’il veut le perdre. Le technocrate bon teint et chic ne cachait donc qu’un homme impulsif, imprévisible et catastrophique…
Comme Ulysse attaché par les siens sur un mât pour le protéger de l’Hubris qui le livrait au délire, Alassane Ouattara doit être attaché au respect de la souveraineté du Peuple de Côte d’Ivoire par la mobilisation citoyenne large et massive que ses outrages inacceptables et répétés appellent. Les dictateurs africains, partout en ce siècle, doivent mordre la poussière pour libérer les espérances des nouvelles générations.
Mon livre, « Dérive dictatoriale en Côte d’Ivoire : déceptions de l’ère Ouattara et Nouvelles Générations » qui sortira cette semaine à Paris, et dans quelques jours à Abidjan, vient dès lors à point nommé. C’est ma contribution de l’heure à la Renaissance Ethique du Peuple Bien-Aimé de Côte d’Ivoire, ma seconde patrie.
Professeur Franklin Nyamsi Wa Kamerun
Paris, le 29 janvier 2019
[1] http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2019/01/28/97001-20190128FILWWW00121-cote-d-ivoire-soro-demissionnera-en-fevrier-ouattara.php
[2] http://www.rfi.fr/afrique/20190128-cote-ivoire-demission-prochaine-soro-assemblee-ouattara
[3] https://www.ivoiresoir.net/cote-divoire-contrarie-par-le-boycott-de-soro-ouattara-annonce-la-demission-de-celui-ci-en-fevrier/
[4] https://www.youtube.com/watch?v=Vm5Yyx98tEg
[5] https://lanouvelletribune.info/2019/01/guillaume-soro-ouattara-annonce-sa-demission/
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