Dans quelques heures, le RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix) sera porté sur les fonts baptismaux comme parti politique. Il est, certes, une machine redoutable mais les moyens pour se construire comme telle laissent à désirer et font présager un avenir sombre pour la Côte d’Ivoire, un recul démocratique et social sans précédent qu’il faut interroger dans sa dimension factuelle.
Cet ogre de RHDP
On constat, depuis quelques temps, qu’une frange de la classe politique est gagnée par une ruée sans précédent, de mémoire d’ivoirien, vers le parti au pouvoir. Cette ruée actuelle vers le RHDP pour aller manger à la table du roi ne présage rien de bon pour la Côte d’Ivoire en termes de renforcement de la démocratie et de développement économique et social. Elle va tuer le dynamisme politique, diviser davantage les partis et faire revenir en Côte d’Ivoire le règne de la très rétrograde pensée unique si dommageable pour l’enracinement de la démocratie. L’interventionnisme enrobé de légalité pour s’arroger la tête de certaines communes-symboles tel que nous l’avons constaté à l’issue des municipales ne garantit pas en 2020 des élections libres, transparentes et démocratiques, et même inclusives parce qu’on peut vouloir éliminer tel ou tel adversaire jugé gênant.
La volonté des dirigeants du RHDP de contrôler, vaille que vaille, les partis politiques et, surtout, les plus représentatifs pose problème en termes d’éthique démocratique. A-t-on besoin de forcer ou tordre les bras des partis politiques pour des épousailles dont ils n’en veulent bas ? Du jamais vu lorsque l’on est sûr de ses forces. C’est aussi du jamais vu aussi en démocratie lorsque des membres d’un parti tiers s’arrogent le droit de décider de qui doit diriger les autres partis, surtout s’ils sont dans l’opposition. Ces manœuvres préparent le lit d’un règne absolu que beaucoup feignent de ne pas voir. La Côte d’Ivoire démocratique ne pourra jamais se construire avec de telles pratiques qui rappellent les pages sombres du parti unique, avec sa négation des libertés politiques les plus fondamentales : liberté d’association et liberté d’opinion. On perdra, pour sûr, les acquis démocratiques pour lesquels les Zadi Zaourou, Laurent Gbagbo, Bamba Moriféré, Francis Wodié, Marcel Etté et leurs compagnons se sont battus pendant près de trois décennies avant que l’année 1990 ne vienne récompenser leurs efforts et ouvrir les pages du renouveau démocratique en Côte d’Ivoire. Il faut une nouvelle classe dirigeante à la Côte d’Ivoire parce que celle qui est au commande du bateau ramène les ivoiriens aux luttes qu’ils ont déjà menées et remportées alors qu’eux étaient justement du côté de ceux qui ne voulaient pas des avancées démocratiques réclamées par les autres et dont ils jouissent pourtant actuellement.
FOBAH Eblin Pascal
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