Serge Alain KOFFI
Le secrétaire général de l’une de branches du Front populaire ivoirien (FPI) Assoa Adou a démenti mercredi tout accord politique entre le fondateur du FPI, l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, incarcéré à la Cour pénale internationale (CPI), et le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-mouvance présidentielle) Henri Konan Bédié en vue de la mise en place d’une plateforme de l’opposition.
“Le FPI, sur recommandation du président Laurent Gbagbo, nous devons discuter avec tous les partis politiques, sans exception. Le PDCI, certainement ses cadres qui veulent aussi peut-être la paix, ont contacté des militants FPI. Mais il n’y a aucun accord entre le président Laurent Gbagbo et le président Bédié’’, a affirmé M. Assoa Adou, dans une interview à Radio France internationale (RFI).
Fin octobre, le PDCI, qui s’est retiré du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir, avait annoncé qu’il discutait avec plusieurs personnalités de l’opposition, de la société civile et avec le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, en rupture de ban avec sa formation politique le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel), pour la mise en place d’une nouvelle plateforme en vue de la présidentielle de 2020.
Dans une récente interview à France 24, Henri Konan Bédié avait expliqué avoir eu l’accord de Laurent Gbagbo, en attente d’une décision de la CPI sur une éventuelle liberté provisoire, pour parler avec le FPI de la mise en place de cette future plateforme.
Lundi, Assoa Adou avait dévoilé, lors d’un point de presse, des orientations au parti attribuées à M. Gbagbo.
“Le président met le parti en mission auprès de tous les acteurs de la vie politique et de la société civile sans exception en vue d’une grande mobilisation pour construire ensemble les bases de la vraie réconciliation entre les fils et les filles de la Côte d’Ivoire’’, avait-il affirmé.
L’ancien président demande au FPI, selon Assoa Adou, “d’approcher les partis politiques de gauche pour renforcer et s’approprier davantage la problématique de la réconciliation nationale’’.
“Ce n’est pas seulement l’idéologie de gauche qui est menacée, c’est la nation ivoirienne qui est en danger. C’est la démocratie qui est menacée (…) On doit par conséquent se rassembler quelque soit notre idéologie’’, a réagi mercredi le chef de file de l’autre branche du FPI, M. Affi N’guessan, après un tête-à-tête avec M. Konan Bédié à Daoukro (centre).
Affi à Daoukro, pour manifester sa “solidarité’’ à Bédié
Serge Alain KOFFI
Le président de l’une des branches du Front populaire ivoirien (FPI, opposition), Pascal Affi N’guessan, a affirmé mercredi avoir rencontré en tête-à-tête à Daoukro (centre) le patron du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-mouvance présidentielle) Henri Konan Bédié pour lui exprimer sa “solidarité’’ face à “la volonté’’ du chef de l’Etat Alassane Ouattara “de démolir’’ le PDCI.
“Nous sommes venus lui manifester notre solidarité dans les moments difficiles que le PDCI traverse à travers la volonté affichée du président Ouattara et son régime de démolir ce parti’’, a déclaré face à des journalistes, M. Affi N’guessan, à l’issue de la rencontre.
Selon l’ancien Premier ministre, aux côtés duquel se tenaient quelques uns de ses collaborateurs dont la secrétaire générale Agnès Monnet, “à travers les agressions multiples auxquelles le PDCI est confronté, c’est l’ensemble de la démocratie ivoirienne qui est menacée’’.
“C’est une situation qui nous interpelle’’, a-t-il assuré, rappelant sa volonté d’intégrer avec la branche du FPI qu’il dirige, la nouvelle plateforme politique voulue par M. Konan Bédié, après son retrait du Rassemblement des houphouetistes pour la démocratie et la paix (RHDP), la coalition au pouvoir conduite par le Rassemblement des républicains (RDR, parti présidentiel).
Pour lui, cette plateforme pourrait être un “cadre de rassemblement pour résister contre dictature rampante’’ qui a cours en Côte d’Ivoire.
Lundi, le secrétaire général de l’autre branche, Assoa Adou avait dévoilé, lors d’un point de presse, des orientations au parti attribuées à l’ancien chef de l’Etat Laurent Gbagbo, détenu à la Cour pénale internationale (CPI) et fondateur du FPI.
M. Gbagbo “met le parti en mission auprès de tous les acteurs de la vie politique et de la société civile sans exception en vue d’une grande mobilisation pour construire ensemble les bases de la vraie réconciliation entre les fils et les filles de la Côte d’Ivoire’’, avait-il affirmé.
L’ancien président, en attente d’une décision de la CPI sur une éventuelle liberté provisoire, demande au FPI, selon Assoa Adou, “d’approcher les partis politiques de gauche pour renforcer et s’approprier davantage la problématique de la réconciliation nationale’’.
“Ce n’est pas seulement l’idéologie de gauche qui est menacée, c’est la nation ivoirienne qui est en danger. C’est la démocratie qui est menacée (…) On doit par conséquent se rassembler quelque soit notre idéologie’’, a réagi M. Affi N’guessan.
SKO
Alerte Info
Côte d’Ivoire : Affi et Bédié adoptent une feuille de route pour la future plateforme de l’opposition
Par André Silver Konan (Jeune-Afrique)
Pascal Affi N’Guessan et Henri Konan Bédié ont établi une feuille de route commune en vue de la mise en place d’une plateforme « non idéologique » de l’opposition. Celle-ci pourrait voir le jour avant la fin du mois de janvier.
La rencontre entre Pascal Affi N’Guessan, président du Front populaire ivoirien (FPI) et Henri Konan Bédié, président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), était attendue. Elle est intervenue ce mercredi à Daoukro, le fief de Bédié, au lendemain d’un secrétariat exécutif du PDCI au cours duquel le « gouvernement » du parti a validé sa participation à la future plateforme de l’opposition. Surtout, elle survient à moins de trois semaines du congrès constitutif du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP, du président Alassane Ouattara), censé se transformer en parti politique unifié de la mouvance présidentielle.
Quid de Guillaume Soro ?
Pour l’occasion, Pascal Affi N’Guessan était accompagné de plusieurs hauts responsables du FPI, dont l’ancienne ministre Christine Adjobi. « Tous les partis politiques qui adhèrent à l’idée de cette plateforme vont se retrouver pour tracer ensemble les sillons, pour mener ensemble les actions unitaires (…) avant l’échéance de fin janvier 2019 », a-t-il déclaré.
Les deux hommes se sont entendus sur un projet de feuille en vue de la création de cette future plateforme, que devrait intégrer des opposants et plusieurs ex-alliés de Ouattara. Des mouvements proches de Guillaume Soro sont également pressentis pour se joindre à la plateforme. Le président de l’Assemblée nationale, s’il se montre réservé vis-à-vis du RHDP, n’a pas officiellement annoncé son adhésion à la future plateforme de l’opposition.
À en croire Affi N’Guessan, deux actions prioritaires sont prévues : « Défendre les élus locaux volés de leur victoire, afin de préparer ensemble le changement politique » et préparer « l’étape des négociations autour du code électoral ».
La plateforme rejetée par la dissidence du FPI
Début janvier, Sidiki Diakité, le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité a mis sous délégation spéciale, cinq communes « conformément à la réglementation en vigueur », au motif que « les conseils desdites communes n’ayant pu être installés au 31 décembre 2018, date d’expiration des mandats des anciens conseils ». Une décision jugée « illégale, inique qui ruine tous les sacrifices consentis par les Ivoiriens pour l’avancée démocratique dans notre pays », a aussitôt dénoncé Maurice Kakou Guikahué, secrétaire exécutif du PDCI, dont le parti revendique la victoire dans trois importantes communes du sud, dont celle du Plateau (centre administratif d’Abidjan, la capitale économique), théâtre de tensions sociopolitiques depuis quelques jours.
Quant à la réforme de la Commission électorale indépendante (CEI), la partie s’annonce difficile pour l’opposition. Alors qu’elle espère une réforme profonde non seulement de la Commission, mais aussi du Code électoral, le président Alassane Ouattara a annoncé vouloir se limiter à une recomposition de celle-ci, « conformément aux recommandations de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples ». L’organisation continentale, saisie d’une plainte de l’ONG ivoirienne Action pour la promotion et la défense des droits de l’homme (APDH), avait jugé déséquilibrée la CEI et exigé sa refonte.
Autre écueil, pour Pascal Affi N’Guessan : deux jours avant cette rencontre Bédié-Affi, Assoa Adoa, secrétaire général de la dissidence du FPI, avait tenu une conférence de presse au cours de laquelle il a annoncé que Laurent Gbagbo préférait une union des responsables de la gauche ivoirienne à la plateforme « non idéologique » prônée par Bédié.
Affi déjà dans son rôle, pour faire capoter cette heureuse initiative. Ce type joue pour Ouattara, dans le rôle de Peau d’âne, donnant l’impression de jouer pour l’opposition, en se plaçant toujours en pôle pour aider à faire échouer toute tentative d’union. Si Bédié veut vraiment une plateforme d’opposition forte et crédible, il sait ce qu’il lui reste à faire : offrir le chapeau à porter à la tête et non au genou.