Les sorties de Soro qui font couler beaucoup d’encre en Côte d’Ivoire

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En Côte d’Ivoire, Guillaume Soro sort de son silence. Le président de l’Assemblée nationale à qui l’on prête des ambitions présidentielles a tenu deux discours coup sur coup en ce début d’année. Guillaume Soro répond à ceux qui, au sein de son parti le RDR, lui reprochent son rapprochement avec Henri Konan Bédié et ses réticences à l’égard du projet présidentiel de parti unifié.

Si sa rupture avec la coalition au pouvoir n’est pas totalement consommée, ses deux interventions-fleuves sont d’une rare virulence. Et c’est de son bastion de Ferkessédougo que Guillaume Soro a choisi pour régler ses comptes. « Si l’on pense que l’on va me faire du chantage avec un poste, on se trompe », a martelé le président de l’Assemblée nationale le 2 janvier lors de l’investiture du nouveau maire de la localité.

Une réponse à ceux qui, au sein de son parti le RDR, le pressent de quitter son perchoir s’il ne prend pas position en faveur du projet de parti unifié. La veille, face à un parterre de chefs traditionnels, Guillaume Soro était revenu sur les critiques à la suite de sa rencontre le 17 décembre avec Henri Konan Bédié le président du PDCI. « Je vais aller saluer Bédié matin, midi et soir si je le veux. Je ne suis pas la propriété de quelqu’un », a-t-il lancé.

Ce n’est pas la première fois que Guillaume Soro émet des réserves à l’encontre du projet de parti unifié qu’il juge peu inclusif. Dans ses interventions le président de l’Assemblée nationale se pose à plusieurs reprises comme un maillon essentiel qui a permis à Alassane Ouattara d’arriver au pouvoir en 2010.

Pour l’analyste ivoirien Arthur Banga, par ces propos, « Guillaume Soro s’affirme de plus en plus comme un potentiel présidentiable en 2020 en reléguant au second plan ses possibles concurrents ». Avec en filigrane le message : « Si le RDR ne lui fait pas une place, il n’y a pas de raison pour lui de ne pas s’allier avec le PDCI ».

RFI

SORO AU BORD DE L’INFARCTUS POLITIQUE

La sortie tonitruante de Soro Guillaume à Ferké, en ce début d’année 2019, peut faire illusion. Aux allures de bravade, elle est pourtant un appel à l’aide ou au secours maquillé.
Plus les années passent, plus l’oxygène politique se rarefie pour le président de l’Assemblée nationale qui tourne désormais en rond.
Beaucoup d’eau a, en effet, coulé sous les ponts. Soro n’est plus en odeur de sainteté. Le héros, hier adoubé dans la galaxie alassaniste, est tombé en disgrâce.
Le pouvoir ne le caresse plus donc dans le sens du poil: ses fidèles sont, soit limogés de l’administration, soit mis en quarantaine, soit simplement jetés en prison.
Pressé, Soro a eu le défaut de tous les jeunes qui savent courir sans savoir se cacher. Il a trop vite dévoilé des ambitions, somme toutes, légitimes. Or, en politique, qui tire le premier est généralement un homme mort.
Se surestimant, crushant et multipliant les voyages, il se voyait déjà le successeur d’Alassane Ouattara à la tête du RDR et de l’État.
Les inimitiés n’ont alors cessé d’aller grandissantes dans la Case. Aujourd’hui, il paraît cerné et encerclé. Ses actions, comme les messages de la capitale du Tchologo ou sa visite à Bédié en pleine crise avec Ouattara, sont provocation et baroud d’honneur. Et comme dans un sable mouvant, plus il s’agite, plus il s’enfonce.
Soro a échoué dans son OPA sur le RDR; il a fait fiasco aux municipales du 13 octobre 2018 en soutenant des listes indépendantes contre celles de sa coalition politique; soumis aux humeurs de Ouattara et pris à partie par des « gringalets », il n’a plus les instruments de l’État pour peser dans le débat ivoirien; les anciens groupes armés qui se reconnaissaient en lui, ont tous ou pour la plupart, été démantelés et mis hors d’état de nuire.
Tiénigbanani apparaît ainsi solidement tenu en laisse, et il le sait, dans les dossiers juridiques ivoiriens (rebellion armée et crise post-électorale), burkinabè (coup d’État de Gilbert Diendéré) et français (plainte de Michel Gbagbo) pour lesquels son salut vient de Ouattara.
Il n’est plus en position de force et danse sur des oeufs. Au bord de la crise cardiaque politique, il verse toutes les larmes de son corps pour éviter d’être sacrifié sur l’autel des antagonismes.
D’où l’image des trois cailloux nécessaires pour soutenir la marmite au feu (Ouattara, Bédié et lui) qu’il a utilisée pour espérer rester dans un jeu d’échec politique où nul ne veut faire de passe à l’adversaire.
F. M. B

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