Connectionivoirienne | Par Hervé Coulibaly avec Gbansé Douadé Alexis
Y a-t-il eu une immixtion politique ou diplomatique dans la procédure de mise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo et de Charles Blé Goudé à la CPI ? Voici l’interrogation que se posent de nombreux connaisseurs des rouages de la Cour pénale internationale depuis que cette procédure qui, pour beaucoup, semblait être acquise, s’est brutalement arrêtée après l’audience du 13 décembre. Depuis, les uns et les autres ont tenté de donner des explications à ce report surprenant de la décision des juges de la Chambre de première instance.
Selon une publication de jeune-Afrique datée du 20 décembre, le pays d’accueil, la Belgique ne serait pas prêt sur le plan logistique ou sécuritaire à accueillir les célèbres prisonniers ivoiriens de Scheveningen. Jeune-Afrique a également évoqué la recherche d’un point de chute pour Charles Blé Goudé en ces termes le 20 décembre :
«Si le problème de logement de Laurent Gbagbo est réglé, ce n’est toujours pas le cas pour Charles Blé Goudé. Nadianni Bamba, (…) a un pied à terre dans la capitale belge. Le conseil de l’ex-ministre de la Jeunesse cherche pour sa part à trouver une maison réunissant toutes les conditions sécurité requises par la CPI.», écrivait
«Blé est prêt»
«L’information est mal présentée en ce qui concerne concerne Blé Goudé ; Pour Blé Goudé, nous pouvons trouver de nombreuses adresses ou le faire faire loger et cette question a été résolue très rapidement. Nous, on est prêts ! Qu’on nous dise donc la vérité sur les tergiversations de la CPI.» nous a expliqué un membre du cabinet juridique au sein du COJEP, son parti politique.
«Sachez que la CPI ne peut pas annoncer une décision imminente de liberté provisoire 24 heures en avance sans avoir l’assurance du pays d’accueil. Le Greffe lui-même en a d’ailleurs fait mention durant l’audience du 13 décembre», continue notre interlocuteur.
Il ressort de nos informations qu’en effet, le nœud de la question réside dans la soudaineté de la procédure de la cour qui a convoqué une audience en moins de deux jours pour statuer sur la libération provisoire des détenus. Or, la procédure d’admission des détenus sur le territoire belge requiert une évaluation diplomatique, technique et financière qui prend un temps certain. Au moment où la Cour s’apprêtait à donner sa décision annoncée pour le 14 décembre, nous savons aujourd’hui acquis que la Belgique n’avait absolument réservé aucune suite à la demande initiale du greffe qui devait même être encore étoffée.
Pressions
La question de l’éventuel point de chute des détenus n’est donc qu’une simple modalité qui n’a aucun impact sur la prise de décision du pays d’accueil, en l’occurrence, la Belgique
D’autres sources évoquent en outre des immixtions politco-diplomatiques. Si la décision n’a pas été annoncée lors de l’audience [annulée] que le Juge-président avait convoquée pour le vendredi 14 décembre à 10.30, c’est qu’il y aurait selon toute vraisemblance eu des pressions externes ou internes. «Nous ne devons pas nous étonner que la Cour et surtout la Belgique, soient sous l’effet de pressions politiques et diplomatiques, afin de retarder la procédure», nous confie une autre source.
Annoncée au plus tard le 14 décembre 2018, la décision sur la liberté provisoire a donc été finalement reportée aux dernières nouvelles après la mi-janvier 2019.
De tout ce méli-mélo, il ressort que la pression a désormais changé de camp, ce que reconnaissent même les avocats de la Côte-d’Ivoire, qui ont estimé dans un communiqué que la CPI était mise sous pression suite aux rumeurs non-avérées de libération provisoire.
On imagine donc difficilement la CPI en train de refuser la liberté provisoire et même plus tard l’acquittement au regard de l’ensemble de la procédure.
Plus que jamais, la CPI joue sa crédibilité, voire sa survie avec l’affaire Gbagbo-Blé Goudé.
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