S’il y a un Ministère qui n’en finit pas de défrayer la chronique, c’est bien celui de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Voilà un Ministère disposant d’énormes ressources financières (se chiffrant annuellement à des milliards de FCFA, sans compter les recettes non-déclarées), mais qui rechigne à offrir à ses agents (seulement 400 personnes) des conditions décentes de vie et de travail. Malgré les souffrances du personnel administratif et technique de l’administration centrale qui ne cesse de réclamer des primes trimestrielles, l’autorité de tutelle a toujours trouvé le moyen de faire la sourde oreille.
« Ministère riche, Agents pauvres », ainsi pourrait être résumée la situation. Révoltés par la misère sciemment entretenue par l’autorité de tutelle, le personnel administratif et technique n’a eu d’autre choix que de s’organiser autour du SYAAC-MESRS, le syndicat des agents de l’administration centrale du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, dirigé par l’imperturbable Modeste Zoulou. Et depuis lors, ce Ministère naguère paisible est entré dans un cycle de turbulence qui a fini par ‘’balayer’’ Bakayoko Ly Ramata, qui se mordra à jamais les doigts d’avoir sous-estimé les mouvements d’humeur des pères et mères de familles. Mise en veilleuse avec l’arrivée de Mabri Toikeusse, la colère des agents est sur le point d’exploser à nouveau, à l’instar d’un volcan en éruption que rien ne peut arrêter. Alpha Blondy a prévenu : « Ce qui a ‘’tué’’ Maclacla, c’est ce qui va ‘’tuer’’ Macloclo ». Autrement dit, les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets.
Heureusement que le nouveau locataire de la tour C 20e étage a semblé ne pas vouloir marcher sur les traces de son prédécesseur, dès son arrivée. Mais, à l’évidence, on se rend compte que des pesanteurs ont fini par émousser son enthousiasme initial. De quoi s’agit-il ? En vue de faciliter le paiement des primes trimestrielles aux agents et de résoudre définitivement cette question qui empoisonne depuis longtemps l’atmosphère au sein de son département, le Ministre Mabri Toikeusse a enjoint toutes les 18 Directions de déclarer officiellement les ressources financières générées en leur sein, indépendamment de leurs budgets de fonctionnement. Un délai d’une semaine avait donc été donné aux différents Directeurs pour appliquer les instructions de l’autorité de tutelle. Aussi surprenant que cela puisse paraître, aucun Directeur n’a daigné jusque-là s’exécuter. Mabri venait ainsi de prendre une véritable douche froide. Surpris par l’insubordination de ses collaborateurs, il a finalement opté pour l’organisation d’un atelier d’optimisation des ressources financières en vue de les amener à faire preuve de transparence dans leur gestion opaque. Le Ministre tenait à ouvrir en personne cet atelier qui devrait permettre par la suite le paiement des primes trimestrielles aux agents. Malheureusement, le jour ‘’J’’, les Directeurs ont brillé par leur absence, au grand dam de Mabri Toikeusse qui découvrait ahuri le visage hideux de ce Ministère où règne une impitoyable confrérie, adepte de la haute sorcellerie financière. Les masques venaient ainsi de tomber ; les Directeurs entraient ouvertement en rébellion contre l’autorité de tutelle, au nom de la protection de leurs intérêts égoïstes. Refusant de partager le moindre centime avec leurs collaborateurs, ils sont prêts à braver l’autorité du Ministre qu’ils estiment avoir le toupet de vouloir « s’ingérer dans leurs affaires intérieures » ; eux les ‘’dieux’’ des amphis, Enseignants Emérites du Temple du Savoir et assimilés, qui n’ont de leçons à recevoir de personne. On a beau s’appeler Dr Mabri à l’expérience gouvernementale cinq étoiles, ils s’en fichent éperdument ; un complexe de supériorité malsain qui ne saurait être toléré plus longtemps au sein de l’administration. Trempés jusqu’aux os dans des magouilles et petites combines, ‘’nos chers maîtres’’ s’accrochent désespérément à leurs caisses noires où sont logés des fonds occultes qu’ils considèrent comme leur chasse gardée. Et la forfaiture dure depuis plusieurs années. On comprend maintenant qu’ils sont à l’origine du manque de justice sociale au sein du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique. Car leur méchanceté congénitale les pousse à croire qu’ils sont les seuls à avoir droit au bonheur et que « le petit personnel » n’est juste bon qu’à souffrir de leur égocentrisme légendaire.
Face à cette insubordination inacceptable des Directeurs, qui tentent visiblement de saboter son action, en se vantant même d’avoir réussi à le museler, le Ministre Mabri Toikeusse a tout intérêt à prendre immédiatement ses responsabilités. Car, il est inadmissible qu’un Ministre de sa trempe soit humilié de la sorte par des collaborateurs déloyaux, qui s’amusent à jouer au chat et à la souris et qui ont fini par croire qu’ils sont ‘’intouchables’’. Qu’ils se le tiennent pour dit, l’administration a ses règles ; soumettez-vous ou démettez-vous ! La comédie a assez duré !
Pour leur part, les agents de l’administration centrale du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique estiment avoir suffisamment fait preuve de patience. Selon ces agents mobilisés et plus que déterminés, si jusqu’au 31 décembre 2018, rien de concret n’est fait pour le paiement de leurs primes trimestrielles, des actions d’envergure seront entreprises pour exprimer leur colère et crier leur ras-le-bol jusqu’à obtenir gain de cause. De mémoire de journaliste d’investigation, jamais la question du paiement des primes trimestrielles aux agents n’aura suscité autant un tollé général. Ce Ministère connaîtra-t-il un jour la paix ?
Charlotte Pokou
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