Bédié appelle à la libération de Gbagbo emprisonné à la CPI
Serge Alain KOFFI
Le président du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-mouvance présidentielle), Henri Konan Bédié, a appelé à la libération de l’ancien chef de l’Etat ivoirien Laurent Gbagbo, estimant que ses années de détention à la Cour pénale internationale (CPI) était suffisant pour la justice, dans une interview jeudi nuit à France 24.
“Le procès de M. Gbagbo tire vers sa fin (…) il faut qu’il soit libéré et qu’il rentre en Côte d’Ivoire’’, a affirmé M. Konan Bédié, dont le parti tente un rapprochement avec le Front populaire ivoirien (FPI, opposition) de l’ancien chef de l’Etat, depuis son divorce d’avec le Rassemblent des républicains (RDR) d’Alassane Ouattara, l’actuel président de la République.
“Cela fait sept ans qu’il est en prison à La Haye. Quelque soit les crimes qu’il a commis, je pense que sept ans ça suffit pour la justice’’, a plaidé l’ancien chef de l’Etat
Fin octobre, le PDCI, qui s’est retiré du Rassemblement des houphouetistes pour la democratie et la paix (RHDP, majorité présidentielle), avait annoncé qu’il discutait avec plusieurs personnalités de l’opposition, de la société civile et avec le président de l’Assemblée nationale Guillaume Soro, en rupture de ban avec son parti le RDR, pour la mise en place d’une nouvelle plateforme politique.
Interrogé sur cette future plateforme politique, M. Konan Bédié a expliqué avoir “informé’’ M. Gbagbo, qui “a donné son accord’’ pour que le FPI soit associé à la mise en place de cette plateforme.
Cette sortie du président du PDCI intervient alors que la CPI doit rendre ce vendredi sa décision sur la demande de mise en liberté provisoire déposée par M. Gbagbo et son ex-ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé, incarcéré également à la CPI.
Alerte info/Connectionivoirienne.net
Bédié sur France 24 : Il se pourrait que ce soit moi le candidat du Pdci en 2020 – Transcription intégrale
Ci-dessous la transcription intégrale faite par l’Intelligent d’Abidjan de l’interview accordée par le Président du Pdci Rda, à la télévision France 24, et diffusée le jeudi 13 décembre 2018.
Le divorce est consommé entre vous, est-ce que vous êtes aujourd’hui dans l’opposition à Alassane Ouattara ?
L’alliance Rhdp groupement politique, née en 2005 à Paris, n’existe plus. Nous nous sommes séparés après beaucoup de divergences qu’il serait long d’énumérer ici.
On peut donc affirmer aujourd’hui sans détour ni risque de se tromper que vous n’êtes plus l’allié d’Alassane Ouattara et qu’un point de non-retour a été atteint entre vous …
Je le répète, nos partis fonctionnent séparément. Conforment aux instructions de leurs organes statutaires.
Vous nous parlez là d’un tournant majeur dans l’histoire politique de la Côte d’Ivoire. Parce que cette alliance existe depuis 13 ans …
C’est important. Mais, il y a des précédents. Les alliances se font et se défont.
Vous n’avez pas assisté à la messe de commémoration des 25 ans de décès du Président Félix Houphouët-Boigny à Yamoussoukro. On a dit que vous aviez fait un malaise. D’autres pensent que vous ne vouliez pas vor Alassane Ouattara. Que s’était-il passé ?
La réponse est que j’étais dans un état de fatigue. Et en plus de ce que la route qui relie Daoukro à Yamoussoukro est en très mauvais état, je n’ai pas voulu en rajouter.
Ce n’était donc pas un malaise politique. Ce n’était pas que vous ne vouliez pas voir Alassane Ouattara
Non ! Ce n’était pas un malaise politique. Ce n’est pas non-plus, un malaise technique comme on l’a annoncé à Yamoussoukro. C’est parce que j’avais été empêché.
Est-ce que vous parlez encore à Alassane Ouattara. Votre dernier entretien date du mois d’août (2018. Ndlr). Vous ne voulez plus lui parler …
Non ! Nous nous parlons. Quand le Président Ouattara ne m’a pas vu à Yamoussoukro pour cause de malaise technique comme on l’a dit, il m’a téléphoné le soir même en rentrant à Abidjan pour savoir comment j’allais. Nous avons échangé cordialement.
Considérez-vous qu’il a trahi le pacte que vous avez passé avec lui lorsque vous avez accepté de ne pas être candidat lors de la présidentielle 2015. Un pacte selon lequel le candidat de 2020 devrait être issu de votre parti, alors que lui estime qu’il ne vous a jamais fait cette promesse. Qui ment, finalement ?
Je n‘emploierai pas des mots trop forts comme trahi. Je dirai, qu’il a eu des manquements au bon déroulement de notre alliance.
Il a trahi ses promesses ?
Effectivement, le problème de l’alternance au profit du Pdci est un de ces problèmes. Mais il y en a d’autres. Il y a surtout la volonté de créer un nouveau parti qui est le parti unifié Rhdp qui se fait selon leur volonté, sans désirer véritablement la participation du Pdci-Rda.
Avez-vous l’impression que le Président Alassane Ouattara et son parti vous ont manqué de respect ?
Je ne sais pas si cela s’appelle le respect. Mais, effectivement, on a manqué de tenir compte du poids du Pdci-Rda dans l’alliance. Tenir compte du rôle essentiel qu’il a joué dans l’avènement d’Alassane Ouattara à la magistrature suprême en Côte d’Ivoire. Et de tous les sacrifices que j’ai consentis avec le Pdci-Rda pour qu’’il soit à la tête de l’État.
Regrettez-vous ? Avez-vous l’impression d’avoir été trop généreux avec Alassane Ouattara.
Après coup et maintenant, je le regrette !
Si je suis bien votre logique, le Pdci-Rda aura donc son candidat en 2020 ?
En 2020, nous mettrons à exécution l’ambition de réussir une alternance au profit du Pdci-Rda. C’est en 2019 qu’une convention du Pdci-Rda se tiendra pour désigner le candidat du parti à cette élection Présidentielle.
Vous aviez affirmez à plusieurs reprises que vous ne seriez pas candidat. Étant donné que l’équation politique a changé. Serez-vous candidat à la Présidentielle de 2020 ?
Nous n’avons jamais fait connaître qui sera candidat du Pdci-Rda en 2020.
Vous aviez dit que vous ne seriez pas …
Non plus ! Nous avions toujours dit que c’est la convention du parti qui désignera le candidat du Pdci-Rda.
Vous aviez dit l’année dernière, dans Jeune-Afrique “Non je ne me présenterai pas. Parce que je ne suis plus si-jeune“. C’est en gros ce que vous aviez dit. Est-ce qu’aujourd’hui, vous dites autre chose du genre “La convention décidera. Je n’exclus pas d’être candidat pour mon parti“. Pouvez-vous dire aujourd’hui que vous n’en voulez pas ?
C’était une évaluation de l’époque, du moment.
Ça a changé donc ?
Voilà ! Je ne dis pas aujourd’hui que je serai candidat. Mais, je dis que c’est la convention du Pdci qui désignera ce candidat.
Alors, serez-vous candidat à la candidature ?
Il se pourrait que ce ne soit pas moi.
Mais il se pourrait que ce soit vous …
Il se pourrait que ce soit moi !
Vous avez décidé de créer une nouvelle plate-forme. Est-ce avec Guillaume Soro le président de l’Assemblée nationale qui flotte un petit peu et dont on ne sait pas à qui il appartient. Ou alors, le Fpi de Laurent Gbagbo ? Avec qui comptez-vous-vous allier contre Alassane Ouattara ?
Après la rupture de notre alliance, à la demande de plusieurs autres partis politiques qui m’ont sollicité, nous pensons prendre la tête d’une nouvelle plateforme plus vaste, comprenant tous les partis politiques qui partagent les valeurs de la non-violence, de la tolérance et de l’État de droit
Est-ce cela inclue le Fpi de Laurent Gbagbo ? Lui-avez-vous envoyé des messages à la Haye où il est actuellement ? Cela inclue-t-il aussi Guillaume Soro …
C’est le souhait de tous ceux que vous venez de citer. Et bien d’autres.
Ils vous l’ont dit ?
Oui, ils me l’ont dit.
Avez-vous envoyé un message à Laurent Gbagbo dans ce sens, et il vous a dit qu’il veut nouer une alliance avec vous ?
Absolument. Je l’ai informé de ce que nous étions en train de mettre en place une nouvelle plateforme. Et, il m’a donné son accord.
Récemment ?
Oui, récemment. Il m’a donné son accord pour contacter le Fpi.
Guilaume Soro pourrait faire partir de cette alliance ?
Il n’y a pas à l’exclure, s’il désire rejoindre cette formation.
La main est donc tendue …
La main est tendue !
Laurent Gbagbo est détenu à la Haye depuis de nombreuses années. Êtes-vous en faveur de son acquittement ?
Je pense que cela fait 7 ans que Laurent Gbagbo est en prison à la Haye. Quels que soient les crimes qu’il a commis, je crois que 7 ans, ça suffit pour la justice. Comme son procès tire à sa fin, j’espère vivement qu’il soit libéré. Qu’il retrouve la liberté. Sa liberté.
Et qu’il rentre en Côte d’Ivoire ?
Oui qu’il rentre en Côte d’Ivoire
Transcrit par Koffo J.H.
L’Intelligent d’Abidjan
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