Il y avait premier conseil municipal ce jeudi depuis l’élection de Jacques Ehouo le 13 octobre 2018. La cérémonie qui devait être présidée par le préfet d’Abidjan et qui devait consacrer l’élection (au suffrage indirect) du maire et de ses adjoints, n’a pu avoir lieu. Pourtant le maire et ses conseillers étaient présents, les invités également. Le tout dans une ambiance carnavalesque. La cérémonie initialement prévue pour 10 heures, n’avait pas encore commencé jusqu’à midi. Finalement, c’est vers 14 h 30 que M. Ehouo qui était jusque-là dans une salle d’attente se résout à descendre dans l’arène, au milieu de la cour de la mairie où étaient dressées des bâches, pour une adresse aux invités.
Et c’est lui qui donne la raison du fiasco. Selon ses dires, ce premier conseil est reporté parce que les locaux de la mairie, le bureau des archives du département Etat civil, plus précisément, ont été détruits par un incendie. Puis M. Ehouo d’en appeler au calme devant des invités surpris par les raisons évoquées. « Nous sommes convaincus que nous allons être installés. Que ça se passe demain ou après, nous serons installés. Nous vous demandons de rester calmes pour ne pas qu’on dise que vous avez provoqué. C’est notre mairie et c’est ici que nous allons travailler », tente-t-il de sensibiliser avant de lancer quelques piques à ses empêcheurs. Morceau choisi : « Nous voulons très vite nous installer parce que les populations du Plateau ont exprimé leur choix et ce choix doit être respecté. Nous sommes allés à des élections, nous sommes dans une République. Peut-être que les personnes élues ne plaisent pas mais nous devons penser à la population du Plateau. (…) Nous avons présenté un projet et ce projet (développement éco-citoyen) nous devons l’exécuter. Face à la dictature du bruit, nous allons travailler sans bruit, dans le silence… Laissez les populations nous juger sur nos chantiers, sur ce que nous voulons leur donner. Arrêtez d’avoir des a-priori qui n’ont aucun fondement ! Allons à l’essentiel. »
Depuis la fin des élections municipales suivie de la bataille de ses partisans pour faire accepter sa victoire, c’est la première fois que le nouvel édile de la précieuse commune du Plateau s’exprime. On pourrait dire qu’il est sorti de son silence mais à l’allure où vont les choses, il aura fort à batailler pour véritablement occuper son fauteuil. Mercredi nuit, à quelques heures de l’investiture, un incendie aux allures criminelles s’est déclenché dans l’enceinte de l’Etat civil, faisant des ravages de documents administratifs. Mais bien avant, le nouveau député-maire aura subi des tirs groupés de la presse proche du pouvoir qui l’accusent de détournement d’importantes sommes au détriment de la mairie via sa société Neg.com. Une société qu’il ne gérait plus depuis qu’il a été élu député du Plateau, selon des proches.
Ce jeudi, certainement bien au fait de la tournure qu’allait prendre la cérémonie, le maire intérimaire Jacques Yapi qui a donné une conférence de presse sur lesdits détournements, le dimanche 9 décembre, n’est pas venu. Ni pour la passation des charges ni pour un simple constat après l’incendie. Selon des informations, il aurait prétexté d’une fatigue aiguë pour ne pas être là.
Le préfet d’Abidjan a, quant à lui, fait le déplacement pour le constat des dégâts et non pour présider le premier conseil suivi de l’élection des organes exécutifs. Pour le moment les supputations vont bon train à propos de cet incendie. Et la question que tout le monde se pose ici, est ‘’qui a intérêt à bruler la mairie maintenant et pour quel but ?’’. La non-tenue du premier conseil dans une salle qui n’a pas du tout été touchée par les flammes ne serait-elle pas un indice ? La police scientifique qui a investigué sur les lieux saura démener l’écheveau.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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