Il s’est retiré de la course pour la mairie du Plateau. Trois mois après, et au lendemain des décisions rendues par la Chambre administrative de la Cour suprême sur les élections régionales et municipales du samedi 13 octobre 2018, Ouattara Dramane dit O.D. s’est confié à nous.
Et votre moral ?
Ouattara Dramane dit O.D. : (Léger sourire). Ça va, merci.
Finalement, l’élection de la liste du député Jacques Ehouo à la mairie du Plateau a été validée par l’instance juridique suprême. Quel commentaire en faites-vous ?
Ouattara Dramane dit O.D : Aucun commentaire particulier, le peuple du Plateau a juste choisi qui il veut comme maire.
On se souvient que vous étiez bien engagé dans cette bataille pour la mairie du Plateau, puis vous vous êtes retiré sans combattre. Quels sont les sentiments qui vous animent aujourdhui ?
Les élections sont achevées et les résultats sont là. J’ai fait le deuil de mon retrait, je suis dans le présent, un présent qui envisage l’avenir avec confiance. J’ai tiré mes propres léçons. Je n’ai ni sentiments particuliers ni ressentiments. Ce qui est passé fait partie du passé.
Vous qui étiez très bien parti, vous vous êtes retiré au bénéfice du candidat du Rhdp qui a perdu ! Avez-vous des regrets ?
Je voudrais introduire une rectification. Je ne me suis pas rétiré au profit d’un candidat Rhdp, étant moi-même Rhdp. Que s’est-il passé ? En réalité, il y a eu un arbitrage, et cet arbitage a tranché en ma défaveur. J’ai respecté la discipline du parti.
Votre dernière prise de parole publique, en tant que candidat, était le 29 août 2018, par le biais d’un communiqué de presse qui annonçait votre retrait de la course à la mairie, puis une autre brève, lors d’un meeting de campagne, en tant que soutien au candidat désigné par le Rhdp. Que s’est-il vraiment passé ?
(Sourire). Toute la Côte d’Ivoire a suivi cette histoire, un peu inédite. Je ne veux pas y revenir. J’en ai tiré des léçons. C’est le plus important. J’ai fait le deuil des regrets. Après, je prie Dieu qu’il nous accorde longue vie et bonne santé pour avancer, continuer à marcher, la tête haute.
Quelles leçons précises avez-vous tirées ? Êtes-vous déçu du Rdr, votre parti, qui ne vous a pas choisi, des gouvernants dont certaines rumeurs ont dénoncé l’interventionnisme à vos dépens ?
J’ai tiré beaucoup de leçons, c’est sûr ! Il y a des leçons politiques et des leçons personnelles. Je note, au plan politique, que mes hommes et moi avons tout donné. Nous avons fait une belle campagne, sans violence, courtoise, offensive et cohérente. Et les populations du Plateau puis de Locodjoro, auxquelles je pense constamment, nous l’ont bien rendu. Je profite de cette tribune pour les en remercier. Nous avons tout mis en œuvre, ce qu’il fallait, nous l’avons fait dans le respect des autorités, dans la discipline du parti. Hélas ! Cependant, c’était une expérience enrichissante.
On peut effectivement penser que j’ai été sacrifié par mon parti mais ce n’est pas ma lecture. Vous savez, dans la culture Senoufo, un proverbe enseigne ceci : «Quand vous êtes alignés et que des gens se trouvent devant vous, il y a des choses qu’ils voient que vous ne voyez pas sur l’instant ou que vous percevez trop tard». Moi, je fais toujours confiance en mes leaders politiques.
Quel est votre agenda politique ?
Je suis toujours là où vous m’avez trouvé. Je regarde la réalité telle qu’elle est, sans renoncer à mes rêves. Je suis et demeure un militant Rdr actif et un Rhdp convaincu. Les yeux résolument tournés vers l’avenir, avec le désir de participer à la construction et à la consolidation de cet important instrument politique (Rhdp), gage de paix et de stabilité.
L’élection de 2018 est derrière nous. A présent, nous devons nous organiser au Plateau, renforcer la cohésion en notre sein, afin d’arracher la victoire en 2020. Voilà le nouveau cap qui doit nous mobiliser avec le même esprit : optimisme et détermination. Mais en attendant, et pour vous livrer mon actualité, en tant que membre des houphouétistes, je travaille à la tenue de notre séminaire qui se tient les 7 et 8 décembre prochains à San Pedro, sur le thème : « La contribution des médias à la diffusion et à la consolidation de l’idéal de paix de Félix Houphouët-Boigny ».
Confirmez-vous que le Plateau vous intéresse toujours ?
Je ne vois pas mon rapport avec le Plateau dans ces termes. Comme vous le savez, j’ai un lien d’abord affectif avec le Plateau. J’y ai habité pendant des décennies, ma famille y vit encore. Ensuite, j’ai un lien politique avec cette cité, en raison de mon engagement politique depuis 1994 et de ma responsabilité municipale depuis 2001. Cependant, le plus important, c’est la qualité du lien que le Rhdp entend développer localement, pour reprendre la main à la tête de cette commune dans les années à venir. Parce que je rêve toujours d’un Plateau transformé socialement, économiquement, administrativement et visuellement…
La qualité des liens établis avec les populations du Plateau constitue un ferment. C’est pourquoi, la difficulté de parcours que nous avons connue, ne peut constituer un blocage. Ces épreuves ne m’ont pas changé. Elles m’ont au contraire affermi. Ceci dit, ces élections sont bel et bien achévées, il y a un nouveau maire, et il serait sage de le laisser travailler.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué pendant cette aventure ?
La générosité, la compréhension des populations. Leur solidarité à mon endroit, quand j’ai été confronté à cette difficile situation de mon retrait. J’ai été impressionné par leur résilience, leur sens de la dignité et la force de leurs espérances, malgré des conditions de vie parfois insupportables. On en sort avec un autre état d’esprit, renforcé !
Je ne cesserai jamais de dire merci aux populations du Plateau et de Locodjoro. Merci à tous ceux qui m’ont aidé, accompagné et qui me conservent leur précieuse confiance.
Source : Soir Info
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