Après avoir réuni plus de 280 000 manifestants samedi, les manifestants bloquent depuis lundi matin une dizaine de dépôts pétroliers dans toute la France.
Le Monde avec AFP
Si la mobilisation est en baisse par rapport à samedi, les « gilets jaunes » tentent de poursuivre leur mobilisation, lundi 19 novembre. Depuis l’aube, des manifestants bloquent désormais plusieurs dépôts pétroliers dans toute la France. C’est le cas notamment à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône), à Vern-sur-Seiche (Ille-et-Vilaine), à Lespinasse près de Toulouse ou encore au port de La Pallice, à La Rochelle, selon un décompte de France Bleu.
Invité de RMC lundi, Benjamin Cauchy, organisateur du mouvement à Toulouse, explique leur nouvelle stratégie, deux jours après la mobilisation nationale qui a rassemblé plus de 280 000 personnes :
« On veut désormais bloquer les raffineries et les dépôts industriels pour avoir un impact économique. […] Edouard Philippe nous a entendus d’une seule oreille mais ne nous écoute pas. »
Le premier ministre, invité de France 2 dimanche soir, n’a en effet pas répondu aux revendications des manifestants, qui protestent notamment contre la hausse des prix des carburants. « On a entendu de la colère, mais on a aussi entendu de la souffrance, l’absence de perspectives, l’idée que les pouvoirs publics depuis longtemps ne répondaient pas aux inquiétudes et au sentiment de déclassement, d’abandon ressenti par une partie de la population », a reconnu le chef du gouvernement.
« Cela manque de cap et de sens »
Mais Edouard Philippe a de nouveau affiché les engagements pris par Emmanuel Macron de faire baisser les prélèvements obligatoires et de mieux rémunérer le travail, quitte à davantage taxer la pollution. « Ce n’est pas quand ça souffle qu’il faut changer de cap, le cap que nous avons fixé nous allons le tenir », a insisté le premier ministre, assurant que la taxe carbone serait maintenue.
« La transition écologique ne peut être réussie que si nous accompagnons effectivement, pratiquement, les Français (…) Nous voulons les libérer de cette dépendance à la voiture. »
Une réponse jugée insuffisante par le leader de la Confédération française démocratique du travail (CFDT), Laurent Berger, dans une interview au Monde, lundi.
« Il n’y a rien de nouveau ! Le chef du gouvernement veut poursuivre la transition écologique, mais il ne la présente qu’en termes de fiscalité, pas en opportunités pour l’emploi, la santé et les territoires. Cela manque de cap et de sens. »
Outre les dépôts de carburants, d’autres points de blocage sont apparus lundi matin :
en Nouvelle-Aquitaine, la préfecture annonce notamment sur son compte Twitter la fermeture du péage de Virsac sur l’autoroute 10 (A10) et du péage de Langon sur l’A62. A Bordeaux, le pont d’Aquitaine est également fermé à la circulation ;
à Caen, la préfecture du Calvados a annoncé la fermeture du périphérique sud ;
en Auvergne-Rhône-Alpes, des gilets jaunes se sont positionnés au péage de Limas sur l’A6 au niveau de Villefranche-sur-Saône, créant plusieurs kilomètres de bouchons, selon la préfecture du Rhône. L’accès à l’A6 était également perturbé au sud de Chalon-sur-Saône par la présence de gilets jaunes, selon la préfecture de Saône-et-Loire ;
dans les Pyrénées-Orientales, l’A9 est bloquée dans les deux sens au niveau de Perpignan ;
en Haute-Savoie, France Bleu a constaté qu’une dizaine de « gilets jaunes » avaient organisé une opération péage gratuit sur l’A41 ;
La Voix du Nord annonce que l’A16 est complètement bloquée au niveau de Calais depuis 5 heures du matin dans les deux sens après la mise en place de barrages filtrants par les manifestants. ;
dans le sud-est de la France, des barrages filtrants sont également organisés du côté d’Orange, de Bollène, de Cavaillon et d’Avignon. Selon La Provence, les transports scolaires ont été suspendus dans ces secteurs par le conseil régional.
Si la mobilisation continue lundi, ils n’étaient plus que 46 000 « gilets jaunes » à participer aux blocages dimanche, selon une source policière. Mais les manifestants souhaitent poursuivre leur mouvement : une des têtes d’affiche des « gilets jaunes », Eric Drouet, a d’ores et déjà lancé sur Facebook un appel à manifester samedi à Paris.
Une manifestante morte, 400 personnes blessées
Plusieurs incidents ont à nouveau émaillé la nuit de dimanche à lundi. A Calais, un automobiliste anglais et un chauffeur routier australien ont été placés en garde à vue après avoir touché des manifestants en forçant des barrages. A Saint-Dizier (Haute-Marne), le conducteur d’un camion a été interpellé par les gendarmes, également pour avoir blessé un « gilet jaune », transporté à l’hôpital.
La journée de samedi a été marquée par de nombreuses violences entre manifestants et automobilistes au niveau des points de blocage. Une manifestante est morte au Pont-de-Beauvoisin, en Savoie, après avoir été renversée par une conductrice, qui a été mise en examen dimanche.
Par ailleurs, 400 personnes ont été blessés, dont 14 gravement. Du côté des policiers, des gendarmes et des pompiers, le bilan est également important – au moins 28 blessés, dont plusieurs gravement –, alors même qu’il y a eu peu d’affrontements directs avec les manifestants.
De nombreux dérapages ont été observés, souvent des accrochages avec des citoyens refusant d’être bloqués. Selon La Voix de l’Ain, une agression homophobe aurait eu lieu dans l’Ain et, selon Le Courrier picard, une automobiliste musulmane aurait été forcée de retirer son voile. Dans l’Aube, une intrusion dans la préfecture a provoqué des dégâts. Une fois la nuit tombée, le niveau de violence est monté d’un cran.
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