Nouvelles ambitions chocolatières de la Côte d’Ivoire: Les femmes de la cacaoculture à l’honneur

blank

Le Succès du chocolat ivoirien ne s’est pas démenti lors de la 24ème édition du Salon mondial du chocolat et du cacao à Paris, Porte de Versailles.

Comme chaque année, le salon a été riche en activités. Côté grand public, avec des défilés quotidiens de robes et des sculptures en chocolat. Qui ont meublé les ateliers gourmands et les rencontres professionnelles. D’importantes représentations de planteurs et de producteurs de cacao du monde entier avaient fait le déplacement.

Les visiteurs et amoureux du chocolat ont pu participer, sur le stand de la Côte d’Ivoire, à des « classes cacao », festives et pédagogiques, pour apprendre la particularité du cacao de Côte d’Ivoire et la façon dont celui-ci est produit.

La Côte d’Ivoire caracole en tête avec 2 millions de tonnes de fève

Premier producteur de cacao dans le monde, la Côte d’Ivoire, comme chaque année, avait un stand à ce 24eme Salon du chocolat de Paris. Le continent africain fournit environ 75 % des fèves de cacao produites dans le monde, selon l’Organisation internationale du cacao (Icco). La Côte d’Ivoire caracole en tête avec 2 millions de tonnes (42 % de la production mondiale), suivie du Ghana (950 000 tonnes). Loin derrière arrivent le Cameroun (240 000 tonnes) et le Nigeria (225 000 tonnes).

Le salon, à peu de choses près, présente la même affiche depuis plusieurs années. Rien non plus ne vient affaiblir l’engouement autour du cacao, avec autant de visiteurs et d’exposants pour rassasier les bouches gourmandes.

La filière chocolat tente toutefois de renouveler ses arguments. Objectif de qualité, respect de l’environnement à toutes les étapes de la récolte et de la transformation du cacao, gestion des déchets, elle s’inscrit résolument dans le mouvement mondial de l’agriculture durable.
De même, le salon, qui présente traditionnellement le savoir-faire des artisans chocolatiers du monde entier, a, cette année, permis aux femmes de faire état de leur savoir faire en matière de cacao. Objectif, prouver que de la fève à la tablette, le chocolat est aussi une histoire de femmes. Et l’on a découvert la nouvelle tendance des « bean-to-bar.
C’est le fait, pour un artisan chocolatier, de maîtriser toute la filière, de la fève (bean) jusqu’à la tablette (bar). Ils produisent les fèves dans leurs propres champs et les transforment eux-mêmes.

La contribution de la femme dans la chaîne de valeur du cacao en Côte d’Ivoire, de la production à la transformation du cacao et de ses dérivés

Les femmes, les africaines en premier lieu, en ont fait leur cheval de bataille. Le Bean to bar, filière courte, gage de qualité, est porté par les femmes ivoiriennes dans la cacaoculture. Elles ont animés un panel sur « la contribution de la femme dans la chaîne de valeur du cacao en Côte d’Ivoire, de la production à la transformation du cacao et de ses dérivés » .
Ainsi Mme Victorine Kouaglou, lauréate du prix de la meilleure productrice nationale de cacao lors de la 5ème édition des Journées nationales du cacao et du chocolat 2018 (JNCC), Mme Solange Adjoua N’guessan de la coopérative UCAS, l’industrielle de cacao en poudre, Olga Yenou, de l’unité de transformation de cacao et de chocolaterie, TAFI SA, et le Maître chocolatier Suzanne Kabani, ont présenté l’expérience de la Côte d’Ivoire.
Cette plateforme d’expression devant les meilleurs chocolatiers du monde, avait pour but de montrer les potentialités et de trouver des partenaires pour développer leurs activités.

Le Conseil Café cacao, de son côté, en développant le concept Femme et Cacao, démontre la place importante des femmes de Côte d’Ivoire dans la durabilité de la cacaoculture.
En travaillant par ailleurs sur les dérivées du cacao et de ses déchets, elles ont montré comment elles sont arrivées à améliorer l’environnement économique et social dans lequel elles vivent. Car ces projets liés au cacao sont aussi le moteur d’actions sociales et associatives qui permettent, notamment, de scolariser les jeunes filles en échecs scolaires, d’alphabétiser des femmes en zones rurales ou de venir en aide aux veuves de cacaocuteurs.

Les « Douceur de Suzanne »

Suzanne Kabanni, maître chocolatier en Côte d’Ivoire depuis 14 ans, suscite de plus en plus d’engouement avec sa marque les « Douceur de Suzanne » dont les créations à base de gingembre et de chocolat noir, sont entièrement artisanales.
Elle fait remarqué que l’appellation  »chocolatier » souvent galvaudé : « Sur des milliers de chocolatiers, il y en a très peu qui fabriquent eux-mêmes leur produit à partir de la fève. Certains l’achètent à des industriels et fabriquent, non sans talent parfois, leurs marques c’est-à-dire à partir d’un chocolat qui n’est pas le leur ». Pour elle, il faut distinguer le chocolatier de celui qui seulement travaille le chocolat. Cela « pour éviter le malentendu suscité par le terme chocolatier ».

Les marques portées par les femmes de Côte d’Ivoire, Eco responsables et éthiques, proposent un chocolat réalisé à partir de fèves cultivées en Côte d’Ivoire et transformées sur place. Certaines marques promeuvent l’action sociale que l’activité permet de générer. Par exemple, Madame N’guessan, promotrice de la structure « TOUT AU CACAO », qui fabrique des fèves moelleuses de cacao et des savons à base de déchets de cacao. Elle préside l’ ONG « AMOUR ET VIE » pour les enfants et les veuves de la cacao culture. Elle anime également un centre d’accueil des enfants orphelins, vivant en situation difficile et défavorisés.

Un des axes forts de la politique gouvernementale ivoirienne, est la transformation en Côte d’Ivoire d’au moins 50 % de la production nationale.

Longtemps la présence africaine sur au salon était quasi inexistante. Mais les choses changent.
Les cacaoculteurs africains se mettent de plus en plus à la torréfaction.
La culture du cacao en Côte d’Ivoire s’inscrit aujourd’hui dans une perspective de durabilité répondant aux valeurs éthiques recommandées.
Rappelons aussi le combat de la Côte d’Ivoire pour la lutte contre le travail des enfants dans les plantations de cacao. Pour combattre ce fléau, deux comités de lutte contre le travail des enfants ont été mis en place : le Comité Interministériel et le Comité National de Surveillance dirigé par la première dame Dominique Ouattara .

Avec plus de 500 participants qui ont marqué de leur présence cette 24 ieme édition, ce rendez vous incontournable des professionnels, des experts et des talents de la filière chocolat et cacao a refermé ses portes ce dimanche 4 novembre. Cinq jours durant lesquels les visiteurs ont pu découvrir les produits des 230 exposants et déguster des variétés de chocolats issues des cinq continents

Samuel Tia avec Sercom Ambassade de Côte d’Ivoire à Paris

Commentaires Facebook