Non, je ne pense pas que le problème de la Côte d’Ivoire soit la Commission Électorale Indépendante (CEI) contrairement à ce que presque tout le monde pense. Le problème de la Côte d’Ivoire c’est le système politique et administratif adopté depuis 1960, véritable frein au développement du pays. Certes, il n’existe pas de système politique et administratif parfait dans ce monde. Chaque pays adopte et adapte le système qui lui convient en fonction des contextes sociaux culturels et économiques du moment.
Notre système politique et administratif actuel est un système adopté dès l’indépendance du pays en 1960. Certainement qu’il répondait bien au contexte de cette époque là. Et ce système administratif et politique de la Côte d’Ivoire a de tout temps resté en état sans que personne s’en a préoccupe vraiment. On a misé sur le multipartisme en 1990 sans s’attaquer véritablement au système lui-même. Le président de la république n’avait que faire de vos nombres pléthoriques de partis politiques tant qu’il savait que le système était intact pour lui. Donc, la commission électorale actuelle n’y est pour rien.
Au temps du président Houphouët c’était les scores à la soviétique aux élections que les préfets communiquaient au ministère de l’Intérieur alors qu’il était candidat unique. Autant de Bédié la commission électorale n’existait pas ou si elle existait elle était aussi aux mains du pouvoir, le ministre Bombet. N’est ce pas cela qui a causé le boycott actif de 1995? C’est sous le président Gbagbo qu’il y a eu un semblant de commission non inféodée au pouvoir. Encore que là, le président Gbagbo n’avait pas le choix avec le dictat de la rébellion et de la France.
Mon objet d’aujourd’hui n’est pas de comparer les régimes mais j’estime que le régime actuel est le pire des régimes que le pays a connus. Jugez en vous-mêmes: la circulation des dozos armés imposés de force dans toutes les régions du pays, les caprices des rebelles, microbes, FRCI, armée, la police, l’administration unicolore aux mains d’une seule ethnie, l’insécurité, l’absence totale d’indépendance de justice, les caches d’armes et leur circulation à travers tout le pays et en toute impunité, le surendettement sans précédent, la mise sous tutelle de l’opposition, la récompense des rebelles sur le dos du contribuable, l’anarchie et le cafouillage total partout, les 2% de taux de chômage, bref un pays d’exception; voilà la particularité du régime actuel par rapport aux régimes précédents. Ceci étant, les élections ont toujours été organisées sous l’emprise directe du chef de l’état. Seul le président Gbagbo qui a dit qu’il ne s’immiscera pas de la CEI et il a tenu parole.
A part donc le président Gbagbo, sous les régimes précédents et le régime actuel, la commission électorale a de tout temps fonctionné comme Ça quelque soit le président qui arrive demain et après demain tant que nous ne réfléchissons pas sérieusement à l’amélioration du système politique et administratif actuel lui-même. En plus de cela il y a une mentalité de tricher, de voler pendant les élections et cela à tous les niveaux CEI, partis politiques, candidats, populations. Il faut donc enrayer également cette mentalité de vouloir gagner une élection coute que coute et par tous les moyens.
Ainsi, le fond du problème que les pays Africains ont en général et la Côte d’Ivoire en particulier est le système politique administratif adopté dès les indépendances, système politique où les présidents de la république font la pluie et le beau temps. Système où tout converge vers le président de la république, système qui de ce fait installe la corruption, le népotisme, le tribalisme dans les pays. Tous ceux qui s’agitent à être présidents de la république, approchez les et vous verrez qu’ils n’ont même pas un programme de développement du pays. Ce qui les intéressent, c’est ce pouvoir qui feront d’eux quelqu’un qui n’a pas de salaire, qui prend l’argent comme il veut, qui nomme comme il veut, qui renvoie comme il veut, qui fait danser les gens comme il veut, qui met les gens en prisons comme il veut, etc. Voilà pourquoi en Afrique la présidence de la république est tant convoitée et tant que cela ne change pas, les Africains vivront toujours dans la poussière ou dans la boue, ils ne connaîtront pas de développement véritable.
Ce système est un véritable frein au développement car personne ne travaille, tout le monde ne cherche qu’à faire plaisir au président de la république ou à ses proches en passant tout leur temps à organiser des actions folkloriques avec la complicité de la RTI. Il faut connaître quelqu’un dans le système pour régler ton problème. Si tu ne connais personne, tu es obligé de donner l’argent à quelqu’un pour le supplier à régler ton problème. Oui c’est comme Ça que le système ivoirien a de tout temps fonctionné. Alors plutôt que de s’attarder sur une commission électorale ou un individu qui est président de la république du moment, il est encore, mille fois mieux de s’attaquer au système lui-même. Ce faisant l’actuel président et les présidents à venir ne vont plus en abuser.
En critiquant le président Ouattara et Youssouf Bakayoko, c’est bien juste pour réduire les abus mais croyez moi vos critiques ne les dérangent pas parce qu’ils se disent qu’ils n’ont pas inventé ce système ils l’ont trouvé sur place et dans ces mêmes conditions. Donc ces critiques sont sans effets car nous passons à côté du sujet. Le véritable sujet et de loin le plus important c’est comment changer ou comment améliorer ce système politique et administratif adopté depuis l’indépendance?
L’initiative de ce changement ne viendra jamais du pouvoir en place car ses dirigeants en profitent avec joie. L’initiative doit venir de vous et moi, de tous les citoyens et citoyennes. Nous devons dénoncer les tares du système par tous les moyens légaux: les articles dans les journaux, l’apport des musiciens, les intellectuels de tout bord, les leaders d’opinion, les humoristes, les journalistes, la société civile, les acteurs de cinémas, les écrivains, tous, nous devons dénoncer ce système. Tout cela doit déboucher sur la mise en place d’un comité chargé de réexaminer la constitution actuelle.
Il faut réduire les pouvoirs excessifs du président de la république. Prévoir un mécanisme de le démettre en cas de manquement grave et ne pas attendre la fin de son mandat. Il faut que toutes les personnes qui aspirent à la fonction de chef d’état en soient conscientes, qu’on peut démettre le président de la république à tout moment pour faute grave constatée par exemple corruption ou tentative de corruption, intimidation de la justice, favoritisme d’une seule ethnie, abus de pouvoir, etc. Cela suppose bien entendu que la nouvelle constitution aura prévu une structure à cet effet.
De plus, le président doit avoir un salaire et des avantages liés au poste qu’il occupe et ceci doit être connu de tous, pas de budgets spéciaux tel que budget de souveraineté, budget de ceci ou cela. C’est un fonctionnaire qui est payé par l’Etat de Côte d’Ivoire et cela doit être consigné dans la constitution. Il n’a pas à créer des postes ministériels ou autres comme bon lui semble. Le nombre de ministères de la république est connu et prévu dans la constitution. Il peut y avoir des mécanismes de recours en cas d’exception pour nécessité de service approuvée au préalable, etc. Par exemple ici aux USA, le président Bush avait saisi et obtenu l’accord du congrès pour la création du poste du ministère de la sécurité intérieure (Department of Homeland Security) au lendemain des attaques du 11 Septembre, 2001, ce département ministère n’existait pas avant ces attaques terroristes.
Enfin, notre fameuse commission électorale doit être gérée par les membres élus et non nommés par le président de la république. Un système où le président a peur de ne pas terminer son mandat ou de ne pas être réélu. Tant que nous n’avons pas un tel système politique et administratif, on peut avoir les meilleures commissions électorales du monde, notre problème de développement restera entier. Nous utiliserons toujours des balaies pour nettoyer nos rues poussiéreuses non bitumées parce que ces présidents trouveront toujours des moyens pour corrompre les membres de ces commissions électorales enfin de compte.
Bonne journée à toutes et à tous.
Dr. Charles Koudou, USA
Administrateur des Services de santé
Consultant en santé et développement
Si on s en tien au fait que lors des dernières élections, c’est après le vote, lors des dépouillements, que la plus part des contestations ont eu lieu impliquant très souvent des présidents de bureau de vote, oui.
Sinon comment on compte des bulletins de vote chacun à son pv et après ça va dans tous les sens?