Communiqué du cabinet du ministre Charles Blé Goudé :
ADIEU PAPA GOSSIO
On dit souvent que la plus grande tragédie de la vie ce n’est pas la mort, mais ce qui meurt en nous pendant que nous vivons. Puisse Dieu faire que de cette tragédie, ne meurt pas ce qui reste en moi !
Ce lundi, 22 octobre 2018, les personnes avec qui j’avais pris l’habitude de parler pour prendre les nouvelles du pays étaient toutes injoignables.
Elles avaient en fait fermé leurs téléphones. C’est à croire que tous me fuyaient.
Je l’aurai compris par la suite. Après plusieurs tentatives, je pouvais, enfin parler à quelqu’un. C’était d’ailleurs la bonne personne que j’avais en ligne.
Avec une gorge nouée, elle me dit :
« Papa, les nouvelles ne sont pas bonnes ici. Le vieux est parti. »
«Quel vieux ? Ton papa ? »
« Non, ton papa à toi. Le vieux Gossio est décédé hier. Il est mort dans sa voiture, sois fort s’il te plaît ».
Voilà comment j’ai appris la mort de celui qui a fini par devenir mon père. J’avais certes un géniteur, mais Gossio était mon père.
C’était lui mon feuillage, mon épaule en fait. Il était si humain, si proche des autres malgré son rang social. Sa porte était toujours ouverte. Son oreille toujours attentive.
Pour lui, je n’étais pas qu’un personnage. J’étais d’abord un être humain qui avait aussi besoin d’amour et de respect.
Gossio savait écouter, il savait respecter les autres aussi petit soit-il.
Aujourd’hui, la mort m’oblige à parler de lui désormais au passé.
Ainsi donc, mon père Marcel Gossio est mort, il n’est plus de ce monde. Il avait toujours su me protéger. Il disait qu’il ne pouvait pas venir me voir ici à La Haye, parce qu’il ne voulait pas me créer des problèmes.
Il me disait : « Zouzou, ne t’inquiète pas. Ton vieux père t’attend ici à Abidjan . Sois tranquille, tu vas bientôt revenir ici à Abidjan et on va tous fêter. »
Moi aussi, je caressais cet espoir de retrouvailles. Hélas, l’espoir de revoir mon père s’est désormais évaporé. Même si un jour je sors de cette prison, je ne le reverrai plus jamais.
Depuis ce lundi 22 octobre, je sens et je vis le poids pesant de cette prison dont les murs épais m’empêche d’être là aux côtés de maman Hortense Gossio, pour qu’on pleure ensemble, elle son ami, son mari et moi, mon père.
J’ai envie de sortir, pour au moins voir papa Gossio, même sans vie.
Je ne sais même pas ce que je fais ici, je ne sais même pas où je suis, je ne sais même plus où je suis.
Tout ce qui me reste, c’est de pleurer. Depuis lundi, je pleure et je pleurerai toutes les larmes de mon corps.
Parce que cette douleur ne restera pas muette. Elle est trop grande et je ne sais pas si je pourrais la supporter.
Oh seigneur mon Dieu, pourquoi ? Pourquoi ?
Et pourtant, je dois me soumettre à ta volonté mon seigneur.
Puisses-tu me donner la force de le faire ?
Car, il n’y a de douleur, ni d’épreuves qui échappent à ton contrôle.
Que ta volonté soit faite !
Je te confie mon père Gossio là-bas, là haut auprès de toi.
S’il te plaît, garde le, que son âme repose en paix.
Adieu papa, Adieu mon père
Ton fils, Charles Blé Goudé
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