Dimanche 21 octobre, les membres de différentes confessions religieuses en Côte d’Ivoire se sont réunis au centre Sant’Egidio, à Abidjan, pour prier pour la paix. À cette occasion, ils ont appelé à des actions concrètes pour la construction de « ponts de paix ».
En Côte d’Ivoire, à l’invitation de la communauté Sant’Egidio, plusieurs guides religieux chrétiens et musulmans ainsi que des représentants de la société civile et des partis politiques, ont participé, dimanche 21 octobre, à la 6e rencontre interreligieuse pour la paix.
La rencontre d’Abidjan fait écho au pèlerinage mondial pour la paix de la communauté Sant’Egidio qui s’est déroulé en Italie, les 14,15 et 16 octobre. Réunis à Bologne, des représentants des différentes religions et cultures se sont unis pour construire des « ponts de paix ».
À leur suite, dans un appel pour la paix, les guides religieux ivoiriens se sont engagés à travailler ensemble pour combattre ce qui est à leurs yeux à l’origine de nombreux conflits. Il s’agit entre autres de l’avidité de pouvoir et de l’argent, le fanatisme et le nationalisme exacerbé. Les religieux se sont aussi engagés à créer et préserver les liens humains pour lutter contre la solitude devenue de plus en plus prégnante.
Ne pas se résigner
L’appel à la paix des guides religieux ivoiriens intervient une semaine après des élections locales émaillées par des violences qui ont fait 5 morts, des blessés et des dégâts matériels dans plusieurs circonscriptions électorales, selon le gouvernement ivoirien. Ces événements suscitent des craintes au sein de la population dans la perspective de l’élection présidentielle de 2020. « Au regard des nouvelles qui nous parviennent chaque jour, la paix ne semble pas pointer à l’horizon, a expliqué Georges Adon le président national de la communauté Sant’Egidio. Le moment est effectivement venu pour reconstruire nos ponts qui s’écroulent chaque jour, cèdent la place à des fossés entre les peuples. C’est un devoir qui engage la responsabilité de tous. » Il a, en outre, invité les religieux, les représentants de la société civile et des partis politiques à ne pas se laisser gagner par la résignation. « Nous les croyants, nous devons avoir la capacité d’espérer dans la prière que le changement est possible, a-t-il insisté. Face aux murs et aux abîmes, les nombreuses personnes qui se sont engagées sur la voie du dialogue et la prière sont l’expression du rêve d’un horizon commun d’unité où brillent différentes lumières. »
Actions
Les représentants des imams, des Églises évangéliques, méthodistes, catholiques et grecques orthodoxes, ont formulé des prières et exprimé leurs vœux pour la paix en Côte d’Ivoire et dans le monde. « Nous avons demandé aux hommes politiques de cultiver l’esprit de fair-play et de ne pas envoyer les enfants des autres dans les rues pour détruire les biens ou se faire tuer, a expliqué Cheick Amadou Koné, président de la Haute Autorité des imams pour la paix et la cohésion communautaire en Côte d’Ivoire. Nous avons instruit nos imams afin que dans leurs sermons, conférences et séminaires, ils enseignent l’esprit de tolérance, d’amour et de pardon. » Pour l’évangélique Désiré Gnaly de l’Église des « Assemblées de Dieu », les vœux de paix émis par les religieux doivent s’accompagner d’actions concrètes comme en République démocratique du Congo. « J’espère que nous n’allons pas nous arrêter aux discours, a-t-il plaidé. Si dans certains pays comme la RDC, l’Église a pu réunir l’ensemble de la classe politique pour un accord de paix, j’ose croire qu’à leur image, nous aurons nous aussi des actions concrètes sur le terrain. »
Guy Aimé Eblotié (à Abidjan)
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