Les élections locales ivoiriennes du samedi 13 octobre ont donné lieu à des violences et contestations. De nombreux Ivoiriens remettent désormais en cause la crédibilité de la Commission électorale indépendante (C.E.I) où les confessions religieuses sont représentées.
Parmi les catholiques, également représentés dans cette institution, le débat est vif entre les partisans d’un retrait de l’Église et ceux qui souhaitent son maintien.
En Côte d’Ivoire, les élections municipales et régionales ont été émaillées de violences. Il y a eu au moins un mort à Lakota (ouest) et, dans de nombreuses localités, les résultats, qui sont favorables au parti au pouvoir, sont contestés par l’opposition.
La première cible de ces contestations est la Commission électorale indépendante (C.E.I), organe en charge de l’organisation du scrutin.
À cette commission, siègent les confessions religieuses pour le compte de la société civile. L’imam Ousmane Diakité, représente le Conseil supérieur des imams (Cosim) et le père Martial Boni Boni, de la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci).
Depuis ce rendez-vous électoral houleux, le débat est vif, parmi les catholiques entre ceux qui demandent le retrait de l’Église de cette commission qu’ils jugent « illégitime » et les partisans de son maintien.
Le père Donald Zagoré, prêtre de la société des missions africaines (SMA), par exemple, milite pour le retrait de l’Église. « Que fait encore l’Église catholique de Côte d’Ivoire au sein d’une Commission électorale indépendante (CEI) décriée sous tous les toits parce qu’elle est illégitime et illégale et qui, à chaque scrutin doit plonger le pays dans la violence et le chaos », s’indigne-t-il, estimant que certains membres de la C.E.I sont trop enclins à la fraude et à la tricherie.
Créer la crédibilité au sein de la C.E.I
La Croix Africa a posé la question au père Charles Olidjo, secrétaire général de la Commission Justice et Paix, l’organe qui, au sein de la Conférence épiscopale ivoirienne, gère les questions politiques. « La présence de l’Église au sein de la Commission électorale indépendante est une question fondamentale, a-t-il répondu. C’est la loi électorale qui recommande qu’il y ait plusieurs composantes pour susciter l’équilibre au sein de l’organe en charge des élections. L’Église y est présente en tant qu’institution religieuse mais aussi morale. Je ne pense pas qu’elle doive quitter cette commission parce qu’elle est jugée non crédible par certains. L’Église doit, au contraire, contribuer à créer à l’intérieur, de la crédibilité ».
Aux yeux du père Olidjo, la situation est, en outre, trop tendue dans le pays pour que l’Église crée une autre crise en sortant de cette commission. « L’Église prend le temps, pour, à terme faire une déclaration de nature à apaiser et non à attiser le feu ».
En 2014 le père Martial Boni Boni avait momentanément suspendu sa participation à l’organe électoral après un désaccord sur le fonctionnement.
Créer un réseau d’observateurs indépendants
La Commission Justice et Paix ivoirienne souhaite, à terme, avoir un agrément de la C.E.I pour créer un réseau d’observateurs indépendants qui pourraient suivre le processus électoral et rendre des rapports à partir de données fiables recueillies sur le terrain.
Cela se fait déjà dans de nombreux pays africains, où l’Église, à travers la Commission Justice et Paix ou le réseau Caritas, couvre les élections et rend son rapport. C’est le cas par exemple en RD-Congo au Cameroun ou encore au Mali.
Source: Africa.la-croix.com
Lucie Sarr
Commentaire par Richard HONKOU
– 19.10.18 à 17 h 08 min
Merci au Père Charles Olidjo pour la précision et surtout pour l’éclairage. Le Caractère composite de la C.E.I est recommandé par la Loi électorale, a-t-il dit. Alors, je pense que l’Église y est présente, c’est bien. Relisons un peu Africae munus surtout le numero 22. Fuir les problèmes, n’est pas une bonne option. Mais les affronter d’une autre manière sage et prudente, serait mieux. Que le Seigneur vous soutienne dans cette pastorale complexe. Confiance surtout.
C’est dieu qui établi l’autorité.
A y voir de près, le principal problème de ces élections passées, comme personne n’a confiance en la CEi, tout le monde a voulu tricher tout en criant au loup.
Au temps d’Houphouët, on passait des mois à reconcilier au sein du parti unique après les municipales.
Là, les gens vont crier au loup jusqu’à la présidentielle.