Côte-d’Ivoire: Cinq millions de Fcfa du Burida aux enfants de Marcellin Yacé 16 ans après sa mort, Tiane accuse…

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De gauche à droite : Marcellin Yacé , Tiane, Belinda et Mme Viéra , DG du Burida

Interview avec Tiane, membre du Conseil d’administration du Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida), ex-compagne de Marcellin Yacé, tué au début de la crise en 2002.

Dans le milieu des arts et de la culture, de plus en plus de voix s’élèvent pour dénoncer le manque de transparence dans la gestion des droits des artistes défunts, au Burida. Vous qui êtes membre de la cellule chargée des répartitions au Conseil d’administration de ladite structure, qu’en pensez-vous ?

Ce qui se passe au Burida, nous-mêmes n’y comprenons rien, avec ses règles floues qui s’appliquent. Les enfants de Marcellin Yacé en sont également de grosses victimes. Au Burida, c’est la Direction générale qui statue sur tout, et qui fait tout à la fois. À ce sujet, j’ai même eu de vives altercations avec Madame Vieira (la DG du Burida : Ndlr). Les enfants de Marcellin Yacé vont porter plainte, parce que 16 années après sa mort, il n’a reçu que 5 millions de Franc Cfa, comme droits. Mme Vieira et moi, nous nous sommes engueulées pour cela. Mais que voulez-vous (…) Tout ce qui se passe au Burida est tellement grave que nous ne savons plus quoi faire ; et nous sommes là, on regarde. Mais moi, je continue toujours de me plaindre. Que pouvons-nous pour changer le Burida : Rien ! Nous, le Conseil d’administration, on prend des décisions dans l’intérêt des artistes mais la Direction générale refuse de les appliquer. Que voulez-vous que nous fassions?

Selon les textes régissant l’Institution, le Conseil d’administration est pourtant au-dessus de la Direction générale. Que faites-vous pour faire appliquer vos décisions, notamment en ce qui concerne les droits revenant aux artistes défunts ?

Moi, j’en parle tout le temps. Et je me demande d’ailleurs pourquoi certains restent muets sur le sujet. (…) c’est à cause de toutes ces choses là que les gens se plaignent de Mme Vieira et demandent qu’elle parte de la tête du Burida. Il y a vraiment beaucoup de choses à dénoncer au Burida.

Lesquelles, par exemple ?

Mais ce que je viens de dénoncer est déjà un fait grave. C’est le problème de la répartition qui est le vrai nœud du problème et nous y sommes depuis. C’est vraiment le vrai problème au Burida.

En Côte d’Ivoire, une œuvre a une durée de vie de 70 ans; la somme de 5 millions de francs Cfa comme droits versés aux enfants de Marcellin Yacé , est-elle conforme selon-vous ?

Depuis les années 80 jusqu’en 2002, Marcellin ne faisait que ‘’faire’’ des artistes. Et des artistes qui n’avaient que du succès. Je leur ai dit cela (à la direction générale du Burida : Ndlr). 5 millions comme droit pour Marcellin, j’ai dit que c’est une insulte à sa mémoire. Ma fille Belinda a pleuré et elle a dit : ‘’c’est le Burida qui traite mon papa comme cela ?’’. 5 millions, 16 ans après sa mort. Vous vous rendez compte. Je vous raconte une anecdote.

Un jour, Mme Vieira m’a demandé si nous avons une fois pris l’argent de Marcellin et je lui ai dit ‘’non’’. Et elle a rétorqué :’’ mais le jour où vous avez venir prendre son argent, vous allez vider les caisses du Burida’’ et nous avons rigolée elle et moi. Ça veut dire qu’elle connaît bien le poids du monsieur dans la répartition des droits. Puis, le jour de faire les papiers pour la répartition, Yves Kané (le directeur chargé des répartitions su Burida) nous dit que c’était 8 millions Fcfa, et le jour de la récupération de l’argent, ma fille arrive et on lui tend 5 millions Fcfa . Ma fille lui dit : ‘’mais comment de 8 millions Fcfa dont vous avez parlé, vous me versez 5 millions Fcfa ’’. Et il répond qu’il s’est trompé et que c’est pour Ernesto Djédjé qui est 8 millions Fcfa.

Ernesto Djédjé, depuis sa mort (le 9 juin 1983 : Ndlr), ses ayant droits prennent toujours de l’argent. Et en 2016, ils ont touché 8 millions Fcfa encore. Soit 33 ans après sa disparition. Ce que je ne conteste d’ailleurs pas. Toutefois ce que je ne comprends pas, Marcellin Yacé, 16 ans après sa mort, pour la première fois, c’est seulement 5 millions Fcfa qu’on verse à ses enfants. Il y a quelque chose qui ne va pas dans la répartition. Et vous croyez que c’est normal. Lorsque j’ai expliqué la situation à Mme Vieira elle m’a répondu ‘’c’est comme ça’’. Elle et moi, nous nous sommes engueulées. Je lui ai dit : «vous volez l’argent des artistes, Dieu va régler cela un jour ». Ma fille Belinda ne va pas laisser cela. Regardez seulement. Mme Vieira et moi, nous nous sommes engueulées. Maintenant, elle jette la responsabilité à Yves Kané en clamant que ce n’est pas elle.

Au Burida, on a toujours fait croire que c’est la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique : Ndlr) qui envoie beaucoup d’argent, ce qui est archi-faux ! Je suis membre du Conseil d’administration et membre de la cellule chargée des répartitions. Si le ridicule pouvait tuer ! L’apport de la Sacem (société française : Ndlr) n’atteint même pas 50 ou si vous voulez 100 millions de Francs Cfa. Et on veut faire croire que c’est cette structure qui dégage beaucoup d’argent. C’est du n’importe quoi. Je suis là et je les regarde. C’est tout ! Tout le monde sait et personne ne veut parler, ce n’est pas normal. On fait croire que c’est Gbi de Fer et moi qui sommes contre Mme Vieira.

Claude Dassé
L’Intelligent d’Abidjan

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