L’autel est la Table sacrée dans une église, c’est le lieu du sacrifice du Christ. Au niveau théologique, l’autel c’est le Christ lui-même, raison pour laquelle devant l’autel nous faisons la génuflexion. Et comme l’affirme la cinquième préface du temps pascal : « Quand il s’offre pour notre salut, le Christ est à lui seul l’autel, le prêtre et la victime ». Par conséquent, l’autel mérite respect et adoration.
Le Palais représente le pouvoir politique, le pouvoir de César, le lieu où siège les gouvernants du pays, là où se décide tout. Le palais symbolise le pouvoir temporel, matériel et passager. Le palais c’est aussi là où se trament tous les coups et toutes les orientations.
Dans les campagnes électorales en Afrique, le palais s’invite ou est invité à l’autel et cherche à s’imposer à l’autel. Quelle doit être l’attitude des gardiens de l’autel ? Que doivent faire les ministres ordonnés pour l’autel ?
Dans l’histoire du salut, le Dieu des chrétiens se présente comme un Dieu ouvert. Le Christ, Dieu et fils de Dieu était ouvert à tous ses contemporains et à tous les hommes. Son message est celui de l’ouverture, d’acceptation de l’autre malgré ses convictions. C’est pourquoi son message s’appelle : La Bonne Nouvelle. Et l’Église, servante et apôtre de cette Bonne Nouvelle, invite à l’ouverture des portes des églises. Mais que signifie cette ouverture ?
L’ouverture ne signifie pas un désordre, une anarchie pastorale et ecclésiale. L’ouverture ne signifie pas un relativisme. L’ouverture impose la discipline, la rigueur, la conviction, la fraternité, la vérité, l’amour et la fermeté. L’ouverture ce n’est pas absence d’autorité. L’autel qui est le cœur, le centre de nos célébrations eucharistiques ne doit pas être relativisé. A l’autel, on annonce une seule Personne : Le Christ Jésus. A l’autel on ne fait pas la propagande d’un parti politique, on n’annonce pas un leader politique, on ne parle pas d’un programme de gouvernement. L’autel n’est pas le lieu de diffusion d’une idéologie éthique, philosophique ou politique.
Le relativisme c’est lorsque nous permettons tout dans nos célébrations eucharistiques. Si nos assemblées de prière deviennent des lieux de meetings politiques, si nos messes deviennent des agoras et parlements de quartiers, nous désacralisons l’autel et nous tombons dans le relativisme.
Le relativisme est une idéologie moderne, une doctrine des mouvements ésotériques. Ils utilisent l’humanisme pour s’introduire dans nos assemblées en vue de relativiser notre Credo. Le vrai combat aujourd’hui c’est la lutte contre ce relativisme.
Sur le plan pastoral, on peut permettre à un candidat de rencontrer des fidèles en dehors des messes et des séances de prière parce que les catholiques sont des citoyens. Mais on ne peut pas permettre à un candidat de mener sa campagne lors d’une messe. Même le prêtre et l’évêque ne doivent pas transformer l’autel en une tribune politique.
C’est le politicien qui doit s’agenouiller devant l’autel et le servir. Ce n’est pas l’autel qui doit servir de marchepied et d’ascenseur aux politiciens pour obtenir le palais. Si les gardiens de l’autel deviennent des enfants de chœur des hommes politiques, des servants du palais, ils rendront compte à Dieu.
Si l’autel change de mission et devient une table de verbiages creux des politiciens en quête du palais, si nos églises deviennent des lieux de propagande d’un leader politique, un jour, le peuple affamé et révolté contre les politiciens renversera nos autels, saccagera nos presbytères et nos églises.
Prêtres, évêques, pasteurs et chrétiens ivoiriens, regardons avec méditation ce qu’est devenue l’Église en Europe après avoir pactisé à un moment donné avec le trône et le pouvoir politique.
Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Églises d’Afrique. (Mt 13, 9).
Père Marius Hervé Djadji N’guessan du diocèse de Yopougon.
Curé de paroisse. Docteur en théologie dogmatique.
Mail : nguessanmh.2006@gmail.com
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