Simone Gbagbo, le nouveau visage de la décrispation politique en Côte d’Ivoire (analyse)

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Manuella YAPI

Libérée à la faveur d’une amnistie annoncée la veille de la fête de l’indépendance (06 août) par le président ivoirien Alassane Ouattara, l’ex-première dame Simone Gbagbo, auparavant condamnée à 20 ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’Etat, apparait depuis, et ce quotidiennement, tout sourire auprès de personnalités de tous bords, montrant aux Ivoiriens des scènes de solidarité auxquelles ils n’ont pas souvent eu droit.

Kouadio Konan Bertin dit KKB, Jean-Louis Billon, Anacky Kobena, Gnamien Konan, Mamadou Koulibaly (ancien cadre du Front populaire ivoirien (FPI) et président de l’Assemblée nationale sous Laurent Gbagbo) et même Salimata Porquet (proche du parti au pouvoir)… ils se succèdent en nombre à la résidence de celle qui est devenue en quelques semaines la personnalité politique la plus visitée en Côte d’Ivoire.

« C’est un acte de solidarité que j’apprécie. Cela montre qu’elle est encore dans le cœur de certains Ivoiriens », a réagi l’un des Vice-présidents du Rassemblement des républicains (RDR, parti au pouvoir), Joel N’Guessan, demandant à l’ex-détenue de « garder le bon ton », lors d’une interview accordée le 23 août à ALERTE INFO.

Le chef de l’Etat, qui avait encouragé les 800 bénéficiaires de l’amnistie « à faire en sorte que le pays ne sombre » plus « dans la violence », semble avoir été entendu par l’épouse de Laurent Gbagbo qui multiplie les discours d’apaisement, à la stupéfaction de ceux qui prédisaient un remake de l’atmosphère politique tendue de 2010 entre le FPI et ses adversaires.

Les propos de Simone Gbagbo lors d’une cérémonie dans son village à Moossou (Bassam, 14 Km à l’Est d’Abidjan), appelant au « pardon et à la réconciliation », surtout ses remerciements à M. Ouattara, après avoir assuré qu’elle a « vécu sans maladie et sans tracasserie » pendant sa détention à Odienné (dans le Nord du pays), ont en effet surpris plus d’un.

Mme Gbagbo est apparue particulièrement émue jeudi par la présence du secrétaire exécutif du PDCI Maurice Kakou Guikahué et du président du Conseil régional du Goh (région natale de Laurent Gbagbo), Djédjé Bagnon, tous deux issus du plus vieux parti ivoirien, traditionnellement opposé au Fpi.

« Merci d’être venus Messieurs, vous m’avez grandement honorée », a lâché celle qui dit apparaître « comme un symbole » de « l’unité », insistant sur « la signification symbolique de ce rassemblement » de cadres aux opinions politiques différentes.

Seul bémol, la réconciliation encore attendue entre les deux camps du Fpi qui se font la guerre depuis quatre années maintenant.

La prise de position apparente de l’ex-première dame pour le camp d’Aboudrahamane Sangaré, qu’elle a vivement remercié le jour de sa libération parce qu’il « est à l’image du Fpi », laisse dubitatif quant au rôle qu’elle pourrait jouer dans le dénouement de cette crise interne.

Si l’autre protagoniste, le président du parti reconnu par les autorités ivoiriennes, Pascal Affi N’Guessan, n’a toujours pas été reçu par l’ex-première dame (de même que par son époux à La Haye), les échanges entre elle et certains cadres proches de M. N’Guessan laissent envisager l’éventualité d’une médiation.

Affi N’Guessan s’est dit pour sa part « prêt à toutes les concessions », estimant que « l’unité va s’imposer à tous », lors d’une cérémonie samedi à Abidjan.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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