Attienkaha, village de près d’un millier d’âmes, situé à 14 km de Katiola sur la route de Dabakala, a été saccagé et incendié le lundi 27 août, par des personnes armées de gourdins, de machettes, de marteaux, de produits inflammables, etc., venues de Katiola.
Après avoir saccagé plusieurs maisons, elles ont mis le feu à certaines d’entre-elles. Aussi elles ont volé plusieurs biens, notamment des animaux et de la nourriture. Laissant derrière elles, un village vidé pratiquement de sa population. Quelques courageux trouvés sur les cendres de leurs maisons, sont encore sous le choc. Ils ont du mal à expliquer cette violence.
Il est 15h30, lorsqu’en compagnie de certains confrères, nous « frappons » aux portes d’Attienkaha. Chemin faisant, nous croisons le commandant de Brigade de la gendarmerie nationale de Katiola. Il nous rassure que le calme est revenu et que nous pouvons nous rendre en toute sécurité sur le lieu du sinistre. A un kilomètre dudit village, de la fumée blanche est visible. Ce qui montre que le village a été attaqué.
A première vue, c’est un village vidé de sa population. Lorsque nous avançons avec notre véhicule, nous constatons la présence de quelques personnes. Nous les approchons pour en savoir un peu plus sur ce qui s’est passé. Mme Martine Coulibaly, vendeuse de beignets, nous donne sa version. «C’est aux environs de midi qu’ils sont arrivés avec toutes sortes d’armes blanches. Ils s’en sont pris à nos biens comme vous pouvez le constater», relate-t-elle entre deux sanglots. «Je ressens des douleurs aux pieds. Je ne pouvais pas fuir comme le reste de la population. Et c’est sous mes yeux qu’ils ont incendié notre maison», s’indigne-t-elle. «Où trouver l’argent pour la reconstruire ?», s’interroge-t-elle.
Pour sa part, Juliette Touré, venue de Grand-Lahou voir ses parents, dit avoir vécu l’enfer. Elle raconte que son frère, après avoir été passé à tabac par ses bourreaux, l’ont enlevé avec pour mot d’ordre de le tuer. «Ils l’ont piqué avec un couteau au niveau de sa gorge. Heureusement, qu’il y a eu l’intervention d’une tierce personne, sinon, ils allaient le tuer. Il est présentement à Katiola», raconte-t-elle le coeur meurtri.
Pour ramener le calme dans le village, un important détachement des éléments para-commandos venus de la 3è légion de la gendarmerie de Bouaké a été déployé. Mais au moment de notre passage, ils avaient regagné la brigade de gendarmerie de Katiola pour parer à toute éventualité.
Mais qu’est-ce qui a été l’élément déclencheur de cette barbarie ? A en croire Katia Touré, le pasteur de l’église Cma de Katiola, au lendemain de la fête de la Tabaski, le mercredi 22 août 2018, il y a eu un match à Katiola. Après la rencontre, explique-t-il, les joueurs venus de Kassémé ont été ramenés dans leur village par un véhicule. « Après les avoir déposés, à son retour, le véhicule est tombé en panne dans le village d’Attienkaha. Compte tenu de l’heure tardive, le patron du chauffeur lui a recommandé de dormir dans ledit village. Malheureusement, le chauffeur n’a plus fait signe de vie», dit-il.
Au lieu de laisser les autorités compétentes mener une enquête, après avoir perturbé la circulation au centre-ville de Katiola, une horde venue de Katiola a fait cette descente musclée qui a causé d’énormes dégâts matériels. En tout cas, lorsque nous quittions le village, hormis le jeune Touré Fouropi qui aurait été blessé, selon sa sœur, aucune perte en vie humaine n’a été signalée.
CHARLES KAZONY
CORRESPONDANT REGIONAL
Fratmat.info
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