Côte d’Ivoire: Simone Gbagbo sort de prison

L’ex-Première dame de Côte d’Ivoire Simone Gbagbo devrait être libérée de prison ce mercredi, après l’annonce d’une large amnistie par le président Alassane Ouattara, saluée par certains comme un geste fort en faveur de la réconciliation nationale à deux ans de la présidentielle, mais dénoncée par des ONG de défense des droits de l’Homme.

Simone Gbagbo, 69 ans, « sera remise en liberté demain, après que les formalités judiciaires aient été faites », a affirmé mardi l’avocat de l’ancienne Première dame, Me Rodrigue Dadjé. Elle a été « ravie d’apprendre la nouvelle de sa libération ». « Sa priorité actuelle est de retrouver sa famille et ses proches et de passer avec eux des moments d’intimité et de retrouvailles ».

L’amnistie annoncée par le président Ouattara en faveur de 800 « concitoyens poursuivis ou condamnés pour des infractions en lien avec la crise post-électorale » de 2010-2011 ou « des infractions contre la sûreté de l’Etat » commises par la suite, va dans le sens d’une réconciliation nationale longuement attendue par les Ivoiriens. L’opposition accusait le régime Ouattara de pratiquer une « justice des vainqueurs », en ne poursuivant que le camp Gbagbo.

Cette amnistie a été largement saluée par les partis politiques, mais dénoncée en revanche par d’importantes organisations de défense des droits de l’homme ivoiriennes et internationales, qui y voient « un geste de mépris vis-à-vis des victimes » des crimes commis pendant la crise, et un « dangereux message » d' »impunité » à l’approche de la présidentielle.

« Aucune amnistie ne devrait s’appliquer aux crimes de guerre, crimes contre l’humanité et autres graves violations des droits humains commis en Côte d’Ivoire pendant la crise », ont déclaré dans un communiqué commun la Ligue ivoirienne des droits de l’Homme, le Mouvement ivoirien des droits humains, Human Rights Watch, Amnesty international, la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme et six autres ONG ivoiriennes.

Epouse influente de Laurent Gbagbo, président de 2000 à 2010, la « Dame de fer » ivoirienne aura passé sept ans derrière les barreaux. Elle avait été arrêtée le 11 avril 2011 au côté de son mari, vaincu par les forces d’Alassane Ouattara et de la communauté internationale (francaises surtout), au terme de plusieurs mois de crise après l’élection présidentielle aux résultats contestés d’octobre 2010.

D’abord détenue sans jugement, elle avait été condamnée en 2015 à 20 ans de prison pour « atteinte à la sûreté de l’Etat ». En 2017, elle avait été acquittée à la surprise générale à son procès aux assises à Abidjan pour crimes contre l’humanité pendant la crise post-électorale. Mais ce jugement venait d’être cassé, le 26 juillet dernier, par la Cour suprême, qui avait demandé son renvoi devant une nouvelle cour d’assises.

Mme Gbagbo est également poursuivie par la Cour pénale internationale (CPI) qui a délivré contre elle un mandat d’arrêt en février 2012. Mais le président Ouattara a affirmé en 2016 qu’il « n’enverrait plus d’Ivoiriens » à la CPI, estimant que son pays avait désormais une « justice opérationnelle ».

Lebanco.net (source AFP)

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