Tout sur les facteurs bloquants d’un programme
Pour sa première sortie en tant que nouveau ministre de la Construction et de l’Urbanisme, Bruno Nabagné Koné a visité vendredi le site des logements sociaux à Songon Kassemblé, route de Dabou. Il a fait le tour des chantiers des différents promoteurs, vu les maisons réalisées, celles en cours et des terrains encore nus. Sur ces chantiers l’on a pu constater quelques travaux qui étaient du ressort de l’Etat dans ce vaste projet devant doter la Côte d’Ivoire d’au moins 150 mille logements en 2020. Si ces travaux sont effectifs sur certains chantiers, sur d’autres, ils stagnent encore ou n’ont même pas connu un début de réalisation. Ici, ce sont des morceaux de voies bitumées. Là des poteaux électriques plantés sans raccordement au réseau électrique. L’adduction d’eau tarde. Toute chose qui rend les différents sites inhabitables et les maisons achevées qui s’usent déjà avant d’avoir accueilli leurs occupants, en raison des intempéries.
Cet amer constat n’a pas laissé indifférent l’ancien porte-parole du gouvernement qui était accompagné de ses collaborateurs très serviables ce jour-là pour démontrer qu’ils sont encore bons pour le service, en ces temps d’incertitude.
« Ce programme des logements sociaux est une priorité pour l’état, une priorité pour l’ensemble du gouvernement, une priorité pour le premier ministre Amadou Gon. C’est un programme présidentiel. Nous avons tenu à venir ici pour marquer cette priorité-là, pour dire que nous nous engageons pour que ce qui a été promis soit réalisé. Comme vous savez, ce programme des logements sociaux, selon les promesses était fait pour produire 60 mille logements sur la période 2012-2016 et porté à 150 mille logements à la fin de 2020. Nous sommes très loin du compte à ce jour. Aujourd’hui dans un exercice de vérité, nous sommes venus toucher du doigt l’avancement de ce projet et nous nous rendons compte que nous sommes encore loin des promesses qui ont été faites. Nous n’avons pas le droit de trahir les promesses du chef de l’Etat. Nous n’avons pas le droit de faire mentir la parole présidentielle. Donc nous sommes venus toucher la situation réelle dans laquelle se trouve ce projet et faire en sorte que nous prenions toutes les dispositions dès notre retour. Les dispositions à prendre par le gouvernement, les dispositions à prendre par les autres acteurs de la chaîne pour que les promesses soient réalisées. Je voudrais ici présenter les excuses des acteurs gouvernementaux pour les retards observés et imputables au gouvernement. Tout n’est pas parfait, nous sommes ici pour le reconnaître et prendre des dispositions afin que la situation change. Nous saluons la patience des acquéreurs qui, malgré l’important retard qui a été pris, malgré le manque de visibilité continuent de croire en ce projet. Nous y croyons nous-même et nous allons vraiment tout faire pour que dans les prochains mois, certains puissent habiter ici », a déclaré Bruno Koné avec son style et son ton qu’on lui connaît.
Pour lui, les logements sociaux présentent au moins trois enjeux majeurs pour la Côte d’Ivoire. Il a fallu traiter dans un premier temps la question du foncier, une préoccupation essentielle, selon lui, pour conduire ce chantier gouvernemental. Pour Songon, ce sont au moins 469 hectares qui ont été mis à disposition et dont il faut prévoir la purge des droits coutumiers. Vient ensuite l’effort financier de l’Etat pour que ces logements répondent à leur caractère de ‘’logements sociaux’’. Vient enfin l’accessibilité de la classe sociale qui est prévue pour occuper ces logements. « Il faut qu’ils soient destinés à la classe sociale la plus basse. Notre pays a un Smig à 60 mille FCFA, le salaire moyen n’excède pas 300 mille FCFA. Il faut pouvoir mettre à la disposition de cette population-là un logement qui lui soit accessible », a-t-il martelé, relevant ainsi les facteurs limitants du projet depuis le début de son exécution.
Terminant ses échanges avec la presse, Bruno Koné a mis en garde contre toute spéculation des plus nantis au détriment des plus pauvres. Pour lui, ces maisons doivent être pour les moins riches et il a invité les promoteurs à être vigilants en contenant au mieux les appétits de ceux qui seraient tentés d’acheter plusieurs maisons aux prix actuels et les revendre plus chers par la suite. Il en a appelé au civisme des populations pour le respect de l’harmonie des quartiers. « Que le concept de ville nouvelle soit vraiment respecté ici » et que, poursuit le ministre, l’on ne déporte pas les mauvaises habitudes, les défauts et les tares acquis dans les quartiers anciens avec l’instauration d’un désordre architectural. « Que les terre-pleins soient des terre-pleins, que les aires de jeu soient des aires de jeu », a-t-il conseillé aux futurs habitants.
Sur ce site de Songon où l’on assiste au quotidien au mouvement de va-et-vient des bulldozers et autres engins de chantiers, plusieurs maisons sont sorties de terre mais les taux de réalisation restent encore en-deçà des espérances. Sur les chantiers attribués à différents promoteurs que le ministre a pu visiter, les coûts varient de 5 millions pour les maisons basses (2 à 3 pièces) à 12 millions de FCFA pour les appartements en hauteur.
SD à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
Eux(RDR) ont le droit de dire que : « Ça ne va pas « .. Pas les autres qui s’opposent a eux.