Les autorités administratives des départements de Man et Bangolo ont convié jeudi 2 août 2018 à Logoualé les populations de Bangolo et de Logoualé pour un règlement à l’amiable du conflit qui règne entre les deux localités depuis l’annonce de l’opération de délimitation des frontières entre la sous préfecture de Logoualé (région du Tonkpi) et les sous préfectures de Bangolo et Zéo (région du Guémon).
Les Wê et les Dan sont deux peuples situés dans la zone Ouest de la Côte d’Ivoire. Mais si ces communautés voisines ont toujours vécu en bonne intelligence, la crise militaro-politique de 2002 a quelque peu écorché cette cohabitation. Des invasions des migrants venus de la sous région et principalement du Burkina Faso, mais aussi des déplacés du V Baoulé anciennement boucle du cacao (centre) vers l’ouest du fait de la construction du barrage de Kossou, ont milité en faveur des bradages des terres encore cultivables dans cette partie du pays (ouest). Créant une crise du foncier toujours pendante. A cette crise du foncier connue de tous en Côte d’Ivoire, va s’ajouter la crise des frontières.
En effet, dans le cadre de sa politique de modernisation de l’administration territoriale, l’Etat ivoirien a décidé de procéder à la délimitation des localités non encore prises en compte dans le dernier découpage administratif du pays.
Le cas, Bangolo-Logoualé
Situées dans l’ouest ivoirien, Bangolo (région du Guémon) et Logoualé (Région du Tonkpi) se disputent cinq frontières. A savoir, la limite entre la ville de Bangolo et la ville de Logoualé (12 km) ; Entre la sous préfecture de Logoualé et les villages de Dah, Zéo, Gonié et Dounarou(département de Bangolo).
« Il y a quelques mois, 25 préfets et 80 sous préfets ont été convoqués à Abidjan dans le cadre de l’opération de délimitation des frontières qui séparent certaines localités du pays. Nous avons été interpellés individuellement. Mais nous ne pouvons pas tracer de nouvelles frontières sans consulter les populations que vous êtes. Après donc la réunion des différents comités fonciers de chaque localité, nous sommes là aujourd’hui pour trouver un compromis. Il faut vite trouver une solution car les bailleurs de fonds nous attendent pour le financement. Vous avez ici, les délégués du ministère de l’agriculture et les responsables du CETIF, le cabinet d’expert commis pour la délimitation des frontières » a introduit le préfet du département de Bangolo. A sa suite, tour à tour, les doyens d’âge des deux localités, Doh Joseph Blachard (Bangolo) et Gueu Gbê Alphonse ( Logoualé) ont pris la parole pour justifier ce qui apparait à leurs yeux comme les vraies limites entre Bangolo et Logoualé. Alors que la partie Logoualé situe cette limite à la lisière du mont Segaï (version guéré, qui signifie, le chef SE est tombé sinon mort), une montagne située à équidistant des deux villes sur le tronçon Bangolo-Logoualé, la partie Bangolo, la situe au niveau du fleuve « KO » à l’entrée de la ville de Logoualé.
Mais si pour l’Etat ivoirien, il est urgent que les deux peuples s’entendent pour faire avancer l’opération de délimitation des frontières villageoises, pour la partie Logoualé, le problème n’est nullement pas cette question qui d’ailleurs ne date pas de maintenant. « Ce que nous reprochons à nos frères Guéré, ce sont les exactions commises à l’encontre de nos populations Yacouba dans cette zone. Alors que nous n’avions jamais vécu cela, depuis la crise de 2000, impossible pour nos parents d’aller dans leurs campements sans être agressés » a fait savoir l’honorable Togba Norbert, député de Logoualé. « La délimitation n’est pas signe de dissociation, d’expropriation ou de reconquête. Nous avons fait l’historique de cette zone dont le rapport vous a été transmis » a renchéri, MaclanMamadou, porte parole de la population de Logoualé.
Ce qui a été décidé
Face à l’incapacité de trouver dans l’immédiat une solution, le préfet de Bangolo, président de la réunion a décidé de confier la suite de l’affaireaux cadres et élus des deux localités. « Vous avez 15 jours, messieurs les élus et cadres pour nous trouver la solution. Car de notre côté, nous devons rendre compte à nos hiérarchies à la fin de ce mois d’août » a tranché le préfet de Bangolo avant de conclure : « Quelque soit la limite qui sera arrêtée, vos champs resteront vos champs. Pour ce qui est des menaces et exactions, nous ne tolérons plus ce type d’intimidation dans la région ».
Enfin, interrogés à la fin de la réunion les maires Sah Evariste de Bangolo et Jeannette Badouelde Logoualé ont unanimement indexé l’Etat ivoirien. « Ramener ce problème aux élus là où les populations sont toujours braquées n’est pas la solution. Il appartient à l’Etat de prendre ses responsabilités et d’imposer à tous ce qu’il pense être bon pour les populations tout en préservant la cohésion sociale ». Dans notre prochaine publication nous reviendrons sur les dessous de ce litige qui rime avec les exploitations des mines et minerais de la zone.
Philippe Kouhon, envoyé spécial à Logoualé
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