Probable candidat à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire, Jean-Louis Billon, membre d’un des deux principaux partis de la coalition présidentielle, s’est rendu à la Haye pour rencontrer l’ex-chef de l’Etat Laurent Gbagbo, jugé pour des crimes contre l’humanité, a-t-on appris samedi auprès de leurs entourages.
M. Billon, ancien porte-parole adjoint du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), un des deux grands partis de la coalition au pouvoir, « a visité M. Gbagbo jeudi et vendredi ainsi que son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé », tous deux jugés par la Cour Pénale Internationale (CPI) pour des crimes contre l’humanité commis au cours de violences post-électorales qui avaient fait 3.000 morts en cinq mois.
C’est la première rencontre connue d’une personnalité importante et proche du pouvoir avec l’ancien chef de l’Etat depuis son transfert à la Haye en 2012.
Les relations entre le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI) d’Henri Konan Bédié et le Rassemblement des Républicains (RDR) du président Alassane Ouattara, qui dirigent le pays depuis 2011, sont tendues depuis plusieurs mois en raison du lancement par le président Ouattara de la formation d’un grand « parti unifié » dans lequel les deux formations sont censées se fondre.
La direction PDCI refuse de rejoindre ce parti unifié, le Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), qui n’était jusqu’à présent qu’une alliance électorale, formée depuis 2005 mais plusieurs de ses membres, dont des ministres, y sont favorables.
L’ancien président Gbagbo, aujourd’hui âgé de 73 ans, ainsi que Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à l’ex-dirigeant, sont jugés à la CPI pour quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Les deux hommes ont plaidé non coupable.
M. Billon a fait sensation en mars en demandant la mise en place d’une nouvelle commission électorale avant la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, à l’instar de l’opposition qui en a fait son cheval de bataille.
La Commission électorale indépendante (CEI) « répondait à l’époque à une réalité qui était celle de la crise ivoirienne, ce n’est plus la même aujourd’hui, il faut coller à la réalité du moment », avait-il expliqué.
« Une CEI crédible et légitime est nécessaire pour crédibiliser les élections en 2020. Il faut la faire évoluer, on ne peut arriver en 2020 avec la même commission qu’on avait en 2010 », avait-il martelé.
Pour lui, les « Ivoiriens ont été traumatisés par la crise post-électorale. On doit éviter tout ce qui peut nous conduire vers une autre crise. La crédibilité de la CEI contribue à éviter une autre crise ».
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