Le 6 juillet, la Conférence des évêques catholiques de Côte d’Ivoire (Cecci) a publié une déclaration dans laquelle elle a rappelé la position de l’Église sur l’avortement et la procréation médicalement assistée (PMA) en réaction au projet de loi sur la santé sexuelle et reproductive en cours d’étude au Parlement. Le père Landry Marius Danho, prêtre du diocèse de Yopougon et spécialiste en pastorale de la santé et en bioéthique, directeur de la pastorale de santé dans le diocèse de Yopougon, revient sur ce projet de loi.
La Croix Africa: Quelle est la position de l’Église catholique sur l’avortement et la procréation médicalement assistée (PMA) ?
L’avortement est conçu comme un homicide. L’Église promeut le respect de toute vie humaine, de sa conception à sa fin naturelle. La vie de l’enfant à naître n’est pas celle de sa mère ou celle de son père et personne n’a le droit de la lui prendre.
En ce qui concerne la procréation médicalement assistée, l’Église n’est pas contre les biotechnologies au niveau médical mais considère que l’intervention de l’homme doit connaître certaines limites. Elle défend, au niveau de la sexualité, deux aspects qui sont l’union et la procréation, c’est-à-dire, une union des corps et qui ouvre à la vie.
Dans la pratique de la procréation médicalement assistée, il y a une séparation des corps. On extrait des gamètes chez l’homme et chez la femme et l’union se fait dans une éprouvette avant que le fœtus soit transposé dans l’utérus de la femme.
Pour l’Église catholique, l’acte sexuel n’a donc comme seule finalité que d’avoir des enfants ?
Lors des préparations au mariage une question est posée : acceptez-vous d’avoir des enfants ? L’une des finalités du mariage est donc d’avoir des enfants et l’acte sexuel doit être ouvert à la vie. À l’inverse, la mentalité de la contraception, c’est de vouloir avoir une sexualité dans le sens du plaisir uniquement, avec le risque d’une « chosification » de l’être humain.
Il existe des méthodes naturelles de régulation des naissances et celles-ci sont fondées sur la volonté. L’être humain est le seul être vivant à pouvoir décider d’avoir ou pas un acte sexuel avec un/une partenaire. Dans l’encyclique Humanae Vitae, publiée en 1968, Paul VI assimile la parenté responsable aux méthodes naturelles de régulation des naissances, c’est-à-dire à la connaissance et au respect des fonctions et des lois biologiques, constitutives de la personne humaine.
Si cette loi est adoptée par le Parlement, les médecins et autres soignants catholiques seront-ils contraints de procéder à des avortements ou à des PMA ?
Certains pays reconnaissent l’« objection de conscience », c’est-à-dire la possibilité laissée aux citoyens – à certaines conditions – de refuser d’accomplir certains actes requis par une autorité lorsqu’ils sont jugés en contradiction avec leurs convictions intimes de nature religieuse, philosophique ou sentimentale.
Si le projet de loi sur la santé sexuelle et reproductive est adopté, il va falloir laisser les professionnels catholiques de la santé choisir librement de ne pas pratiquer d’avortement ou de PMA, comme cela se fait ailleurs. J’ai rencontré, en Occident, des personnes qui ont signé le protocole d’objecteur de conscience. Cela leur permet de refuser des pratiques contraires à leurs convictions.
Recueillis par Lucie Sarr
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