Burkina: Des putschistes ont reçu de l’argent d’un numéro enregistré en Côte-d’Ivoire (procureur)

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Voici un extrait des propos tenus par le Procureur Burkinabè au cours du procès en cours depuis quelques semaines contre Diendéré et ses complices à Ouagadougou:

« Le 18 septembre 2015, soit 48 heures après l’arrestation des autorités de la transition, le chef d’opération, le major Eloi Badiel, a reçu un transfert d’argent venant d’un numéro issu du réseau téléphonique ivoirien. La plupart des sous-officiers ayant pris part à l’opération ont reçu chacun la somme d’un 1 941 000 francs CFA. Les transferts ont été faits à travers des numéros d’un réseau de téléphonie mobile ivoirien par une personne du nom de Karidja Ouattara. Et chaque sous-officier avait en sa possession un numéro avec l’indicatif 225. Celui de la Côte d’Ivoire. »

L’ex-sergent-chef Roger Koussoubé, présumé messager du général Gilbert Dienderé, soutient à son tour que le major Eloi Badiel lui a également remis une carte SIM d’un réseau téléphonique ivoirien. Et que c’est à travers ce numéro qu’il devait communiquer durant la tentative de coup d’État.

Un militaire impliqué dans le putsch dit avoir agi sur « instruction indirecte » du général Diendéré au Burkina

VOA Afrique

L’adjudant-chef major Éloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch manqué de 2015 au Burkina Faso, dont le procès se poursuit à Ouagadougou, a dit lundi avoir agi sur instruction « indirecte » du général Diendéré.

Mis en cause par de nombreux soldats qui ont comparu avant lui, l’adjudant chef a estimé que « les gens se sont concertés pour tout mettre sur moi », reconnaissant cependant avoir « attribué les missions de chacune des équipes » lors des opérations.

Le général Gilbert Diendéré, ancien chef du Régiment de sécurité présidentiel (RSP), est le principal accusé du procès du coup d’État manqué qui a fait 14 morts et 270 blessés, avec le général Djibril Bassolé, ancien ministre des Affaires étrangères du régime Compaoré.

« Le 16 septembre 2015, vers 10h00, le sergent chef Koussoubé (Roger) m’a informé que le général (Diendéré) a instruit de procéder à l’arrestation des autorités de la transition », a-t-il déclaré à la barre, précisant qu’« il s’agissait d’arrêter le chef de l’État, son Premier ministre et deux autres membres du gouvernement », mais « pas d’un coup d’État ».

« Je lui ai demandé si c’était vraiment exact, et évoqué les conséquences d’un tel ordre. Nous sommes allés à deux en discuter avec l’adjudant Nion Jean Florent qui s’est proposé d’entrer en contact avec le général Diendéré pour préciser l’information », a expliqué le major Badiel.

« L’adjudant Nion s’est rendu au domicile du général, qui n’a pas donné une réponse contraire. Je n’ai pas eu de contact direct avec le général mais j’avais confiance en lui et en l’adjudant chef Nion qui a vérifié les instructions auprès de lui ».

« C’est ainsi que j’ai appelé quelques éléments, dont Rambo (adjudant Moussa Nebié), qui connaissaient les lieux et qui ont le sang froid, et c’est à partir de cet instant, vers 13h00, que tout a commencé. J’ai dirigé les opérations avec pour instruction +pas de coup de feu+ », a détaillé le sous-officier.

Il a affirmé n’avoir « pas eu d’échanges (directs) avec le général Diendéré ni lors des opérations, ni après ».

Le 16 septembre 2015, des soldats du RSP avaient tenté en vain de renverser le gouvernement de transition mis en place après la chute du président Blaise Compaoré. Le RSP était l’ancienne garde prétorienne de M. Compaoré, chassé en octobre 2014 par la rue après 27 ans au pouvoir.

Poursuivi pour « attentat à la sûreté de l’État, meurtres et coups et blessures volontaires« , l’adjudant chef major Badiel n’a reconnu que le premier chef d’inculpation.

« Mon client n’a fait qu’exécuter un ordre. Maintenant, il appartient à chacun d’apprécier cet ordre. C’est tout« , a estimé Me Bali Baziemo, avocat commis d’office auprès du major Badiel.

Pour le parquet qui conteste la « notion d’ordre » dans ce cas précis, l’adjudant chef major Badiel « aurait dû ne pas l’exécuter car si l’ordre a pour finalité de porter atteinte à la sûreté de l’État, on doit y désobéir ».

Interrogé sur le fait de n’avoir pas avisé d’autres supérieurs hiérarchique, dont son commandant d’unité, le prévenu, qui comptait 32 ans de service au sein du RSP, a expliqué qu’il y avait un « climat de méfiance, une rupture de confiance ».

Alors qu’il est le huitième accusé (sur 84) à comparaître, l’affluence du public au procès est toujours timide.

« Les choses ont trop piétiné depuis le début (du procès) avec de nombreux renvois. On pensait que les choses allaient aller vite. À présent, les gens sont lassés », a confié à l’AFP Dieudonné Dah, un étudiant en droit qui dit « faire un tour quand c’est l’interrogatoire d’un des cerveaux ».

Avec AFP

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