Insécurité, sommeil, pluies… En Côte-d’Ivoire rien n’arrêtent les marchés de l’aube à Abidjan (MAGAZINE)

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Ange TIEMOKO

Il est 05h00 (GMT et locale) ce samedi, et cela fait déjà 30 minutes que Mariam Coulibaly, la vingtaine, a posé par petits tas, à même le bitume, ses oignons et gousses d’ails sur les deux mètres carré qu’elle occupe ‘‘depuis 10 ans’’, au rond-point, en face de la brigade de gendarmerie d’Abobo, un quartier populaire au nord d’Abidjan.

Chaque matin, accompagnée de sa sœur cadette, Mariam quitte son domicile d’Agbékoi (sous-quartier à l’ouest d’Abobo) ‘‘à 04h00 pour venir (se) débrouiller sur cette place’’, dit-elle.

‘‘Non seulement, nous nous réveillons tôt pour venir vendre, mais nous sommes souvent obligées de laisser nos marchandises et courir, lorsque des microbes (bandes d’adolescents qui agressent à l’arme blanche à Abidjan) sont de passage’’, affirme Mariam Coulibaly.

Début mars, des femmes d’Agbékoi avaient troqué leurs marchandises contre des pancartes pour manifester sur ce même rond-point de la brigade de gendarmerie d’Abobo, pour exiger ‘‘plus de sécurité’’, après qu’une bagarre entre gangs rivaux de microbes les a contraintes à rester enfermées chez elles, toute une journée.

Commerçante de légumes au marché de l’aube de Yopougon-Siporex (ouest d’Abidjan) Natalie Ehouman qui réside à Attécoubé, s’est organisée depuis trois ans avec d’autres femmes de son quartier pour quitter ensemble leurs domiciles et rallier le marché ‘‘en toute sécurité’’. Une petite astuce qui leur ‘‘donne chaque jour la force de continuer’’ à ravitailler les marchés de l’aube, selon elles.

‘‘Avant de commencer (cette) petite activité, j’ai demandé la permission à mon mari qui a donné son accord. Chaque jour, je fais au moins deux mille FCFA de bénéfice. C’est avec ça que je l’aide dans les petites dépenses de la maison’’, confie la jeune dame.

Ouverts timidement chaque matin par quelques femmes, les marchés de l’aube d’Abidjan font le plein autour de 06h00, avec plus de 200 commerçantes qui sont sommées de déguerpir dès 08h00.

‘‘A partir de 08h, il y a des syndicats (sortes de maîtres des lieux) qui viennent nous encaisser 200 FCFA, (comme taxe journalière), avant de nous demander de partir’’, explique Natalie Ehouman.

A l’instar de tous les marchés, ‘‘on trouve un peu de tout’’ dans les marchés de l’aube ‘‘et surtout à moindre coût’’, estime Asso Alpha, un client venu de Riviera palmeraie avec sa mère pour faire ses achats au marché de l’aube d’Adjamé SITARAIL.

‘‘Avec ma maman, on vient chaque fois dans ce marché, et même à Abobo pour faire nos emplettes du mois. Ça coûte moins, on ne t’embrouille pas et tu gagnes énormément de temps’’, soutient-il.

‘‘Nous avons constaté que la plupart des clients n’aiment pas entrer dans les marchés, nous avons donc choisi de leur faciliter la tâche en nous installant sur les trottoirs et ronds-points’’, a indiqué Sylvie Onékékou, une célibataire cinquantenaire avec trois enfants, commerce de gros d’Attiéké depuis 2015 à Abobo.

Grelottant sous une fine pluie, Amie Dosso, 12 ans, flanquée d’un imperméable, range dans un sachet plastique les aubergines d’une cliente, au marché de l’aube de Gonzagueville, un quartier populaire au sud d’Abidjan. ‘‘Cela fait un an que je vends ici avec ma maman’’, lance l’adolescente.

A Gonzagueville, Amie vit avec sa mère et quatre autres frères et sœurs dans une maison qu’ils louent à 15.000 FCFA le mois.

‘‘C’est avec l’argent que nous gagnons’’ dans ce marché que ma mère assure ‘‘toutes nos dépenses’’ quotidiennes, dit-elle, espérant qu’un jour sa mère aura assez d’économies, pour lui permettre de retourner à l’école.

Alerte info/Connectionivoirienne.net

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