Catastrophes en Afrique : Nos «gouvernants» comprennent-ils vraiment la relation des choses ?

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La tare de nombreux “gouvernants” africains est qu’ils sont si profondément englués dans la corruption qu’ils en oublient la relation des choses ; qu’ils oublient que tout est lié, et que c’est aussi à eux-mêmes qu’ils font du tort lorsqu’ils croient ne gruger que ceux qu’ils gouvernent.

Ainsi, tel ministre de la construction, à charge de réguler le secteur de l’immobilier, afin de s’offrir la machine de ses rêves, délivre à coups de pots-de-vin des permis de construire délictueux ; de sorte que naissent sur les monts les plus frêles et dans les vallées les plus hostiles d’instables assemblages de béton et de fer qui disputent aux flots le droit de passage. Peu importe si l’eau n’a nulle part où aller ! Ce qui compte, c’est que le ministre s’est offert son bolide rutilant, qu’il viendra faire admirer sur les boulevards de la capitale.

Or voilà que son collègue, ministre des infrastructures, lui aussi ayant des visées sur une superbe machine, a fait main basse sur une bonne partie du budget à lui affecté pour la maintenance de la voirie, couvrant son forfait d’une avare couche de bitume sur la latérite, qu’une pluie malingre se fera vite d’arracher. Peu importe si les voies sont impraticables. Ce qui compte, c’est que notre ministre a son bolide rutilant, qu’il viendra faire admirer sur les routes de la capitale, seulement les routes qu’il fréquente ; car les autres, il y roule peu. Et si par mégarde, au cours d’une escapade dans les quartiers mal famés, il s’y cassait une jambe dans un nid de poule, viendraient promptement le secourir les pompiers de la capitale.

Or voilà que son collègue, le ministre de l’intérieur, lui aussi fasciné par le symbole de la réussite sociale, avait, pour se l’offrir, dans ses comptes privés viré une bonne partie de l’argent alloué à l’équipement des sapeurs-pompiers. Et nos ministres, dans leurs carrosses rutilants, les naseaux bien ouverts dans l’air, tirant les premiers le bon oxygène avant qu’il ne descende dans la vallée polluée des pauvres, paradent dans une émulation d’insolence, jusqu’à ce que tombe drue, une pluie impertinente, qui, elle, contrairement à ses sœurs de naguère, n’a guère compris la différence entre ceux qu’elle peut mouiller et ceux qu’elle doit tenir sec.

Et cette impudente pluie-là, écaillant l’avare bitume du premier larron, puis en tassant les paillettes comme dans un jeu de cartes, avant de creuser des volcans dans la latérite qu’il couvrait, c’est en les chargeant d’abord de toutes sortes de débris que notre déluge effronté les distribue, de façon indiscriminée, aussi bien aux indigents qu’aux fortunés.

Et dans ce volcan de giboulée se cuit une bouillabaisse de taxis-brousse, de motos, de bolides, de vélos, de poussepousses, de huttes de tôles rouillées, de grandioses châteaux, de larmes de gouvernés et de larmes de gouvernants.

Et quand arrivent nos valeureux sapeurs-pompiers, leurs efforts minés par la cupidité qui elle aussi git au fond du cratère de flots, n’aurait-il pas été mieux qu’ils eussent pu sauver riches et pauvres, qui ce jour-là dans la même galère se trouvent ? N’aurait-il pas été préférable que ces gouvernants eussent mis à bas leurs appétences égoïstes et pensé un tant soit peu aux gouvernés ?

La prochaine fois qu’ils se retrouveront dans ces pays qui les fascinent tant, où ils passent plus d’étés que dans leurs villages, plutôt que de courir les boutiques s’offrir les derniers costumes, espérons que nos « gouvernants » prendront le temps de s’instruire auprès de leurs collègues de là-bas des recettes qui font que dans les pires des catastrophes, les morts ne se comptent que sur les doigts d’une seule main, là-bas. Peut-être aussi apprendront-ils une chose ou deux sur la relation des choses.

Martial Frindéthié

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1 réflexion au sujet de « Catastrophes en Afrique : Nos «gouvernants» comprennent-ils vraiment la relation des choses ? »

  1. La contre partie de cette attaque frontale envers les gens qui nous dirigent, c’est qu’il soit possible que le zèle ou l’excès de zèle voient (enfin) le jour !!

    En effet, il n’est pas rare que l’on se fasse corrompre pour délivrer un permis de construire, mais la réalité est que ce permis, si délivré selon les normes, impose divers vérifications et s’obtient (ou pas) après un très long délais. Comme pour le guichet unique, on assisterait à un engorgement de demandes, qui serait amplifié par l’excès de zèle de fonctionnaires qui affirmeront vouloir faire leur boulot et rejetteront au besoin les demandes farfelues et hors norme !!

    Concernant les constructions d’état aux normes, elles sont excessivement couteuses si on veut aller dans la durée et le gouvernement devra choisir la qualité et non la quantité. Pour qu’un ouvrage résiste à la pluie, cela coute ce que ca coute.

    Quant aux sapeurs pompiers, on aura beau s’employer à les équiper, il seront toujours pas suffisamment nombreux pour pouvoir intervenir partout à temps, tout comme devant certaines situations, ils resteront impuissants !!

    Ce cri de cœur est donc parfaitement justifié, car mettre en lumière la corruption (et le détournement de fonds) qui prévaut dans notre système est louable.

    Par contre, on ne saurait utiliser un prétexte donné pour justifier tout type d’attaque, car il faut pouvoir établir le lien entre les véhicules achetés et les « sommes détournées » ou les « pots de vins » obtenus.

    C’est bien trop facile de faire une attaque globale et indexer des ministres ici et là.

    A mon avis, la prise de conscience commence avant tout au niveau de l’ivoirien moyen et standard. Changer des habitudes, ses perceptions, son éthique et ses valeurs morales.

    Car si un ministre est corrompu, c’est bien parce qu’il existe aussi des corrupteurs parmi nous les citoyens.

    Et comme dit en titre, Il faut connaitre vraiment la « relation entre les choses » !!

    Ce qui nous arrive est tout d’abord le résultat de nos propres décisions :
    Le choix de nos gouvernants : ne donne pas ta voix à la corruption.
    Nos choix personnels : celui de corrompre pour obtenir un service.
    Nos habitudes de vie : le fait de jeter par la fenêtre un pot de yaourt ou une bouteille d’eau en plastique… C’est déjà un délit si on imagine que tout ivoirien en fait de même !!

    Nous sommes au départ, mais nous sommes aussi à la fin du cycle !! Le gouvernement et les ministres ne sont que des maillons au milieu de la chaine, que nous nous choisissons librement !!

    Dabakala !!

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