Lu pour vous
Le journaliste Manféi Anderson Diédri a publié une excellente enquête sur une entreprise créée aux Bahamas par l’actuel maire du Plateau et ex-PCA de la Société ivoirienne de raffinage (SIR) Noël Akossi Bendjo. Une entreprise qu’il a dirigé pendant longtemps via des hommes de paille.
-Cette entreprise, il la crée en 1997, alors qu’il est nommé par Henri Konan Bédié directeur général de la SIR. Cette entreprise donc, Benath Company, a longtemps été l’actionnaire majoritaire d’une firme locale, Klenzi, qui distribue des produits pétroliers achetés auprès de la… SIR. Bendjo l’Ivoirien patron d’une entreprise publique vendait à Bendjo le Bahaméen patron d’une entreprise privée. Conflit d’intérêt évident.
– Au-delà de ce scandale peut-être banal, tant ces moeurs-là sont répandues, l’enquête de Manféi Anderson Diédri documente les liens anciens entre Akossi Bendjo et Claude Dauphin, le très riche patron de Trafigura, la firme de trading pétrolier qui a déversé des produits toxiques en Côte d’Ivoire en septembre 2006. Trafigura, dont une filiale a acquis une partie du patrimoine de l’Etat (les stations-services de Petroci) sous Alassane Ouattara, et dont les filiales « africaines » sont localisées aux Bahamas.
– En parlant justement des Bahamas, ce pays a connu une incroyable montée en puissance dans la liste des principaux pays important des biens en Côte d’Ivoire. J’écrivais ceci dans un post récent : « En 2010, la Côte d’Ivoire n’importe que des produits d’une valeur de 10,4 mille dollars des Bahamas. Des alcools forts et des agrumes. En 2012, pour 124 mille dollars, de la jute et autres fibres textiles. En 2013, c’est l’explosion : la Côte d’Ivoire importe pour 1,46 milliard de dollars à partir des Bahamas ». Enorme ! A peu près le même volume que la Chine. Or il s’agit de « special purpose ships », de bateaux remplis de cargaisons spéciales. Il est fort probable qu’il s’agisse de cargaisons de pétrole raffiné ou à raffiner. Alors que Noël Akossi Bendjo, investisseur étranger originaire des Bahamas, est revenu à la SIR, en tant que président du Conseil d’administration.
– Le plus important ici n’est pas d’accuser un homme (car cette affaire permet juste de se rendre compte d’un certain type de pratiques qui vont au-delà de sa personne), mais d’entrevoir des réseaux internationaux aux contours mafieux, un vaste système d’évasion fiscale voire de détournement de fonds, dans lequel les Bahamas servent de discrète blanchisserie.
– La question des paradis fiscaux en Côte d’Ivoire est énorme, bien plus cruciale que celle des voitures de luxe non dédouanées. L’évaporation financière dont on parle ici concerne des milliers de milliards de FCFA, c’est-à-dire des hôpitaux de pointe, des universités technologiques… qui n’existeront jamais.
– Et ce qui me choque est que cette affaire Bendjo, qui peut permettre d’entrouvrir une porte bien plus grande, ne buzze pas. Certains en font une lecture politicienne et locale, alors que l’enquête de Diédri se situe dans le cadre des « West Africa Leaks », eux-mêmes conséquence des « Paradise Papers », des « Bahamas Papers », des « Offshore Leaks » et de toutes ces fuites de documents qui ont commencé en 2012 grâce à des lanceurs d’alertes qui ne sauraient pas situer la Côte d’Ivoire sur une carte.
– Ce qui m’a tué est ce message que j’ai reçu en inbox : « Faut il jeter le nom de Benjo sur la place publique pour le casser politiquement ? Je suis Ebrié d’Abidjan.99% des Ivoiriens de souche et naturalisé ont fait leurs fortunes à partir du pillage des patrimoines du peuple Atchan . Houphouet , Bedié , Guéi et Gbagbo . Même le mossi Dramane
Plusieurs fois j’ai cherché à vous parler ou à vous rencontrer en vain .Mais pour convaincre des investigations d’un consortium de journalistes Africains concernant AKOSSI BENJO, là vous voilà ».
– Pauvre peuple africain qui erre dans le désert de l’ethnicité alors qu’il est pillé de l’intérieur et de l’extérieur par des gens qui ne se soucient pas de lui.
Tambou Tchagain
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