Le PDCI-RDA est devenu un bateau ivre. Partagé entre des courants opposés sur la question du RHDP, il est traversé par l’indiscipline.
Pourquoi Bédié (photo), dont l’autorité est entamée, ne prend-il pas le taureau par les cornes et se trouve dans de beaux draps !? Étancher votre soif ! Bonne lecture !
PDCI-RDA: L’autorité de Bédié bafouée
Le PDCI-RDA négocie un virage dangereux. Alassane Ouattara soutient qu’il ne doit rien et n’a rien promis à Henri Konan Bédié et au sein de sa formation, l’autorité du président de l’ex-parti unique est au creux de la vague et indiscipline et désordre s’installent. «En 1946
Au pays de Soundjata
Tous les Africains ardents et
Fiers se sont donné rendez-vous…»
Ce couplet a disparu du langage du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), section du Rassemblement démocratique africain (RDA). Or, c’est l’hymne du parti fondé le 9 avril 1946 qui n’est plus ou presque plus chanté; la sérénité ayant déserté les rangs du parti.
La passe d’armes entre «le micro» de Konan Bédié, président du PDCI-RDA, et son «haut-parleur», devenue monnaie courante, est la manifestation que la guerre qui était larvée au sein du parti, est désormais ouverte.
Maurice Kacou Guikahué, secrétaire exécutif en chef du parti, «le micro», et Kobenan Kouassi Adjoumani, porte-parole en chef du parti, «le haut-parleur», conduisent les deux tendances au PDCI-RDA qui chantent à hue et à dia à propos du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP, coalition politique au pouvoir). Et ils profitent de chaque tribune pour étaler leurs divergences et laver leur linge sale.
La pomme de discorde: la présidentielle d’octobre 2020. Les premiers, qui rêvent du retour du parti au pouvoir pour retrouver son lustre d’antan, sont pour la candidature d’un militant du parti. Avec ou sans l’adhésion des autres membres du RHDP. Les seconds, qui ne veulent pas lâcher la proie pour l’ombre, adoubent la proposition d’Alassane Ouattara des primaires au sein de la coalition pour désigner le candidat de la coalition à la présidentielle.
«Pour l’élection présidentielle, le RHDP reconnaît à chaque parti le droit de présenter son candidat au premier tour. Cependant, les partis du RHDP s’engagent à soutenir, au second tour, le candidat arrivé en tête des partis signataires de la plate-forme», prévoit le modus vivendi signé le 18 mai 2005 à Paris avec lequel les leaders de la coalition se torchent. A commencer par Bédié.
La pomme de discorde.
En effet, en 2015, il a tordu le coup à cette disposition qui a prospéré en 2010. Par son appel dit de Daoukro en date du 17 septembre 2014, il déchirait la résolution du XIIè Congrès ordinaire de son parti (octobre 2013) et s’engageait pour la candidature unique d’Alassane Ouattara, président sortant et candidat du RDR, au nom et pour le compte du RHDP.
Il a ouvert la boîte de Pandore et le PDCI-RDA est ainsi devenu une vaste cour du roi Pétaud. Son autorité est aujourd’hui battue et ouvertement en brèche et la discipline du parti a foutu le camp. Au moment où Bédié persiste et signe que le PDCI-RDA aura un candidat en octobre 2020 à la présidentielle, des membres des instances du parti, au premier rang desquels son «haut parleur», ne le suivent pas.
Au moment où le parti indique que chaque parti membre du RHDP aura son groupe parlementaire à l’Assemblée nationale, Félix Anoblé et des députés du PDCI-RDA lancent le Forum des houphouétistes pour en créer un au nom de la coalition politique.
Pis, les manifestations organisées pour rendre hommage à Bédié, le 18 mars 2018 à Yamoussoukro (capitale du pays) et le 5 mai à Koun-Fao (chef-lieu de département dans la région du Gontougo, au Nord-est), ont été boycottées par le président du Sénat, tous les ministres membres du Gouvernement, tous les directeurs généraux et présidents du conseil d’administration de sociétés publiques membres du PDCI-RDA.
Certains, dont le vice-président de la République, Daniel Kablan Duncan, ont poussé l’inconvenance jusqu’à s’afficher avec le chef de l’État au 4è Congrès extraordinaire du RDR tenu le même 5 mai à Abidjan.
Désordre et indiscipline prospèrent.
Mais, à l’instar de Laurent Gbagbo qui ne pouvait sanctionner aucun ministre de ses Gouvernements dits de réconciliation de crabes, de vers de terre et de serpents, Henri Konan Bédié est désarmé et fragile; il ne peut taper du poing sur la table de peur de provoquer d’autres fractures et défections. Le désordre et l’indiscipline prospèrent alors au PDCI-RDA.
De plus, Alassane Ouattara à qui il n’a cessé de dérouler le tapis rouge jusqu’à faire de lui Allah N’Guessan ou N’San, le 7 novembre 2010, devant plus de 2000 chefs coutumiers baoulé (chefs de village, de canton et de tribu) des trois grandes régions du Centre de la Côte d’Ivoire, à savoir la Vallée du Bandama (aujourd’hui Gbèkè), des Lacs (aujourd’hui District de Yamoussoukro et Bélier) et du N’Zi Comoé pour avoir les suffrages de cette importante communauté sociologique, le paie en monnaie de singe.
Félix Houphouët-Boigny doit donc bien se retourner dans sa tombe face à son héritage politique dilapidé. Le parti qu’il a laissé a perdu le pouvoir d’État, sous Bédié, le 24 décembre 1999; emporté par une crise politique, ce grand parti a été victime d’un schisme à l’issue du 2è Congrès extraordinaire du 30 avril 1994 avec la naissance du RDR en septembre 1994 et de l’UDPCI en février 2001.
Les mauvaises nouvelles ne s’arrêtent pas là. Bédié a perdu son «dernier combat politique», la présidentielle de 2010. Car au lieu de saisir, dans les délais, les Institutions pour contester les fraudes qui lui auraient coûté, d’après lui, 600 mille voix, le président du PDCI-RDA s’est contenté de dénonciations urbi et orbi.
«Alassane Ouattara n’est jamais arrivé deuxième (au premier tour de la présidentielle tenu le 31 octobre 2010), et n’était donc pas qualifié pour le second tour. C’est Bédié qui était deuxième. Bédié, c’est Ésaü: il a vendu son droit d’aînesse contre un plat de lentilles», accuse Laurent Gbagbo, dans son ouvrage «Pour la vérité et la justice», écrit en collaboration avec le journaliste français François Mattéi et paru le 26 juin 2014 aux Éditions du Moment.
Descente aux enfers.
Et depuis, c’est la descente aux enfers pour le PDCI-RDA. Ce parti créé il y a aujourd’hui 72 ans, qui a neutralisé ses rivaux (Bloc démocratique éburnéen, Parti progressiste de Côte d’Ivoire, Union des indépendants de Côte d’Ivoire…) sous la colonisation française pour devenir, en 1957, de facto parti unique jusqu’en 1990, n’est plus que l’ombre de lui-même.
C’est le retour du boomerang. A son tour, le PDCI est menacé de neutralisation. Le RDR, parti sorti de ses entrailles et qui a promis de le dissoudre, a le beau rôle. C’est le premier parti du pays: il a l’Exécutif, il est majoritaire à l’Assemblée nationale, dirige l’Union des villes et communes de Côte d’Ivoire (UVICOCI)…
Aussi, non content d’avoir refusé le nom du PDCI-RDA au parti unifié du RHDP, le RDR le fait chanter. A la croisée des chemins, le plus vieux parti de Côte d’Ivoire vacille entre sa mort clinique que visent Ouattara et les Adjoumani et sa mise sous respiration artificielle que veulent Bédié et les Guikahué.
Dans un cas comme dans un autre, le parti fondé par Félix Houphouët-Boigny perd de sa verve et encarté RHDP et donc pris aux entournures, il tourne le dos à cet autre couplet de son hymne:
«Au pays d’Houphouët-Boigny
Le PDCI vaincra
C’est le parti fondé pour servir
Le vaillant peuple ivoirien».
FERRO M. Bally
Connectionivoirienne.net est entièrement indépendant des grands courants de pensées politique et économique en Côte-d’Ivoire. Mr GBANSE vous dites que votre site est indépendant mais au constat je remarque que vos rédacteurs ne sont pas indépendants .et c’est dommage pour la crédibilité de votre journal numérique. aucun qui parle en « bien du PDCI ou du RDR » comme si ce site est juste là pour combattre ces deux partis .juste un constat d’un de vos visiteur.