Par Connectionivoirienne
Fête de la liberté du Fpi – Akoï Kacou à propos de son opportunité :
« Même en prison, Gbagbo ne nous a jamais demandé d’y renoncer. Bien au contraire… »
• ‘’En 2020, nous aurons un candidat Fpi’’
• ‘’Nous attendons au minimum 50 mille personnes’’
• ‘’Affi exclu ou pas, ce n’est pas le plus important’’
Le Front populaire ivoirien, du moins la tendance « Gbagbo ou rien » organise la 19e fête de la liberté ce weekend à Gagnoa, ville natale du président Gbagbo. A quelques heures de l’événement, le vice-président du parti, Akoï Kacou, ancien président du conseil général de Grand Bassam et coorganisateur, a bien voulu faire des éclairages. Interview
Après Akouré en 2017, vous allez à Gagnoa pour la 19e fête de la liberté. A quelques heures de l’événement est-ce que tout est prêt sur place ?
Nous sommes théoriquement fin prêts. Il ne reste qu’à appliquer toutes les décisions en matière d’organisation que nous avons prises. Donc nous allons pour mettre en place tout ce qu’il faut pour accueillir toutes les délégations qui vont arriver.
En termes de contenu, outre le traditionnel défilé, quelle sera l’innovation majeure cette année par rapport à ce que nous avons vu à Akouré ?
Il y aura une cérémonie d’ouverture le samedi 28 avril à partir de 14 h 30 avec la coupure du ruban suivie de la visite des stands. Il y aura un concours culinaire et cette première partie va s’achever vers 18 h avec deux matches de football. Une opposition entre les fédérations de l’Offpi en dames et une autre entre direction et la fédération de Gagnoa en hommes. Comme autre innovation, c’est que nous aurons des invités surprise au cours du défilé de dimanche et ils prendront la parole.
Des chiffres sont annoncés çà et là sur la mobilisation. On parle de 100 mille militants à accueillir. N’est-ce pas ambitieux quand à Akouré on dénombrait 4 à 5 mille participants ?
En matière d’organisation, il faut avoir des ambitions ! En tout cas le mécanisme que nous avons mis en place nous laisse croire que nous allons avoir au minimum 50 mille personnes. Et c’est en fonction de ces chiffres que nous avons travaillé sur le site. Je peux vous rassurer que nous pouvons atteindre au minimum 50 mille personnes.
Pour de nombreux observateurs, depuis la fin de la crise postélectorale avec l’emprisonnement du président Gbagbo, le Fpi qui lui est resté fidèle ne tourne que dans la partie sud du pays. Alépé, Bonoua, Adzopé, Akouré, Gagnoa… Est-ce à dire que le nord du pays où vous êtes presque invisibles ne compte plus dans votre stratégie de remobilisation des militants ?
Ah non ! Pas du tout ! Le Fpi est représenté sur l’ensemble du territoire et vous verrez des délégations qui viendront du nord pour le défilé. Nous n’avons pas abandonné le nord. Nous sommes en train de nous organiser pour que les fédérations soient plus actives au nord et partout ailleurs.
On vous a rarement vu au nord lors de vos tournées en ce qui concerne la direction du parti…
Oui mais les tournées ont commencé timidement à Abidjan. Nous sommes allés dans la ceinture d’Abidjan et nous couvrons d’autres localités. Après cela, les années à venir nous allons nous tourner vers le nord. Donc nous n’avons pas abandonné le nord parce que nous y avons des militants très actifs.
Que signifie aujourd’hui une fête de la liberté dans un contexte où Laurent Gbagbo, des centaines de ses partisans sont privés de liberté et des acquis démocratiques piétinés ? C’est là un pan des critiques qui s’élèvent au sein même de vos militants !
Je pense que nos amis qui tiennent ces critiques ne lisent pas suffisamment nos textes. C’est une fête institutionnelle au niveau de nos textes. C’est pour cela que nous la célébrons. Mais au-delà de cet aspect, la fête de la liberté a pour origine le retour du multipartisme en Côte d’Ivoire. Avec ce retour, le parti a décidé de célébrer chaque année, cet événement majeur dans la vie de la nation. Nous savons que la liberté ou bien les libertés ne sont pas totales. C’est une quête permanente. Jusqu’à la mort, il faut la rechercher. Ce n’est pas parce que le président Gbagbo est à La Haye que nous n’allons pas célébrer cet aspect statutaire. Mais je dis aussi que tous ceux qui disent ne pas voir l’opportunité de faire cette fête sont ceux qui n’ont pas encore rencontré le président Gbagbo. Laurent Gbagbo que nous avons rencontré à plusieurs reprises ne nous a jamais demandé de mettre fin à la fête de la liberté. Au contraire, la fête de la liberté est une période de remobilisation, de remise en confiance de nos militants. Dire qu’il ne faut pas célébrer cette fête me parait un peu rétrograde. Il faut au contraire remobiliser les militants, leur dire de reprendre courage pour aller de l’avant.
Mais quel sens donnez-vous au terme remobilisation ? Est-ce le fait de regrouper simplement vos militants sur un lieu pour festoyer, s’amuser, faire de longs discours et se séparer ?
Non ! Ce que nous faisons, ce sont des actions programmées par la direction du parti. C’est une fête statutaire et donc programmée. Donc le faisant, nous exécutons un programme du parti. N’oubliez pas qu’en 2020 nous devons aller à des élections. Ce n’est pas en restant à la maison que nous allons gagner ces élections ! Il faut se retrouver, il faut être présent sur le terrain et la fête de la liberté répond à ces objectifs.
Etes-vous vraiment prêts pour aller à l’élection de 2020 ? Personne de façon objective ne perçoit votre stratégie pour y aller !
Mais vous n’avez pas à percevoir notre stratégie ! La stratégie ne se décline pas. On l’exécute. Donc nous exécutons tranquillement notre programme d’action. Peut-être que ce n’est pas encore à la convenance de certains mais nous sommes confiants et nous sommes conscients qu’en 2020 nous irons à la reconquête du pouvoir.
L’on veut savoir si le Fpi aura un candidat militant du parti ou bien un candidat dans le cadre d’une grande alliance…
Oui mais c’est prématuré de le dire. Mais je puis dire que quelqu’un qui veut aller aux élections présidentielles, c’est sûr qu’il aura un candidat. Donc nous aurons des candidats à la candidature et parmi eux, nous choisirons notre candidat !
Un candidat Fpi ou Eds ?
Mais nous sommes le Fpi donc nous aurons un candidat Fpi.
Au moment où vous préparez cette fête la Cpi vient de refuser pour la 13e fois la liberté provisoire à Laurent Gbagbo, ses avocats craignent même pour sa vie tout en dénonçant une prise d’otage de la part de la Cpi. Quels commentaires cela appelle de votre part ?
Pour le moment, c’est la libération totale du président Gbagbo qui est notre priorité. Notre démarche n’est pas qu’il ait une libération provisoire. Notre ambition est qu’il sorte de là pour que nous puissions faire la réconciliation. C’est cela notre vœu. Maintenant si en chemin, il obtient une liberté provisoire, ce serait aussi intéressant et nous prenons. Mais nous voulons sa libération totale, c’est pour cela que nous souhaitons qu’au niveau de la Cpi, la procédure soit un peu plus accélérée pour que nous en finissions une fois pour toute. C’est cela notre démarche.
Dans votre approche de la communication sur le procès vous dites aux militants que le président Gbagbo va revenir avant 2020 alors que vous ne maîtrisez pas encore tous les contours du procès, certains de ses aspects ne dépendent même pas de vous. Est-ce que cette façon de faire ne vous condamne pas à l’attentisme et à la démobilisation ? Il y en a même qui disent, ne faisons rien, attendons Gbagbo !
Mais on ne peut pas aller jouer un match et dire qu’on ne va pas gagner. On sait que le président Gbagbo va sortir. Nous avons souvent été avec lui. Il est confiant et nous-mêmes, sommes confiants qu’il va sortir pourvu que la justice joue vraiment son rôle. Sur le plan juridique, d’après toutes les informations que nous avons, rien ne doit le maintenir en détention plus longtemps. Il faut que le procès soit un peu accéléré. Ainsi, avant 2020 nous avons foi que le président Gbagbo va sortir. Il viendra et nous irons aux élections.
Alors quand vous dites que le Fpi va avoir un candidat, c’est surement le président Gbagbo ?
Ce n’est pas exclu mais je ne dis pas que c’est forcément lui ! Nous avons beaucoup de militants qui peuvent être candidat. Mais s’il est là et que les possibilités s’offrent, il n’y a pas de raison qu’il ne le soit pas !
Monsieur le vice-président, il est aussi répandu dans l’opinion que le Fpi célèbre deux fêtes de la liberté. On sait que le parti est miné par une profonde crise interne. Avez-vous un commentaire particulier sur ces deux fêtes qui utilisent le nom et le logo du Fpi ?
Je crois qu’on voit les choses différemment. Qu’il y ait trois célébrations ou quatre célébrations, ce n’est pas cela le plus important. Le plus important, c’est qu’à la fin de ces célébrations, on fasse le bilan et qu’on se demande combien de personnes le Fpi a mobilisé ? Ce n’est donc pas le nombre de fêtes mais la mobilisation générale. Bien au contraire, je pense que c’est une émulation. Que chacun se lève pour célébrer la fête, que 4 personnes le fassent ici et là, tout cela concourt au dynamisme de notre parti. A la fin, il faudra qu’on sache combien le Fpi a mobilisé. On souhaite que ce soit toute la Côte d’Ivoire. Moi ça ne me gêne pas et on n’a pas du tout la même analyse des choses.
Donc pour vous une fête à Gagnoa, une fête à Abidjan, c’est une revue de troupes et vous comptez tous ceux-là au nombre des militants du Fpi ?
Mais bien sûr que ce sont des militants du Fpi. C’est la fête de la liberté du Fpi et ce sont des militants du Fpi qui y viendront. Ce ne sont pas des étrangers. Si y en a qui font la fête à Gagnoa et qu’un groupe décide de faire la fête à Abidjan, je n’y vois aucun problème. A la fin, ce sont des militants qui auront fait cette fête. Alors au bout du compte, on comptabilisera et on verra ce que ça peut nous apporter.
Pour certains, l’unité du Fpi donnerait du crédit au parti qui veut reconquérir le pouvoir. Est-ce que finalement, l’unité du Fpi n’est pas une nécessité parce qu’à l’analyse de vos propos, on sent une certaine gêne chez vous ?
Je vous dis que nous n’avons pas la même façon de voir les choses. Moi je ne vois pas ce qui se passe comme une division. L’avenir nous dira quels sont les avantages que nous pouvons tirer de là. On peut aussi se poser la question de savoir s’il n’y a pas d’avantage à tirer de cette situation. A nous de réfléchir et de voir comment transformer cette situation en atout pour le parti. C’est très important. Pour moi, tout cela relève du passé. Qui a raison ou qui n’a pas raison là n’est pas le problème pour moi. Ce qui m’importe c’est combien chacun aura mobilisé pour le parti et pour les élections à venir. C’est cela qu’il faut regarder.
Vous, vous ne raisonnez pas en termes de ‘’Affi est exclu du Fpi’’ et on ne le reconnait pas ? C’est cela ?
Moi, j’ai dépassé cela. Qu’il ait été exclu ou non, j’ai dépassé cela ! Je raisonne en termes de militants à mobiliser pour le parti.
Après la perte du pouvoir, il aurait fallu s’asseoir pour tirer les choses au clair et se relancer. Le devoir d’inventaire au Fpi c’est pour quand ?
On n’est pas pressé ! Ça viendra. Pourquoi les gens se préoccupent du Fpi je ne sais pas !
Parce que vous avez été au pouvoir et vous avez incarné l’espoir pour bien de personnes…
Je suis d’accord. Mais avec le temps ce devoir d’inventaire viendra. Vous le saurez. Rien ne se fait au hasard. Quand quelque chose se passe, il faut chercher l’aspect positif. C’est peut-être qu’on n’a pas encore trouvé l’aspect positif que nous en sommes là. Mais quand on va trouver cet aspect positif vous comprendrez pourquoi nous disons que le président Gbagbo va sortir et qu’on gagnera les élections en 2020.
S. Debailly à Abidjan
sdebailly@yahoo.fr
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